Depuis sa plus tendre enfance, il n’avait qu’une vocation : faire l’andouille…
Il voulut en faire son métier. Il se produisit sous le pseudo de Gédé dans des bouges infâmes, on riait, non pas grâce à lui, mais simplement de lui, objet de lazzi en attendant le clou du spectacle, l’effeuillage d’une belle romaine qui se faisait appeler Martine Scarole.
Mais un jour il fut remarqué par un producteur - un peu rapace, mais au moins lui avait-il donné sa chance… Il put monter sur scène, et il faut bien dire que quelques-uns de ses one duck shaws remportèrent un franc succès, comme Magret s’amuse, Canard laquais, Poêlons nous bien au chaud ou encore l’inoubliable Pardon, j'en suis confit.
Hélas, la notoriété lui monta à la tête, et il eut l’ambition de produire son propre film. Ce fut l’aventure de l’écriture et de la mise en scène d’un scénario où il tenait le premier rôle : Citizen Cane. Lui qui rêvait de palmes, ce furent des sifflets qui accueillirent son œuvre au cours de la projection au festival de Canes.
Profondément blessé et déconfit, Gédé disparut de la scène après un bref passage à la télé où il s’insurgea contre tous ces grenouillages qui étaient la plaie du show bizz.
On vient de le retrouver dans les bras sa compagne qui n’était qu’une petite andouillette de rien du tout, bien loin de l’Andouille Sublime qu’il avait rêvé d’être. Ils gisaient morts, parmi les girolles de Sologne.
Triste fin ! On les recouvrit d’un dérisoire linceul de crème réduite sur une échalote hachée et des feuilles d’oseille. Une pincée de cinq-épices ajoutait un parfum légèrement anisé et de la couleur verte.
Oseille dont il avait cruellement manqué toutes sa vie, et vert d’une espérance cruellement déçue…
Requiescat in patella ! |
Moralité : à trop faire l‘andouille, on te vire.
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