Horrur, malhur… Enfr t damnation !
Un livr de Gorgs Prc st tombé sur mon clavir. Pas d (ouli)pot. Un sul lttr m manqu, t mon écritur st dépuplé…
D’autant plus qu j’allais précisémnt parlr d’un épic, un méconnu grain d l’îl d Ré qui a subtilmnt parfumé mon poisson, dont par un hasard providntil j puis écrir l nom n touts lttrs, un turbot.
Vous m voyz assumr ctt citation :
Put-êtr qu l macron va connaîtr un nouvl ssor d’un part à caus d son xpansion naturll qui s dssin (réchauffmnt global t miliux prturbés favorabls) t qui sait un rtour n grâc comm « nouvau » ancin légum. Mais il faudra tout rprndr à zéro.
Non, bin sûr, c n srait pas corrct avc l Chf de l’État !
Il m faut trouvr un solution pour rmplir c vid.
La pr*mièr* *st tout simpl*m*nt de r*mplac*r l’abs*nt par un* astérisqu*.
Ouais, mais *n lisant un t*l t*xt* j’ai la désagrèabl* impr*ssion d’êtr* caviardé par un* commission d* c*nsur*…
Alors une d*uxièm* idé* m* pass* par la têt*, qui m’*st inspiré* par l* souv*nir d’un épici*r algéri*n situé non loin de mon bur*au qui, à l’étal de sa boutiqu*, avait planté un*étiqu*tt* : Fiv*s, 10 francs. Mais après mûr* réfl*xion, j* n* suis pas convaincu que ça soit très opérationn*l, qu* d* remplac*r l’abs*nt par un i, déjà, à l’époqu*, j* m’étais réjouis du fait qu*c* brave comm*rçant ne v*ndît point des b*tt*s.
Troisièm* proposition, un* l*ttr* moins usu*ll*, comm* l* Z, *n guis* d’*mplâtr*.
Jz m’zmprzssz dz tzstzr czttz tzchniquz. Il mz szmblz quz cz n’zst pas unz dzs mzillzurzs idézs quz j’ai zuzs …
Il y aurait aussi la possibilité d’un point, mais c.tt. écritur. .xclusiv. r.ss.mbl.rait trop à d. l’écritur. inclusiv., non j. n. v.ux pas d. rapproch.m.nt av.c c.tt. horr.ur visu.ll. d. surplus aussi illisibl. qu. m.s t.ntativ.s burl.squ.s !
J rnnonc… Au rvoir ls amis !
Je reviens vers vous.
Un miracle a eu lieu : le Gros Robert, en se disputant avec le Petit Larousse, a fait une chute sur le clavier et a réveillé la touche défaillante., et je puis enfin recommencer à pondre des e !
Que serais-je devenu si cette citation d’Aristide Bruant
La rousse a beau serrer les mailles
Du filet qu’elle tend aux déchus,
Nous savons, grâce à nos écailles,
Glisser entre ses doigts crochus.
n’avait offusqué le susceptible maigrichon…
Je récapépète donc depuis le début.
Un magnifique petit turbot sauvage d’environ un kilo acheté au meilleur poissonnier des halles de ma ville est arrivé dans ma cuisine. Je l’ébarbe et scarifie sa peau en losanges avant de l’allonger sur la plaque en inox perforée où il va cuire à la vapeur.
Je veux respecter ce produit, alors mon assaisonnement sera discret : laurier, romarin séché et surtout une pluie de baies de maceron de l’île de Ré.
Je viens de mettre le turbot |
Il y avait aussi sur ce marché de belles girolles françaises, pas imbibées d’eau (du ciel, j’ai comme un doute ?) ainsi que c’est trop souvent le cas. Je n’ai eu qu’à rafraîchir leurs queues d’un petit millimètre, d’ailleurs était-ce vraiment nécessaire, et donner quelques coups de brosse pour faire tomber les rareses fragments de feuille ou de mousse. Je les ai fait sauter à la poêle dans un mélange de beurre et d’huile d’olive À mi-cuisson, quand les champignons n’avaient pas encore récupéré leur eau de végétation, j’ai ajouté deux gousses d’ail violet nouveau finement émincées. J’ai réservé.
Je programme une cuisson d’une vingtaine de minutes en réglant la température à 100 °C.
Au moment de sortir la bête, je suis pris d’un doute. N’y aurait-il pas une surcuisson ? Mais non, la texture est parfaite, la chair se décollera de l’arête avec tout juste la petite réticence nécessaire.
Pour l’instant, j’allonge le turbot sur le plat de service. L’épaisse peau noire se retire aisément. Mais il me faut aussi débarrasser la chair des graines de maceron nichées au creux de mes scarifications : un travail de Bénédictin pour extraire ces baies des Moines, la prochaine fois je me méfierai de ce piège diabolique !
Je remets les girolles à température et les dispose à côté du poisson. Je les parsème de ciboulette du jardin ciselée. Je fais fondre un bon beurre demi-sel dans une petite casserole et quand il commence à mousser je complète du jus d’un citron pressé.
J’arrose le turbot de ce liquide bouillant. Trois demi-tranches de citron complètent le tableau.
Un misérable persil cache-misère va voiler la gueule édentée du turbot dont j’ai laissé la tête - les joues sont le sot-l’y-laisse des poissons…
Le plat est prêt à être envoyé sur la table.
Avec le turbot, j'appuie sur le champignon... |
Finalement nous prélevons les carrés de turbot délimités par mes scarifications comme un serveur turc qui distribuerait les parts de baklava…
J’me régale !