Je l’avais embauché pour un autre job.
Il devait jouer le rôle du saucisson brioché, plein de suffisance avec un bling bling de pistaches et de morilles sous sa cape dorée.
Mais voilà, il fait bien chaud pour s’emmitoufler ainsi, et l’on n’aurait pas manqué de m’interpeller : « Mais que fait la pelisse ? »
Aussi c’est tout nu que je le fais plonger dans la piscine où il s’ébattra en solitaire durant un quart d’heure avant d’être rejoint par d’élancées cornes de gatte que je lui présente comme des compatriotes - quenelles de Lyon - bien qu’elles viennent de mon jardin. Pieux mensonge que l’on voudra bien me pardonner.
Piscine chauffée |
D’autant plus que j’ai mené une enquête afin de savoir quelle offrande pourrait lui faire plaisir. Aussi, pendant que la séance de jacuzzi frémissant se poursuit pour vingt-cinq minutes supplémentaires, je verse dans des petits verres une onctueuse cancoillotte au vin jaune. Le conseil provient du père de l’intéressé, il devrait être judicieux.
Tout le monde est sorti du bain.
« Mais quelle est cette pluie qui nous chatouille ?
- Ce sont des lambeaux de persil et d’estragon, pour mieux vous manger, eh patates !
- Mais quelle est cette pluie qui me fait éternuer ?
- C’est du poivre rouge de Kampot, pour mieux te manger, mon cochon !
- Doux Jésus, c’est un guet-apens… »
Normalement, dans le scénario, les Lyonnais devaient être sauvés par le gong. Gnafron arrivait, sans se presser, tapait vigoureusement sur le disque d’airain. C’était le signal. Le gendarme surgissait, me rossait de coups de bâton (de Berger) puis Quenelles et Cervelas regagnaient la capitale des Gaules en gambadant et fredonnant « Chantons les grattons ».
Mais finalement, un noble Saucisson dur à cuire devant son salut à un vulgaire Bâton de Berger, non ce n’était pas possible !
Mon premier rôle a bien voulu en convenir sur le plateau. Il a bien mérité sa cancoillotte !
Le sacrifice d'une star |
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