mercredi 21 juin 2017

Côte d'alerte !

Eh bien nous y sommes en plein, dans l'alerte canicule émise par Météo France.
Alors la solution pour préserver la relative fraîcheur entre les murs (quoique maintenant on ait atteint 25°C...) et cependant manger chaud fut, hier, de se livrer aux délices du barbecue.

J'avais acheté une belle parthenaise.



Belle Parthenaise



Pardon, je ne maîtrise pas complétement la gestion de mes archives...

Je reprends donc et précise :

J'avais acheté une côte de boeuf de la race parthenaise - belle, bien sûr.


côte de boeuf, parthenaise
Belle parthenaise
J'ai commencé par préparer les braises dans le barbecue.

Le feu est à point (moi aussi sous le soleil...).
Je pose sur les braises des pommes de terre primeurs de Noirmoutier de la vatiété Lady Christl
l enrobées de papier d'aluminium. La côte suivra sur le gril dans une vingtaine de minutes.
Pendant ce temps, je prépare une sauce pour accompagner ces pommes de terre.

Ingrédients :
créme fraîche épaisse Graindorge à 42% de M.G. - 20 cl
fleur de thym - qsp
estragon - qsp
pimprenelle - qsp
jus de citron jaune - qsp
poivre de Kampot - 4 tours de moulin
poivre sauvage de Vatsiperifery - 2 tours de moulin
sel - 1 bonne pincée
qsp : quantité selon pifomètre

C'est le moment d'aller déposer la côte sur la flamme du charbonnier inconnu. Je la sale, le poivre n'interviendra qu'après cuisson.
J'ajoute sur les braises des branchages taillés sur le pied de romarin - la fumée dégagée par ce bois encore vert viendra parfumer la viande.
La parthenaise et moi, nous poursuivons notre cuisson. Pour tout arranger, impossible de remettre la main sur la pince longue, je dois retourner  viande et pommes de terre avec la petite pince. Je me sens de plus en plus sur la même longueur d'onde que Saint Laurent (mais non, pas Yves, il n'a pas fini en tournedos...).


gril
Sur le gril

La cuisson poursuit son petit bonhomme de chemin...



côte de boeuf, parthenaise, pommes sous la cendre, barbecue
Sur la braise

Une vingtaine de minutes plus tard, la côte me semble cuite à point.
Je regagne mes fraîches (relativement...) pénates.

Eh bien oui, c'est cuit comme nous aimons...


côte de boeuf, parthenaise;
De la viande sur la planche...mais pas que.


Du poivre noir du moulin, une pincée de fleur de sel de je ne sais où, et nous nous régalons de cette viande parthenaise très goûteuse, et dont la mâche n'exclue pas pour autant une extrême tendreté.
En revanche si la sauce est une réussite (la fausse modestie n'est pas de mise, de l'authentique, rien que de l'authentique !), bien que bonnes, les pommes de terre de Noirmoutier se révèlent un peu décevantes par rapport au délice qu'offraient celles du maraîcher loudunais qui les vendait sur un marché de Touraine...



lundi 19 juin 2017

Entre quatre murs

En cette période de canicule, je bénis l'épaisseur des  murs qui me permet de conserver pour l'instant 23°C dans la maison alors que l'on atteint 34°C à l'extérieur.
Mais afin de préserver cette bienfaisante fraîcheur le plus longtemps possible, il faut m'abstenir d'utiliser la cuisinière. Alors, pour quelques jours, ce seront des repas cuisinés dans la cour, sur le barbecue ou peut-être une vielle plaque mobile électrique que je n'ai pas encore descendue du grenier, des produits d'artisan mangés sur le pouce comme cette tranche de farci poitevin


farci poitevin
Farci poitevin
 
ou des plats froids élaborés sans cuisson.
Ainsi hier j'ai acheté un morceau découpé dans la queue d'un de ces saumons d'Isigny dont  la qualité a su me séduire depuis que je l'ai découvert.
En effet j'avais décidé de préparer un tartare de saumon. Voici le déroulement de cette recette.

Je commence par débarrasser le saumon de toute arête et de toute peau. Je le découpe en lanières que je tranche afin d'obtenir de petits cubes. Je réserve dans un bac.
Suit la tâche la plus ingrate, décortiquer des crevettes, roses et grises, toutes .de Saint-Gilles-Croix-de-Vie - hélas je n'ai pas de Ch'ti sous la main pour déléguer.




decorticage, crevettes
La championne

J'ajoute ces crevettes décortiquées au saumon, ainsi que de l'estragon ciselé et une échalote nouvelle hachée finement. J'arrose du jus d'un demi-citron vert, d'une petite cuillerée de balsamique blanc et d'un trait d'huile d'olive. Un tour de moulin de poivre noir de Kampot, et je brasse le tout.
Pour dresser, je dépose un croissant de tartare de saumon sur chacune des deux assiettes avec l'aide d'une assiette un peu plus petite servant de délimitation - ici je n'ai pas de cercles, ce qui n'est pas plus mal, m'évitant ainsi la banalité.
Je place à l'opposé une tranche d'un chèvre frais destiné au départ à confectionner un tourteau fromager, mais avec cette chaleur...
Je la parsème d'une pincée de poivre sauvage de Voatsiperifery que je viens de moudre et d'une pincée de fleur de sel et y fait choir une larme d'huile d'olive.
D'un côté de cette portion fromagère je place quelques feuilles d'une salade feuilles de chêne verte.
De l'autre côté, de même, mais en version rouge.
Je poursuis en passant aux affutiaux décoratifs : quelques rondelles découpées dans un petit oignon rouge, une demi-tranche de citron vert, une branchouillette d'estragon, un petit bouquet de feuilles de persil, trois fleurs de bourrache, une crevette rose non décortiquée, un raton laveur...
Une pincée de piment d'Espelette va ajouter sa couleur sur une corne du croissant de tartare de saumon.
Il ne reste plus qu'à assaisonner la salade avec un trait de jus de citron et le double d'huile d'olive.

Et voilà le travail !

.

tartare de saumon
Tartare Isigny Croix-de-Vie Sainte-Maure

Truismes

Je suis inquiet.

Hier, j'ai entendu des grognements dans le jardin. Puis on a gratté à la porte, et mon épouse est apparue.
"Regarde ce que j'ai trouvé sous le tilleul !", dit-elle en reniflant une petite boule noire,"Une truffe !".
J'examinais la trouvaille, effectivement il semblait qu'il s'agissait bien d'une truffe blanche d'été.



truffe d'été, jardin
Truffe blanche d'été et de sous le tilleul du jardin
 

"Je vais voir si j'en trouve d'autres !".
Et elle partit, les narines frémissantes.

Je venais à peine de fendre le tubercule à titre d'expertise d'authentification, quand ma femme truffière revint, déposant une seconde truffe, plus petite.



truffe blanche d'été
Paire de truffes sur la table d'expertise


Alors, oui, je suis inquiet...
Bon les grognements, passe encore, qu'une femme grogne, après tout, ça n'a rien de bien exceptionnel.
Mais les reniflements et la chasse aux truffes... Mon épouse serait-elle atteinte du syndrome de Darrieussecq ? Je crois que je devrais la persuader d'aller chez le médecin -ou peut-être, mieux, le vétérinaire.

Pour l'instant, je me fais une raison.
Qui vivra verrat !

samedi 17 juin 2017

Droit de réponse

Même pas vrai !!!

Trop menteur le papou.

Les vaillantes petites cueilleuses

J'avais pourtant été clair...
"Je veux bien vous laisser cueillir des cerises. Mais surtout faites le avec délicatesse !"

Las... J'aurais dû m'en douter, avec les garnementes que sont mes petites-filles, voici le résultat :


cerises, cerisier
Krack de juin 2017

Pas de doute, elles ont tiré trop fort.
J'avais entendu au loin glapir "Douze d'un coup !".
Bon, c'est vrai, c'était l'arbre de la tentation.



cerises
Tentation 

Pauvre excuse ! Les coupables seront privées de clafoutis. Non mais !

mercredi 14 juin 2017

La fille de la Loire et l'enfant du Marais

Eh bien ça y est, j'ai enfin pu déguster la matelote d'anguille - réchauffée non le lendemain, mais le surlendemain.


rillons, anguille, matelote
Matelote au rillon
Heureuse surprise, le rillon ne fut pas qu'un remplaçant de fortune des lardons, bien au contraire. Pour ma part, je trouve qu'il apporte un goût très plaisant, et sa texture un peu fondante s'équilibre bien avec celle de l'anguille.
J'ai accompagné la matelote des mêmes pommes de terre dont je m'étais déjà régalé sautées, en les faisant cuire au four enveloppées de papier d'aluminium. Toujours aussi bonnes !



Le dépiautage de la bête m'a renvoyé près de deux ans en arrière, en une journés de début d'automne où j'avais pratiqué le même sport. J'ai retrouvé le texte que la préparation de la matelote d'alors m'avait inspiré...

 

L'ENFANT DU MARAIS

 

Quand Emilie l’Anguille fut plaquée par Paul le Poulpe, le monde s’écroula autour d’elle, et elle partit à la dérive.
Elle revint vers son marais natal, où un ignoble maraichin profita de sa détresse ; elle devint entraîneuse dans un rade à matelot(e)s. Puis un jour, enivré par l’abus de bernache, il la menaça de son eustache :
« Alors, ma belle, tu sais bien te tortiller ! Fais-nous donc un petit striptease… ».
Les compagnons de beuverie beuglèrent à qui mieux mieux :
« À poil l’anguille, à poil ! »
La malheureuse dut s’exécuter. Tremblante, elle enleva le haut.


Emilie enleve le haut


Arrivée à la taille, elle tenta de résister, se voila le visage.



Emilie se voile le visage

Mais les huées fusèrent, les surins furent brandis :
« Enlève tout, enlève tout !!! »
Elle dut s’exécuter, et ses pauvres oripeaux jonchèrent le pavé de marbre.

 
Emilie jolie

Un peu plus tard, on découvrit son corps ensanglanté, privé de ses viscères. On pensa à Jack the Ripper, il ne sévissait plus à Londres, peut-être avait-il délaissé le smog de la Tamise pour les brumes du marais ? Aussi fit-on venir un médecin légiste d’Angleterre, le docteur Jekyll.
On retrouva dans la morgue le corps d’Emilie l’Anguille sauvagement découpé en tronçons
.


La malle sanglante


Le docteur avait disparu ; demeuraient, tracés en lettre de sang, ces mots : Mr Hyde m’a tué.


 

 

Je me raconte cette triste histoire du destin d’un enfant du marais en préparant la bête. Mais maintenant il me faut passer aux choses sérieuses. Qu’elle ne soit pas morte pour rien, qu’elle revive dans un plat savoureux.

Je fais suer une garniture aromatique d’échalote grise, carotte, céleri-branche dans une noix de beurre doux fermier. J’y ajoute une couenne de poitrine fumée,une gousse d'ail écrasée, quelques grains de poivre de la Jamaïque et une queue de persil, arrose des deux tiers d’une bouteille de vin de Chinon. Je fais réduire d’un tiers à petit feu.

Puis je fais dorer les tronçons d’anguille en compagnie du quart d’une tranche épaisse de jambon de Vendée découpée façon lardons, singe d’une demi-cuillérée de farine, et verse la réduction de Chinon à travers un chinois. Un bouquet constitué d’une feuille verte de poireau cernant une feuille de laurier, une feuille de céleri, un brin de thym, deux ou trois queues de persil va donner son arôme.

Et c’est parti pour une demi-heure de cuisson frémissante. Après le premier quart d’heure, j’introduis une dizaine de petits champignons de Paris poussés dans le Saumurois.

Pendant ce temps, je prends quatre petites pommes miniatures ramassées au pied d’un pommier sauvage dans la forêt. Elles sont aigrelettes à souhait. J’en partage une paire en deux et en enlève les membranes et les pépins. Je creuse le fond des deux pommelettes restantes au couteau d’office afin d’en ôter aussi le cœur. Je place le tout au fond d’une petite casserole, un peu d’eau à effleurement, une noix de beurre, une pincée de sel et une pincée de sucre afin de les glacer. J’y adjoins deux petites échalotes violettes entières et une autre tranchée en son axe, qui subiront le même sort. Je coiffe d’un disque de papier sulfurisé percé en son centre, et laisse s’évaporer à petit feu.

La demi-heure est terminée je sors les tronçons d’anguille et en dispose cinq sur chaque assiette chaude. J’enlève le bouquet garni. J’ajoute un carré de chocolat noir d’Ouganda à 80% de cacao à la sauce, poursuit la réduction à feu vif en ajoutant un léger trait d’Arôme Patrelle. Quand la sauce a atteint une bonne consistance, je la vanne avec une petite noix de beurre demi-sel.

Je prends une louche et partage la sauce entre les deux assiettes.
Je finis de glacer pommes et échalotes, et les dispose sur les assiettes à l’aide d’une pince.
J’ai fait blondir lentement dans une grosse noix de beurre trois tranches de baguette tradition que j’avais divisées en petits morceaux. Je parsème de ce croustillant savoureux.
Un tour de moulin de poivre noir, du persil ciselé : l’on peut passer à table. Quelques pommes de terre à l’anglaise servies à part permettront de saucer d’une fourchette gourmande.


Matelote septembre 2015
 
 
 
 
Reniflons de plus près...

 

Je suis content. L’accord entre les pommes sauvages et la matelote était parfait.
Une tuerie, dirais-je, si je ne craignais de me montrer trop désinvolte envers la mémoire de la pauvre Emilie…

 

mardi 13 juin 2017

Le secret de l'espadon

L'espadon est un menteur. J'aurais du m'en douter à la longueur de son nez !
Il m'a fait croire qu'il était cuit alors qu'il ne l'était pas.
Résultat, j'ai dû le reposer sur le gril....

En revanche, les asperges vertes se sont montrées bonnes filles, un bref glaçage dans une poêle a suffi pour les attendrir. L'artichaut dont j'ai fendu le coeur ne m'en a pas tenu rancune. Un peu al dente, mais c'est ainsi que je l'entendais, et un trait de balsamique blanc lui a fourni un parfumé aftershave (j'avoue qu'il s'agissait plus d'une épilation que d'un rasage, m'enfin...).

Donc, en dépit de la mauvaise volonté du spadassin marin, une bonne petite assiette:


espadon, artichaut, asperges verts
Espadon, asperges vertes, artichaut