« Allo, c’est quoi qu’on graille ce soir ?
- Allo, oui, c’est riz-thon !
- Oh, pardon, je me suis trompé de numéro… »
Et pourtant ce sera bien thon blanc-riz jaune, avec en plus
une salsa verde.
D’ailleurs je ne changerai pas le menu, j’ai déjà taillé en cubes des courgettes du jardin, trois variétés différentes : Costata romanesco, Black beauty, Blanche de Sicile,
Le rendez-vous des trois courgettes |
Je n’en prélève cependant que la moitié, le reste sera simplement cuit à part dans un peu d’huile d’olive avec deux gousses d’ail et des herbes aromatiques. Je réserverai le résultat qui, le lendemain, fournira - parfumé au dernier moment de basilic - un agréable accompagnement pour les onglets cuits sur le gril. Un bon repas rapide en perspective…
Mais pour l’instant je fais revenir deux ou trois minutes ma moitié du jour au fond d’une casserole dans de l’huile d’olive et verse un
petit verre de riz long traditionnel pour le faire nacrer. Le riz est devenu
translucide, j’ajoute une bonne pincée de gingembre en poudre et une cuillerée
de curry de madras. J’inonde d’un peu moins de deux verres d’eau frémissante -
il me faut tenir compte de l’eau de végétation que rendront les légumes. Je complète
d’une tomate offerte généreusement par un voisin de jardin plus chanceux dans
ses récoltes (tu parles, à coups de déferlantes de bouillie bordelaise...)
taillée en huit et de trois gousses d’ail partagées en deux. Un brin de romarin
que je retirerai en fin de cuisson rejoint tout ce petit monde. Je n’oublie pas
d’assaisonner d’une pincée de gros sel, je couvre d’un disque de papier
siliconé percé en son centre, mets le couvercle, et enfourne pour dix-huit
minutes à 160 °C.
Je parsème les deux faces de ma darne de thon blanc du Pays Basque avec de la fleur
de sel.
Les dix-huit minutes sont écoulées, je retire ma casserole
du feu et la réserve couverte, le temps de snacker le thon. Je barbouille ce dernier au
pinceau d’une fine couche d’huile d’olive, j'effectue un bref aller-retour sur une poêle
antiadhésive bien chaude utilisée en guise de plancha.
Cette brève opération terminée, je passe au dressage. Je commence
par débarrasser la tranche de thon de ses arêtes et de sa peau, pare les quatre
morceaux obtenus en enlevant les parties sombres peu appétissantes (ce qui ne m’empêche
pas de me les goinfrer en guise de hors-d’œuvre en catimini…) et les répartis
entre les deux assiettes. Je me contente sur eux d’un petit tour de moulin de
poivre rouge symbolique, juste pour marquer mon territoire.
Je décoiffe le riz aux courgettes, il est tendre et se détache convenablement, tout va bien.
Avec ses légumes, un curry de campagne |
Pour une fois je vais me livrer au dressage avec un cercle, histoire de changer, car je n’aime guère ce géométrisme de la facilité. Ouais, facilité, mais que dans l’intention… Car parfois le château s’écroule. Mais ici ce ne sera pas le cas. Allez, vaillante tour, protège ton thon !
Ce n’est pas terminé. Je vais faire danser mon plat. Avec
une salsa diabolique. Mais non, pas la Salsa du Démon, mais une Salsa Verde
dont j’avais entamé le bocal il y a quelques jours. C’est précisément sa
vigueur parfumée qui m’avait donné l’envie de la vouer à une grillade marine.
Et fort heureusement un thon passait par là…
« C’est quoi qui-y-a, dans cette Salsa ? »
Je laisse le vendeur répondre :
Cette salsa issue d’une recette traditionnelle mexicaine se
compose de tomatillos, de petites tomates vertes typiques du Mexique. Le tout
pimenté et relevé à la coriandre fraîche.
« Allo, qu’est que c’est-y qu’on mange ce soir ?
- C’était riz-thon et sa salsa, et le spectacle est terminé.
Salsa chez Riz-thon |
- Je préfère l’Orchestre du Splendid ! »
Et l’on a raccroché. Pas étonnant, non ?
-