Chacun dispose de plus de 65 m2. Alors que le vieux coq que je suis (mais pas si complétement déplumé…) et celle que je n’oserai pas appeler ma poule doivent se résoudre à gambader sur moins de 130 m2. Bon, question nourriture, je ne me plains pas, même si notre espace ne nous offre point cette nourriture exclusivement naturelle composée d’herbes et d’insectes que les volailles chassent (sauterelles, papillons, vers de terre, etc.) décrite par le bucolique éleveur.
Quoi que… Je me situe simplement à l’étage au-dessus dans la chaîne alimentaire…
Le voici, ce poulet arrivé tout droit de sa ferme. Il ressemble bien à sa pièce d’identité quand je l’extirpe de son sachet sous vide.
Il pèse un peu plus de deux kilos, c’est une belle bête. Il en a fallu des vermisseaux pour arriver à ce stade ! Mais les grains de maïs ont dû bien les aider…
Cependant avant de l’empaler suivant mon sinistre rituel, il me faut d’abord couper la tête proprement. Je commence par décapiter au plus court, puis je fends la peau sous le cou dans la longueur afin de pouvoir la détacher de la chair : elle me servira à recouvrir l’orifice laissé à nu après la section du cou à sa base.
Voilà, c’est fait. J’emplis le coffre du poulet, tapissé de quelques grains de gros sel, avec quelques quignons de pain sec frottés à l’ail, parsemés de pincées de ras el hanout puis mis à tremper dans un verre de sauvignon - en alternant avec des noix de beurre, une échalote tranchée en quatre, des branches de thym et de romarin, une feuille de laurier. J’assaisonne l’imposante bête sur toutes ses faces.
J’avais précuit dans l'eau salée des pommes de terre de la variété Ditta une dizaine de minutes. Je les place dans le creux du socle de mon plat en fonte pour cuisson verticale en compagnie d’une petite feuille de laurier, répartis quelques noisettes de beurre demi-sel, arrose de trois verres d’eau. J’y ajoute le cou qui viendra rehausser les saveurs.
Je place le poulet dressé sur son pal, jette un dernier coup d’œil - n’ai-je rien oublié ? Ah, si, j’ajoute une gousse d’ail au champ de tubercules.
Ouf, la grosse bête passe bien sous le plafond du four.
Four que j’allume en réglant le thermostat à 180 °C. Le plat restera un peu plus de deux heures dans cet espace, notre habitué des vastes prairies doit s’y trouver à l’étroit…
J’arrose régulièrement le poulet avec le liquide où baignent les pommes de terre. Au bout d’une heure, ne craignant plus que l’acidité entrave la cuisson de ces dernières, je verse doucement le vin de trempage des quignons de pain sur le poulet dont il dégouline pour compenser l’évaporation.
Le moment est venu de sortir animal et légumes du four.
Le poulet apparaît vêtu d’une peau craquante et dorée.
J'ai pris le pal de haut |
Si, si, il a bien des cuisses...
Poulette, tu as les bas qui plissent ! |
Les pommes de terre, dont la chair moelleuse et fondante est enfermée dans une coque croustillante, baignent dans un jus parfumé.
Finalement je décide de découper le poulet pour le présenter sur un plat, mais de conserver pommes de terre et jus dans la fonte de cuisson, où nous viendrons puiser la garniture et la sauce accompagnant le morceau que notre envie nous a fait choisir pour le poser sur notre assiette.
Plat de cuisson déguisé en plat de service |
Et c’est bien bon.
Il faudra longtemps avant que mon pal lasse, même si ce n’est pas un pal toqué…