dimanche 19 avril 2020

Pal toqué ?

Ils vivent mieux que moi, ces poulets.



Chacun dispose de plus de 65 m2. Alors que le vieux coq que je suis (mais pas si complétement déplumé…) et celle que je n’oserai pas appeler ma poule doivent se résoudre à gambader sur moins de 130 m2. Bon, question nourriture, je ne me plains pas, même si notre espace ne nous offre point cette nourriture exclusivement naturelle composée d’herbes et d’insectes que les volailles chassent (sauterelles, papillons, vers de terre, etc.) décrite par le bucolique éleveur.
Quoi que… Je me situe simplement à l’étage au-dessus dans la chaîne alimentaire…
Le voici, ce poulet arrivé tout droit de sa ferme. Il ressemble bien à sa pièce d’identité quand je l’extirpe de son sachet sous vide.



Il pèse un peu plus de deux kilos, c’est une belle bête. Il en a fallu des vermisseaux pour arriver à ce stade ! Mais les grains de maïs ont dû bien les aider…

Cependant avant de l’empaler suivant mon sinistre rituel, il me faut d’abord couper la tête proprement. Je commence par décapiter au plus court, puis je fends la peau sous le cou dans la longueur afin de pouvoir la détacher de la chair : elle me servira à recouvrir l’orifice laissé à nu après la section du cou à sa base.
Voilà, c’est fait. J’emplis le coffre du poulet, tapissé de quelques grains de gros sel, avec quelques quignons de pain sec frottés à l’ail, parsemés de pincées de ras el hanout puis mis à tremper dans un verre de sauvignon - en alternant avec des noix de beurre, une échalote tranchée en quatre, des branches de thym et de romarin, une feuille de laurier. J’assaisonne l’imposante bête sur toutes ses faces.
J’avais précuit dans l'eau salée des pommes de terre de la variété Ditta une dizaine de minutes. Je les place dans le creux du socle de mon plat en fonte pour cuisson verticale en compagnie d’une petite feuille de laurier, répartis quelques noisettes de beurre demi-sel, arrose de trois verres d’eau. J’y ajoute le cou qui viendra rehausser les saveurs.
Je place le poulet dressé sur son pal, jette un dernier coup d’œil - n’ai-je rien oublié ? Ah, si, j’ajoute une gousse d’ail au champ de tubercules.
Ouf, la grosse bête passe bien sous le plafond du four.
Four que j’allume en réglant le thermostat à 180 °C. Le plat restera un peu plus de deux heures dans cet espace, notre habitué des vastes prairies doit s’y trouver à l’étroit…
J’arrose régulièrement le poulet avec le liquide où baignent les pommes de terre. Au bout d’une heure, ne craignant plus que l’acidité entrave la cuisson de ces dernières, je verse doucement le vin de trempage des quignons de pain sur le poulet dont il dégouline pour compenser l’évaporation.
Le moment est venu de sortir animal et légumes du four.
Le poulet apparaît vêtu d’une peau craquante et dorée.

poulet fermier, cuisson verticale
J'ai pris le pal de haut


Si, si, il a bien des cuisses...

poulet rôti, poulet fermier
Poulette, tu as les bas qui plissent !


Les pommes de terre, dont la chair moelleuse et fondante est enfermée dans une coque croustillante, baignent dans un jus parfumé.
Finalement je décide de découper le poulet pour le présenter sur un plat, mais de conserver pommes de terre et jus dans la fonte de cuisson, où nous viendrons puiser la garniture et la sauce accompagnant le morceau que notre envie nous a fait choisir pour le poser sur notre assiette.

pommes de terre rôties, jus de poulet
Plat de cuisson déguisé en plat de service


Et c’est bien bon.
Il faudra longtemps avant que mon pal lasse, même si ce n’est pas un pal toqué…


vendredi 17 avril 2020

MENU : aux landaises l’hollandaise, gigot jus, belles beluga



MENU DE PÂQUES


AUX LANDAISES L’HOLLANDAISE


En entrée, asperges blanches des sables arrivées tout droit des Landes. Elles furent servies accompagnées d’une sauce hollandaise réalisée à la paresseuse, c’est-à-dire dans le bol de mon Mycook pro 1.8.

asperges blanches des sables, Landes
Prêtes à attaquer la hollandaise...


Je ne m’étendrai pas davantage sur cette procédure, car ma cuisine bégaye…


J’ai décrit déjà cette recette d’asperges sous le titre Hollandaise aux landaises, intitulé qui, un an plus tard, me semble pousser un peu trop loin en avant une sauce qui est surtout destinée à mettre en valeur le produit principal , qui est quand même l’asperge. …
Il en est d’ailleurs curieusement de même pour l’illustration photographique, qui plaçait alors en premier plan la saucière.
N'oublions pas que c'est l'asperge qui est aux manœuvres !

asperges, sauce hollandaise
Là là Landes



GIGOT JUS


Le gigot, petite pièce de 900 g environ prélevée sur un agneau de lait élevé sous la mère des Pyrénées, est arrivé dans le même colis. Je l’ai extrait du sac sous-vide deux heures avant la cuisson afin qu’il s’aère et se mette à la température ambiante.

agneau de lait, gigot
Gigot d'agneau de lait Label Rouge


Puis j’ai séparé l’os replié qui ne tenait plus que par quelques tendons pour le poser à sec sur le plat de cuisson avec à ses côtés oignons paille et échalotes grossièrement découpées ainsi qu’une carotte tranchée en tronçons épais. Malheureusement je n’avais pas de céleri sous la main.
J’ai enfourné à 210 °C et laissé une quinzaine de minutes jusqu’à une caramélisation poussée. J’ai alors arrosé de quatre verres d’eau, remis le plat dans le four après avoir ajouté trois gousses d’ail qui, introduites trop tôt, auraient brûlé et seraient devenues amères.

gigot, jus d'agneau
Au jus là dedans !


J’ai laissé réduire ce jus des deux tiers.
Pendant ce temps j’ai piqué le gigot d’éclats de gousses d’ail, le masse avec quelques noix de beurre et l’ai assaisonné.


gigot d'agneau de lait
Dans la famille Brebis ; Fils Dodu


J’ai baissé le thermostat à 170 °C, et ai sorti à nouveau le plat, introduit des branches de romarin et de thym, une feuille de laurier. J’ai déposé le gigot sur l’os et deux grosses échalotes tranchées en deux de façon à ce qu’il ne baigne pas dans le jus mais bénéficie des vapeurs qui en montaient tout en le nourrissant de sa graisse fondue.et laissé cuire un quart d’heure avant de flasher à 200 °C pendant cinq minutes pour l’obtention finale d’un doré appétissant.
J’ai étendu le petit (mais dodu) gigot sur une planche, l’ai assaisonné de quelques tours de moulin de poivre rouge et d’une pincée de piment d’Espelette.

gigot, agneau de lait des Pyrénées, élevé sous la mère
Sera-t-il rosé à point  ?


Il y reposa une dizaine de minutes le temps de finaliser le jus et de remettre en température l’accompagnement de lentilles. Mais ceci est une autre histoire…
Revenons vers ce bon jus qui s’étalait au fond du plat de cuisson. Je l’ai passé au chinois, relevée d’un trait de sauce Worcestershire et d’une grosse pincée de piment d’Espelette (Pyrénées obligent…). J’ai ajouté une noisette de beurre et vanné avant de verser dans la saucière.

jus d'agneau
Jus...


Il ne me restait plus qu'à me lancer dans le tranchage...

gigot, agneau de lait
Quand la cuisson est bonne....



BELLES BELUGA


Il s’agissait de Lentilles beluga du Perche (retour de Normandie…) , magnifiques dans leur sachet transparent.

encore plus belles en vrai...


Le problème, c’est que pour leur cuisson l’on peut lire tout et son contraire : départ à froid, jetées à l’eau bouillante, vingt minutes, trois quarts d’heure… Même le site du producteur donne des recettes en contradiction avec ce qui est écrit sur le paquet !
J’ai donc entrepris une préparation au feeling.
Après les avoir rincées, je les ai recouvertes dans une casserole de trois fois leur volume d’eau - ce qui a posteriori s’est révélé excessif - mais pas tant que ça, à mon avis deux fois et demie aurait été parfait. J’ai ajouté un quart d’oignon, une demi-échalote et une feuille de laurier. J’ai placé sur feu doux et laissé à petite ébullition une vingtaine de minutes. J’ai goûté, ça manquait encore un peu de cuisson, mais je pouvais saler. Â la vingt-cinquième minute, j’ai retiré du feu, égoutté les lentilles tout en conservant une cuillerée d’eau de cuisson au fond de la casserole dans laquelle j’ai fait fondre une noix de beurre. J’ai réservé mon beluga rural dans la passoire coiffée d’un couvercle et posée sur la casserole.
Avant de commencer le tranchage du gigot sur la planche, j’ai reversé les lentilles dans la casserole, ajouté sur le dessus une belle noix de beurre destinée à la fois à parfaire le goût et à me fournir un indicateur de la montée de la température. J’ai soulevé régulièrement le couvercle et quand la vapeur et la fonte presque totale du beurre m’y ont autorisé, j’ai brassé délicatement avant de transvaser dans un plat chaud. Faute de persil, des pousses d’oignon ciselées m’ont permis d’ajouter une touche de couleur dans ce noir finalement pas si mal conservé…

lentilles beluga, Perche
À la pêche au beluga, à la pêche au beluga,, tu ne veux pas aller ?





mardi 14 avril 2020

Vendredi, ou les Limbes du Plat si chic

Ce jeudi soir j’allais me coucher quand j’entendis des éclats de voix provenant de la cuisine.
« Vieille morue !
- Ta gueule, pauvre patate ! »
Il est quand même navrant d’entendre un légume et un poisson se donner des noms d’oiseau. Surtout aux prémices de cette période pascale.
Je n’étais d’ailleurs pas le seul à être outré. Un œuf ne put s’empêcher de réprimander ces tristes zigotos.
« N’avez-vous pas honte de vous comporter ainsi la veille du Vendredi saint. Déjà que mes frères et moi avons dû renoncer à notre pèlerinage à Rome, les vols de la compagnie Bell’s Airway ayant été annulés, il nous faut par surcroît assister à de malvenues prises de bec… »
Je ne doutais pas que pourtant les prises de bec devaient faire partie du quotidien de leur génitrice : le mot me semblait mal choisi. Mais effectivement ce n’était pas une raison pour tolérer cette chienlit. Je décidais donc d’intervenir.
Une bonne douche froide suivie d’un long bain nocturne dans l’eau glacée devait calmer la morue excitée. Il faut parfois savoir renouer avec les bonnes vieilles méthodes des aliénistes du temps passé… Je repoussai au lendemain une balnéothérapie quant à elle chaude pour la patate qui me regardait d’un sale œil et me repliai vers un lieu plus serein afin d’y bénéficier du sommeil du juste.


Le lendemain matin, ma décision était prise. Il fallait sévir.
Ne cédant à aucun attendrissement, je soumis la patate à des embruns bouillonnants durant une quinzaine de minutes Elle en sortit en robe des champs, accoutrement dont je la dévêtis aisément avant de l’allonger dans sa jaune nudité sur une planche. Eh oui, ensuite, il m’a fallu trancher…

La morue connut un sort plus paisible : une eau frémissante avait remplacé l’océan impétueux. Elle en émergea d’ailleurs tout attendrie, m’affirma qu’elle ne méritait pas ce surnom de vieille peau dont des malfaisants l’affublaient.
« Et ça ? » répliquai-je en la débarrassant de lambeaux gluants grisâtres qui me collaient aux doigts.
« Sans compter tes déplorables arêtes… On peut dire que tu n’es pas une chair facile !
- Mais si, mais si. Ah, effeuille-moi, effeuille-moi… Oui, mais pas tout de suite, pas trop vite, sache me convoiter, me désirer, me captiver. »

Oui, je le confesse, en ce vendredi qui fut plus sain que saint, cette morue bien dessalée est passée à la casserole. Ou plutôt au plat en terre.
Ce plat était tartiné de beurre et d’ail écrasé. J’ai dressé un lit de tranches de pomme de terre. Je l’ai parsemé de fines lamelles découpées dans une gousse d’ail et saupoudré d’une pluie de poivre rouge.
J’y ai étendu ma morue à la blancheur virginale (tu parles !). Quatre œufs qui jouaient les faux durs sous prétexte qu’ils avaient passé huit minutes dans l’eau bouillante l’encadraient en une garde rapprochée.
« Tu es sûr que l’on a besoin d’eux ?
- Aujourd’hui, sans nul doute.
- Ah bon… »

Mais je ne compte pas en rester là. Je prépare une béchamel pas trop épaisse que je rallonge du même volume de crème. Je parfume en râpant une noix de muscade.
J’en verse la moitié. Je ne puis m’empêcher d’y ajouter un mauvais jeu de mots.
« Avec la bénédiction de la béchamel… »
Suit une nouvelle couche de pommes de terre que je noie du reste de liquide onctueux encore tiède.
Estocade finale de la lance d’une feuille de laurier - « Eh voilà, tu es lauréate… » - et de la pique d’une branche de romarin - « J’ai descendu dans mon jardin… ».
La suite est torride : vous pensez, vingt minutes à 160 °C ! L'épectase l’est encore plus, certes brève, mais à 190 °C.
Ah, morue à dorer !!!

gratin de morue, crème,  vendredi saint
Morue alitée


« Je ne me sens pas dans mon assiette… »

morue à la crème
Morue épanouie


« Ben maintenant tu y es ! »

samedi 11 avril 2020

T’as d’belles miches tu sais !

Belles, ça c’est pas certain, mais bonnes, sans aucun doute…

Pour commencer très bon ce pain sur poolish réalisé selon les conseils (éclairés) de Fabrice Cotez dispensés sur sa remarquable chaîne YouTube : Boulangerie Pas à pas.



Ses apprentis ont bien de la chance de bénéficier d’un enseignant aussi pédagogue empreint de bienveillance et de simplicité…

Un process suivi… pas à pas. En remplaçant toutefois — il faut faire avec les moyens du bord - la T65 par de la T55 et la farine Meule T80 par de la farine Grand épeautre bio provenant d’une ferme de Touraine.

Donc, pour le premier jour :
70 g de T55 tradi
100 g de farine d’épeautre
1 g de levure sèche
170 g d’eau
et le second jour :
330 g de T55 tradi
8 g de sel
1 g de levure sèche
170 g d’eau

Deux photos après pointage avant d’enfourner :
à l’envers sur la couche farinée

pain sur poolish
Il  dort sur le ventre


et sur le papier cuisson, dans le bon sens (mais où est passée la soudure ?)

pain sur poolish
Tout retourné, il refuse de se fendre


Ouverture du four après 25 minutes.

paain sur poolish
Pierre haut le four


Il n’y a plus qu’à laisse sécher four entrouvert une dizaine de minutes
Et voici la bête…

pain sur poolish
y a mieux, mais y a pire aussi


Hélas l’ouverture est absente à l’appel. Mais le pain s’est quand même développé. La coupe montre qu’il est convenablement (tout au moins à mes yeux d’amateur…) alvéolé.

pain sur poolish
S'il faut trancher...


Et surtout son goût est excellent, dégageant des fragrances rurales céréalières.

Bon aussi ce pain T555 tradi au levain, cuit aussi sur la pierre…

pain au levain
Mon pain blanc le premier


Tout comme celui-ci, également T55 au levain, mais cuit en cocotte.

pain cocotte
Ne sachant signer que d'une croix...


pain cocotte
Salut la mie !


J’en passe, et de tout aussi bons, même s’ils ne sont guère plus photogéniques.

Et je termine par le dernier né… Pas encore tranché !

pain maison
Je finirai par avoir les boules..


La routine désormais...

mercredi 8 avril 2020

Docteur Knack

Ça me démangeait de le faire venir.
Il était bien loin, ce Docteur Knack, mais il a quand même fait le déplacement…
Je voulais lui présenter des excuses.
« Bonjour Docteur, merci d’être venu depuis votre chère Alsace. Oui, je sais, ce n’est pas la porte d’à côté, mais ça me démangeait… »
Il m’interrompit tout de go : « Et maintenant, ça vous chatouille ou ça vous gratouille ? Bon, naturellement, vous êtes incapable de me répondre. Les patients sont tous les mêmes… Passons donc directement aux tests ! »

Il sort de sa trousse un pot en verre décoré d’un dessin de Hansi et un sachet contenant des tubes oblongs fermés aux deux bouts. Je ne puis m’empêcher de ricaner.
« On dirait des saucisses.
- Ce sont des saucisses, viande de porc et de bœuf dans un intestin de mouton.
- Mais ais ais ais ais…
- Il n’y a pas de bêlement qui tienne ! L’objectif de ma démarche est de vérifier vos qualités olfactives. »
Il dépose sur une assiette une cuillerée de l’onguent jaunâtre qu’il a extrait du pot.
« Prenez en une petite cuillerée et faites-moi part de votre impression.
- Ben c’est un peu piquant, mais pas très fort.
- Parfait vous avez réussi le premier test. »
Il ajoute deux des saucisses, l’une un peu plus courte et bedonnante que l’autre.

knacks d'Alsacz
Arrivées d'Ingersheim


Les deux sont subtilement épicées, mais la longiligne me semble plus parfumée. Je fais part de ma constatation au bon docteur.
« Bien, très bien. Et pourtant les deux proviennent du même artisan qui les confectionne pour moi, il les appelle d’ailleurs knack’s… Vous avez su faire la différence. Tout est en ordre ! »
Il détache un papier d'un bloc.
« Je vais néanmoins vous signer cette ordonnance. Elle vous prescrit une cure dans des vignes alsaciennes pour y participer aux vendanges.
- Mais…
- Décidément, vous n’avez que ce mot à la bouche.
- Mais ce n’est pas la saison des vendanges, et de plus je ne peux me rendre là-bas…
- Certes, aussi est-ce pour cette raison que j’autorise la forme générique : une tourte des vendangeurs. Cependant, attention, ne l’ingérez pas en une seule fois, mais partagez-la pour obtenir quatre doses à répartir sur deux jours entre vous et votre conjointe, à titre préventif pour cette dernière. Bon, je crois que je vous ai tout dit, je vous laisse le reste du sachet entamé, faites-en bon profit. Et voici le montant de mes honoraires à régler, par Carte Bleue je vous prie. »
Je tombe des nues en constatant la somme.
« Fichtre, vous ne vous mouchez pas du pied !
- Eh, mon pauvre Monsieur, à 60 € de VL, visite longue et complexe réalisée au domicile, et les 0,61 € du kilomètre des IK, indemnité kilométrique en plaine. Et encore je vous épargne l’indemnité kilométrique en montagne pour le franchissement des Vosges.
- Vous ne m’empêcherez pas de penser que le nombre de K attribué à votre test me semble excessif…
- Monsieur, quand on ne peut se le permettre, on ne fait pas appel à un éminent charcutothérapeute et l’on va voir la sorcière ou le rebouteux local. Sur ce, je vous salue bien ! »
Mes rapports avec le corps médical se sont toujours révélés difficiles…


N’empêche que le reste des saucisses était bien bon, trempé dans la moutarde douce d’Alsace.
Je n’ai pas eu besoin de la bénédiction d’Hippocrate pour profiter de betteraves du jardin tranchées à la mandoline et arrosés d’une vinaigrette au Melfor et huile de colza rehaussée d’une gousse d’ail écrasé.

betterave rouge
Salade verte pour daltonien


Le lendemain je sortais du four ma prescription de Tourte des Vendangeurs.

tourte vigneronne
Arrvée de Lapoutroie


Et c’est bien un quart de dose que j’ai ingéré, que le Docteur Knack soit rassuré - encore que je dois être désormais le cadet de ses soucis…

tourte vigneronne
Je démarre au quart de tourte.


En accompagnement, les vitamines d’une salade de sucrine parsemée d’échalote ciselée…

Salade de sucrine
Sucrine au soleil couchant


Pour le dessert, restons dans le cochon !

biscuits Cochon
Je mangerai les petits cochons...


vendredi 3 avril 2020

Technique culinaire avancée

Nouvelle technique culinaire après celle du tire-languette qui m’avait permis de servir un savoureux pot’je vlees

N° 0


Cette fois-ci, c’est cet instrument particulièrement évolué que j’ai utilisé :

N° 1


Il n’était néanmoins pas le seul, un autre intervenant s’est montré bien utile.

N° 2


Le numéro 1 a fait merveille pour m’ouvrir les portes du Pays Basque.



Et j’ai pu constater que si, comme je l’ai avoué à propos du Basa Jaun, je ne parle pas la langue basque, en revanche la langue basque me parle !

Le numéro 2 est venu à la rescousse dans mon extraction des deux guindillas destinés à agrémenter les assiettes du bocal où ils étaient reclus.


LA RECETTE :

Ingrédients :
- 1 boîte de langue de porc basque cuisinée dans une sauce aux poivrons de Navarre (entière)
- 1 bocal de guindillas (2 piments)
- 2 grosses pommes de terre
-  piment d’Espelette (2 pincées)

Process :
Réchauffer la langue de porc basque aux piquillos dans une casserole à feu doux.
Cuire à la vapeur les deux pommes de terre épluchées et coupées en deux en les déposant sur une marguerite perforée étalée au fond d’une casserole sur une couche d’eau à efflorescence (compter une vingtaine de minutes)
Dresser les tranches de langue arrosées de leur sauce - partagées équitablement! - sur deux assiettes en y accolant deux morceaux de pommes de terre, séparés par un piment vert, que l’on parsèmera d’une pincée de piment d’Espelette.

langue de porc basque
Cul noir, langue noire ?


Un pain maison au levain (nouveau-né âgé de deux semaines…) cuit sur une pierre permettait de saucer agréablement.

pain au levain
Levain cœur...



mercredi 1 avril 2020

À la recherche du Pain perdu - La Tartine disparue

Longtemps, je me suis levé trop tard. Je différais le plus possible le moment de m’extraire péniblement des draps si douillets dans lesquels j’étais emmitouflé jusqu’aux yeux - alors que le soir je renâclerai tout autant pour me glisser à nouveau en leur sein, anxieux devant ce voyage dans l’obscurité où je serai ballotté malgré moi dans des lieux inconnus suivant les caprices de Morphée. Afin de rattraper les minutes perdues et arriver à l’heure, à l’école ou au lycée les premières années, au travail plus tard, je sautais le déjeuner, ce qui n’était pas une privation pour moi, dont l’appétit n’apparaissait qu’en milieu de matinée, heure à laquelle il m’était fort difficile de le satisfaire mais dont mes occupations me distrayaient suffisamment pour ne pas prêter attention aux jérémiades de mon estomac que mon manque de réaction ramenait vite au mutisme, d’autant plus qu’il se doutait bien que le repas de midi compensera largement cette diète furtive.
Puis, plus tard, cédant lâchement à toutes les pressions aussi bien familiales que diététiciennes, je me suis résolu à prendre le temps de savourer un croissant les jours fastes, ou plus simplement une tranche de pain à la mie foisonnante d'une appétissante couleur crème cernée par une coque dorée craquant sous la dent, découpe grillée ou non suivant mon humeur ou ma paresse mais toujours tartinée d’un bon beurre de préférence demi-sel.
Mais voilà, en cette période difficile, l’approvisionnement en baguettes craquantes ou en miches rebondies se révèle bien difficile.
Aussi ma bonne Françoise maîtresse de maison s’est résolue à endosser le tablier de mitron domestique, et son premier pain est sorti du four.

Il s’agissait d’un pain réalisé avec une pâte à forte hydratation reposée 24 heures et cuit au four à 220 °C dans une cocotte d’abord à couvert pendant une quarantaine de minutes, puis à découvert un quart d’heure.
Le résultat était fort convenable.

Le pain sorti de la cocotte : magique !


Pour faire honneur à cette production nous avons ouvert un bocal de gigourit, cette spécialité charentaise à base de couenne et de sang.



Fameux avec des cornichons du jardin maison bien parfumés d'herbes et d'épices !


gigourit, pain maison
La tartine retrouvée




Le pain suivant, réalisé avec 80 % de farine d’épeautre d’une ferme tourangelle, fut cuit sur une pierre.

pain à l'épeautre
Salut l'épeautre !


Certes son aspect peu glamour n’est pas sans rappeler le triste pain allemand KK de la Première Guerre mondiale, le Kriegskartoffelbrot (y a pas que d’l’épeautre…)

pain kk

dont les Français, bien entendu gavés de pain blanc

pain KK

se moquaient tant.




Qu’importe, sa saveur était très agréable. Et ( effet madeleine pain de Proust ? ) cette miche domestique m’a ravivé le souvenir d’un pain d’épeautre, d'ailleurs aussi compact, mais quant à lui sorti visiblement d’un moule à cake, vendu par un paysan boulanger sur le marché de Thouars dans les Deux-Sèvres, et qui avait été entamé avec méfiance avant d'y découvrir un goût de revenez-y....
 .
La quête continue...
Pour cela une arme de boulange massive : un sac de farine boulangère de tradition de
25 kg provenant des Moulins de Versailles.



Il faut de la matière pour pouvoir écrire les nouvelles pages du volet Le Pain retrouvé !