mardi 12 décembre 2017

Une affaire sordide

Ce malheureux  lyonnais ne soupçonnait pas le sort qui l’attendait quand il a répondu à une invitation en région parisienne.

Il croyait prendre un bon bain dans un jacuzzi, prémices à un bonheur plus accompli.

saucisson lyonnais
Sur le banc des jacuzzis

Quarante minutes plus tard il était dépouillé !

saucisson lyonnais
Dépouilles

Mais ce  qui n’aurait pu être qu’un banal entôlage s’est transformé en crime sordide : le lyonnais fut  plongé dans un coffrage au sein d'une pâte  mouvante constituée de 250g de farine, 3 œufs, 20cl de crème fraiche et 1 sachet de levure chimique.

pâte, brioche, saucisson lyonnais, oeufs, crèm, levure chimiquee
Derrière les barreaux

La bétonnière avait bien tourné en cette soirée fatale !

pâte, saucisson brioché
Silence, on tourne !

On imagine le corps s’enfonçant doucement dans ce qui allait devenir son cercueil, le criminel impatient activant cette descente aux enfers par l’aiguillon d’une longue perche et soupirant d’aise quand la masse visqueuse avait englouti son forfait…

saucisson brioché
Le masque de fer

Cet homme pressé ne sut pas attendre simplement la prise de son ciment, il fit subir au coffrage un passage à 180°C durant quarante nouvelles minutes.
Devant la croute dorée, il se réjouissait d’avoir effacé toute trace : le corps était bel et bien disparu pour toujours.

saucisson brioché
Sous la croute, le corps

Du moins le croyait-il…. Car un voisin, citoyen plus exemplaire que ceux de Landru à Gambais, alerta les autorités à propos d’odeurs inhabituelles sur son palier.
Nous avons retrouvé cette personne qui se qualifie lui-même en toute modestie d’homme ordinaire. Elle nous a décrit ces effluves :
« Ce qui m’a paru bizarre, c’est que l’on sentait comme un parfum de morille, alors qu’on est loin de la forêt et que de toute façon ça n’est pas la saison. Et puis un autre relent de champignons ( des trompettes de la mort, les bien nommées NDLR ) se mêlait à ce qui ressemblait bien à une odeur de chair, mais une chair qui n’est plus de la chair, si vous voyez ce que je veux dire… »
Nous ne voyons toujours pas... Mais grâce à ce signalement la police est intervenue (presque) immédiatement et a procédé à un décoffrage. Le parallélépipède a été livré au célèbre médecin-légiste, le Professeur Chaud-Rond.
La découpe lui livra une vision d’horreur dont nous avons pu nous procurer une photo.

saucisson lyonnais, brioche
Tranche de vie


Le distingué praticien n’a voulu se livrer à aucune déclaration. Nous savons simplement par une indiscrétion de garçon de laboratoire que le lyonnais avait ingéré des pistaches avant sa triste fin.

dimanche 10 décembre 2017

Mezzo mezzé

J’aime le crissement sous la dent de la surface zébrée de brun quand on déguste du fromage halloum grillé à sec dans une poêle. Sensation jouissive -tout au moins pour moi, car je sais que d’aucuns détestent tout au contraire ce qui leur rappelle le déplaisant souvenir d'un dérapage de craie sur le tableau noir- comparable à celle ressentie en mordant la croute noir ébène d’un tourteau fromager…
J’ai inséré ce petit bonheur dans le cadre d’un mini mezzé, ronde se quelques plats autour d’un parfumé verre d’arak de Kefraya.

Mezzé rudimentaire, comprenant sur des lits de salade du jardin :

- des bâtons de halloum grillés parsemés de menthe séchée et arrosés d’un trait d’huile d’olive ainsi que de quelques gouttes de jus de citron
- du hommos
- des rondelles de saucisse soujouk séchée
- des tranches de bastorma
- des condiments (olives, concombres sauvage, feuilles de menthe fraîche, citron)

mezzé, halloum, hommos, bastorma, soujouk, arak
Mezzo mezzé
Hélas, la saison ne permettait pas de réaliser un taboulé façon libanaise, avec moult persil et quelques tomates bien goûteuses… Cette pause rafraichissante manquait cruellement.

Après ce repas tout compte fait pas si frugal que ça, un dessert libanais s’imposait.
J’ai sorti de leur boîte quelques baklavas aériens, pas écœurants le moins du monde contrairement à beaucoup de leurs frères baignant dans une mare de glucose…

baklavas
Bons baklavas


L’un deux porte le surnom de kol w'chkor, ce qui signifie mange et remercie.
Alors, merci mille fois !

samedi 9 décembre 2017

Eureka !

En ouvrant les huitres, je me disais que je les aurais volontiers accompagnées de crépinettes bien dorées à la peau croustillante. Malheureusement je n’avais pas pensé à acheter cette charcuterie.
Quand me vint une illumination…

huitres, grattons, eureka
Grec sortant de sa marinade


Il me restait une poignée de grattons lyonnais qui n’avaient pas été aspirés par ma pompe (cf. jeudi 30 novembre 2017). Ils allaient jouer les remplaçants ! Je les ai donc installés au milieu des huitres.

huitres, grattons
Grattons déguisés en crevettes


L’alternance gustative huitre/grattons/muscadet a parfaitement fonctionné, autosatisfaction validée par ma codégustatrice et néanmoins épouse. Je suis plutôt content de cette invention, mais oui !

Pour conclure après ce rapprochement bourguigno-charentais, j’ai dirigé mes papilles vers Nice.
En passant par le placard j’avais repéré un petit bocal. Il devait faire l’affaire pour conclure ce repas.

babatchou, Nice
Babatchou pas nigaud


Un peu trop sucrés à mon goût, ces Babatchous, mais le puissant parfum des citrons locaux faisait oublier cet inconvénient.

babatchou
Et trois boules de pâte...


Oléron, Lyon, Nice…  J’avais réussi à inscrire un triangle dans l’hexagone.

Je suis le professeur Cosinus de la gastronomie !

Cosinus essayant de prendre la tangente

mercredi 6 décembre 2017

Hongrois rêvé

J’affectionne les produits de haut goût réalisés en enfermant dans un boyau ou une panse un hachis d’abats mélangé à une céréale et parfumé d’herbes et d’épices.
Ils se déclinent un peu partout dans le monde.

Quand j’étais étudiant, j’ai découvert la saucisse osbane tunisienne dans un petit restaurant du Quartier latin qui miraculeusement existe encore, le menu et le décor inchangés depuis près d’un demi-siècle, seule ayant disparue la demi-tête de mouton grillée pourtant délicieuse, victime collatérale de la vache folle. Foie, cœur et poumons d’agneau avec riz, parfumée d’épice et de menthe hachée. Malheureusement, je n’ai pas réussi à en acheter pour cuisiner chez moi. Introuvable, sauf peut-être à écumer toutes les boucheries tunisiennes de Belleville ou de la banlieue nord… Se procurer les ingrédients pour la confectionner soi-même ne doit être guère plus facile.

Le célèbre haggis écossais, plat dont je me délecte en vouant aux gémonies le pitoyable Jacques Bodoin flanqué de son moche pantin, porte-parole de la crétinerie, que je qualifierais de franchouillarde si je ne détestais pas ce mot, de ceux qui se croient les rois de la gastronomie alors qu’ils ne se goinfrent que de pizzas Hut ou de cassoulet William Saurin  - je ne mettrai donc pas de lien vers le sketch imbécile sur la panse de brebis farcie de ce comique pas drôle-, le célèbre haggis, disais-je avant de me laisser emporter par ma rancœur, est plus facile à trouver. Mon seul regret, c’est que la version traditionnelle ne convient que pour une grande tablée. Pas terrible pour un asocial comme moi... Mais, si le visuel n’y est pas, les versions sous dimensionnées contiennent la même farce : foie, cœur et poumon de mouton, avoine, oignon, épices dont de la muscade. Alors je m’en satisfais quand même…

Et, il y a un an environ, j’ai découvert le májas hurka hongrois, sorte de boudin offrant dans un boyau de porc : foie,  poumon, couenne et tête de porc, riz, oignon, poivre, paprika, marjolaine, cumin. Je l’avais alors accompagné de tarhonya  (sorte de spätzle hongroises) parsemées de paprika, d'une tranche de betterave rouge en pickles et, dans une coupe de poivron vert, de la sauce raifort.

hurca, boudin hongrois, tarhonya
...en décembre 2016


Pendant plusieurs mois, ce boudin n’était plus disponible et mes envies se virent frustrées. Mais, sans doute avec l’arrivée du froid, alléluia, májas hurka est de retour !
Alors j'ai pu me faire plaisir, et, tant qu’à faire, j’ai concocté un petit festin à la hongroise. Sans trop me fatiguer…

Pour débuter, un petit amuse-gueule, des sajtos pogácsa, petits gâteaux salés au fromage légèrement parfumés de cumin que je n’ai eu qu’à tiédir au four.

gâteaux salés, Hongrie, pogacsa
Trinités


Puis la vedette principale, mes boudins, que cette fois-ci j’ai accompagné de csalamádé, émincé de légumes aigre-doux (choux, poivrons, concombres, tomate verte, pastèque). Là encore, pas grand travail : j’ai réchauffé les boudins dans une poêle sur du bon saindoux de Lozère et j’ai pris des ciseaux pour ouvrir le sachet contenant les légumes. Toutefois, afin d’atténuer ma mauvaise conscience de paresseux, j’ai découpé à la mandoline quelques tranches fines de betteraves du jardin que j’ai laissé mariner une dizaine de minute dans le jus obtenu en égouttant l’émincé avant de les déposer sur les assiettes.

hongrie, boudin au foie, légumes aigre-doux
...en décembre 2017


Est arrivé ensuite sur la table le fromage, du hajdusagi parenyica sajt. Sa forme est amusante, car il est obtenu à partir de rubans cuits à la vapeur et enroulés en spirale. Quant au goût, il est assez proche de celui de la scarmoza fumée…

parenyca sajt, fromage hongrois
Il s'est fait rouler


Comme je ne me refuse rien, ce fut fromage et dessert.

Nous avons donc terminé ce repas par des tranches découpées dans un beigli, gâteau roulé au pavot.
Pas désagréable, mais quand même moins savoureux que ceux que j’ai pu jadis déguster en Pologne…

gâteau au pavot, roulé
Lui aussi s'est fait rouler


Pour arroser ces petites agapes, j’ai débouché une bouteille de vin de Tokaj :  un Diókút Hárslevelü, vin blanc sec de 2011. Il a répondu à mes espérances en s’accordant parfaitement avec le plat, ce qui n’était pas forcément chose facile.

tokaj
Complétement tokaj !



En clôture, comme je suis raisonnable, je n’ai pas ouvert la bouteille d’eau-de-vie de coing elle aussi magyare qui pourtant me faisait de l’œil.
En revanche, après le bon espresso de café du Kenya, j’ai allumé un Chaman Corona de la manufacture portoricaine Vegas de Santiago. Encore une tripe que j’aime bien !
Bien que le plaisir fut moindre que lorsque j’en ai fumé un lors de la Journée mondiale sans tabac…

lundi 4 décembre 2017

Saveurs

Saveurs …ou pas.

En feuilletant la revue éponyme, nous sommes tombés sur une recette qui paraissait adaptée  à satisfaire les goûts prudents de nos jeunes visiteuses du lendemain : un parmentier de cabillaud au curry. Son aspect ne devait pas rebuter des âmes aux dégoûts trop faciles…

parmentier, cabillaud, corandre, curry
Cabillaud terré sous la patate


Aussi, le matin suivant, la préparation de ce plat commençait.
En premier lieu, la cuisson du dos de cabillaud à la vapeur durant une dizaine de minuter.
Puis la confection de la purée montée au beurre et au lait et parfumée d’une cuillerée de curry.
Pour terminer, montage dans le plat : poisson émietté parsemé de coriandre ciselée, puis purée parsemée de noisette de beurre, et enfournage pour un quart d’heure au four à 180°C.

parmentier de cabillaud
Ma version...

Le plat est arrivé sur la table et les parts pour grands et petites furent prélevées.

parmentier au cabillaud, curry, coriandre
Vue en coupe


Un point positif, les jeunes consommatrices ont ingéré sans rechigner.
Pour cause, ce plat était parfaitement insipide. Outre l’aspect à ne pas casser trois pattes à un canard (même sur la photo de la revue, vraiment pas la peine de faire appel à une styliste pour le concocter !), la cuillerée de curry passait inaperçue, bien en dessous de la note parfumée la plus subtile, la coriandre n’apportait qu’un vague couche de feuilles verdâtres sans le moindre intérêt, la cuisson ayant fait s’évaporer dans une part des diables les essences aromatiques -ce qui était à prévoir…- et le poisson, après la double cuisson vapeur et à l’étouffée sous la purée ne présentait aucun intérêt gustatif.
Bref, une recette à oublier, comme beaucoup de celles qui figurent dans les revues  uniquement pour emplir les pages de photos joulies joulies (ou pas).



En revanche saveurs à gogo dans le plat du lendemain : une tarte au maroilles.
Le fromage utilisé avait atteint un point culminant dans la poursuite de son affinage.

maroilles
Carré de maroilles


Pâte brisée maison étalée et revêtant un moule à tarte à bord haut, séjour d’une heure au frigo, piquage à la fourchette, tranches de maroilles posées dessus, versage d’un appareil constitué de 25cl de crème liquide, de deux œufs entiers et un jaune, le tout battu avec une cuillerée de carvi et force poivre noir moulu, enfournage 40mn à 190°C, puis baisse à 180°C, refroidissement quelques minutes avant démoulage, et le tour était joué.


tarte au maroilles
Carré devenu rond

Un régal !

tarte au maroilles
Rond devenu triangle

dimanche 3 décembre 2017

Épaule glandue

Je me suis acheté une Paletilla Bellota 100% ibérico puro, ce que je traduirai, parlant l’espagnol comme une vache française, par Épaule Glandue 100% pur espingouin.
Elle est entrée chez moi en montrant patte noire…
L’épaule est d’un prix plus raisonnable que le jambon et d’expérience me parait aussi goûteuse – présentant peut-être une proportion un peu supérieure de gras, ce qui ne me rebute personnellement pas le moins du monde, mais offrant en revanche l’avantage d’être moins volumineuse que son frère arrière, ce qui est un avantage pour une consommation familiale en petit comité à ne pas éterniser…

Je viens d’entamer cette pièce à l’aide de ma rapière spécialisée, mais avec une technique qui l'est moins...

Bellota, pata negra, épaule, découpe
Dans son carcan...


Pour  épauler cette épaule espagnole, j’ai fait appel aux brigades internationales :

Concombres sauvages du Liban en pickles
Cresson bien français né en Essonne
Huile lusitanienne, don d’un ami d’origine portugaise la produisant avec les olives de sa propriété familiale (merci à lui !)
Vinaigre balsamique traditionnel de Modène (hélas je ne connais personne natif de là-bas…)



paletilla bellota, concombre sauvage, salade de cresson
Assiette de Paletilla Bellota

Nous fûmes bombardés de saveurs et d’arômes..

vendredi 1 décembre 2017

Douces caillettes


Ô mes caillettes ! Que vous étiez  douces !

Vous êtes arrivées chez moi en chantant :

Nous sommes deux sœurs jumelles
Nées sous le signe du Lyon
Mi fa sol la mi ré, ré mi fa sol sol sol ré do


Je vous ai laissé vous réchauffer encore emmitouflées. Vous avez barboté dans le bain-marie que j’avais préparé avec amour.
Pendant ce temps je vous avais dressé un douillet lit doré avec des tranches de bintjes sautées à cru en compagnie de fines découpes à la mandoline d’oignon et d’ail dans un mélange d’huile d’olive et de beurre.
Je vous y ai posées avec délicatesse et ferveur et vous en êtes sorties tout attendries.

caillettes
Mes sœurs jumelles


Tu parles d’une couche confortable ces patates qui puaient l’ail. Bonjour le romantisme ! Autant s’allonger à même le sol sol sol ré do !