En quête d'air marin aux halles, rencontre avec des bulots de belle mine et des petits encornets resplendissants de fraîcheur. Que choisir ?
-Les deux, mon amiral !
Le problème, c'est qu'il ne faut pas gâcher ces produits en les laissant traîner au réfrigérateur, ne serait-ce qu'une journée et que nos panses ne sont pas extensibles. Alors je décide de cuire les bulots qui seront mis aux frais jusqu'au lendemain.
Bientôt ces coquillages se prélassent dans l'eau salée. En voici une vue du ciel prise par mon mano-drone.
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Bulots se prélassant |
On voit le plaisir qu'ils prennent dans ce bain.
Sournois, je leur dis : "J'ai une plus grande piscine. Et en plus elle est chauffée... Est-ce que ça vous dit ?"
Un chœur unanime éclate ; "Oui, oui !"
Et ils plongent en se bousculant dans la casserole que j'ai préparée à leur intention.
"Et même que le bain est parfumé : oignon, piment végétarien, frais cueilli, j'vous dis pas les fragrances, du thym qui a de la branche, plein de lauriers sur lesquels vous pourrez vous reposer, des graines d'anis vert et des poivres d'un peu partout. J'oubliais, il y a du sel à profusion, tout droit venu de votre océan natal..."
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On aimerait être à leur place ...encore que ! |
Les bulots s'interpellent . "Vas-y, vas-y...!"
L'eau devient de plus en plus chaude, les vas-y s'tassent. ***
C'est le silence. Un petit remord, j'aurais dû dire que ces bulots étaient en CDD...
L'eau bout, je laisse 22 minutes, car si ce sont des bulots peinards, ce ne sont pas des petits bulots, loin de là. J'attends que le bouillon refroidisse avant de les sortir et les réserver.
Le lendemain, je les sortirai, préparerai une mayonnaise maison, constatant qu'avec un œuf sortant du frigo et une huile à 25°C, ça monte très bien contrairement à ce que l'on raconte.
Je pourrai dresser deux assiettes que je trouverai fort à mon goût, à l'œil, mais aussi au palais.
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Un bulots-mayo, un ! |
Mais pour l'instant c'est au plat du jour que je dois me consacrer.
Pas mal de travail pour déplumer et déboucher-désyeuter ces petits calamars (que l'on pourrait bien appeler supions ou chipirons si l'on préfère...). Ils confirment leur parfaite fraîcheur, et je trouve même un petit poisson à l'œil brillant perdu égaré en leur sein.
Bien rincés dans l'eau citronnée, je les égoutte et les sèche dans une serviette.
Je leur fais faire un aller-retour dans l'huile d'olive d'une poêle bien chaude.
Je les sors et les réserve pour deux ou trois minutes dans un bac.
Cette huile d'olive, elle a un vécu : elle vient de me permettre de confire cinq gousses d'échalotes déterrées la veille dans le jardin. Cuisson d'une heure en essayant d'osciller avec mon pifo-thermostat autour de 60°C... Elle va parfumer les calamars.
J'avais aussi fait cuire des pâtes alsaciennes conservées al dente.
Je verse les pâtes dans la poêle, le feu étant au minimum., les écarte vers le bord afin de former une sorte de nid dans lequel je niche mes chipirons. Je pose les gousses d'échalote, y ajoutant le même nombre de gousses d'ail noir d'Aomori.
Je me dépêche de faire pleuvoir dans une géographie plutôt aléatoire du piment d'Espelette bien rouge et de fins flocons d'algue Ao Nori bien verts. Quelques peluches de persil et de fenouil, et la poêle est prête à aller sur la table. Ah, non, il me reste encore à arroser du reste d'huile de confisage des échalotes que j'ai remise à chauffer et de quelques gouttes de jus de citron afin de conférer une plaisante pointe d'acidité...
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Petits calamars à ma façon |
La plat tient ses promesse, mêlant les parfums légèrement sucrés des bulbes et les notes iodées de l'algue au odeurs de piment et de céphalopode, alliant douceur et vigueur contenue.
Je l'ai trouvé, mon air marin !
*** pardon, il fait très chaud....