Le mois d’août est une période où l’un peut observer une impressionnante migration des andouilles vers les rivages marins pour s’y faire dorer côté pile et côté face, avachies non loin des embruns iodés.
Cette constatation m’autorise à affirmer que ma revisite de l’huître à la façon bordelaise où j’ai remplacé la crépinette par l’andouille peut s’affubler sans conteste du titre de recette de saison emblématique.
Encore que… Mon andouille qui vient s’étendre tout près des huîtres de l’île d’Oléron aux émoustillantes senteurs océanes ne ressemble en rien à de tristounettes habituées de supermarché venues dénuder leur chair blafarde sous le soleil aoûtien. C’est une brave petite bretonne née dans la bonne bourgade de Guémené, une fille de Monsieur Rivalan - campagnarde de l’Argoat à qui je ne dénierai pas le droit de devenir pour un instant une Avoriad.
Entre sœurs... |
C’est même moi qui l’invite à se faire dorer, non pas sous les rayons d’un soleil de plomb, mais sur le fond brûlant d’une poêle, et à sec, non ma belle, tu n’auras pas droit à ton beurre salé, tu es assez grassouillette comme ça…
Puis j’apporte le plat où s’entassent les spéciales de claire n°2 dont l’ouverture m’a donné du fil à retordre - on a beau être triploïde, on n’en est pas moins bien musclée…
Pourquoi les appelle-t-on spéciales ? |
Je dépose non loin de mon échafaudage ostréophagique le refuge des tranches de l’andouille qui s’est mise en quatorze pour moi.
Une belle andouille |
Il nous faut maintenant passer à l’acte sacrificiel, les narines frémissant au gré des courants aériens supratabulaires entre fragrances océanes et fumets charcutiers. Les papilles elles aussi basculent entre mer et terre, mais au moins ont-elles le choix dans cette alternance. Et, ne l’oublions pas, intervient aussi un troisième larron, un muscadet sur lie, qui s’impose en tant que médiateur veillant à une heureuse union.
Il paraît que le mariage dont je fus l'entremetteur était une réussite. « Meilleur qu’avec des crépinettes ou des saucisses ». Et c’est vrai que la petite touche fumée fonctionne bien, que le passage de la texture de l’huître à l’enrubanné soyeux de l’andouille est plus agréable que l’échouage dans le granuleux de la chair hachée.
Conclusion : VIVE L’ANDOUILLE EN BORD DE MER !
Sauf en maillot de bain, bien sûr...
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