samedi 1 juillet 2017

Six fleurs et six boulettes

En prospectant un de mes marchés favoris, j'ai eu l'oeil attiré par l'or de fleurs de courgettes venant visiblement d'être cueillies.
Moi qui en général ne découvre que de tristes pétales flétris sur les étals, je ne pouvais que sauter sur l'occasion. D'autant plus qu'à leur côté se trouvaient de petits poivrons blancs et noirs à la peau  bien brillante. Il y avait encore de ces tomates bien pleines de chair goûteuse dont je m'étais régalé la semaine précédente, de variété inconnue, car visiblement ce maraîcher et surtout ses vendeuses ne pratiquent pas le culte de la dénomination comme accroche commerciale. Je ne lui en tiendrai pas rigueur, car l'élément principal du contrat est rempli : ses légumes et ses fruits sont excellents.
Eh voilà, je mets dans ma charrette mes six fleurs, mon poivron blanc, mon poivron noir, mes tomates et... Mais cela est une autre histoire !
Je n'ai pas trop de recette en tête, mais qui dit farci dit farce, alors je vais chez le charcutier et fais l'emplette d'un peu de chair à saucisse et de deux andouillettes ...mais cela est une autre histoire !

Rentré à la maison, je passe à l'improvisation de la recette.

Je verse dans une bassine mes 240g  de chair. Je fouille dans le placard, pas de chapelure..
De la mie de pain trempée ? J'ouvre le frigo, pas de lait...
Bon commençons par hacher les herbes, l'inspiration me viendra peut-être pendant ce temps :
thym classique, thym citronnelle, pimprenelle,sauge, ail nouveau. Je râpe un soupçon de zeste de citron vert.

J'ai trouvé, je vais ajouter du fromage frais de chèvre  -le tiers d'une bûche de fromage de Sainte-Maure mort-né (ça sonne mal, mais ça goûte..).
Je suis très prudent sur le sel car la chair est assaisonnée, mais donne quelques tours de moulin de poivre noir et relève d'une bonne pincée de piment d'Espelette (au prix où l'on me l'a vendu au supermarché, il me faut le rentabiliser !).
Je mélange bien le tout et partage en six parts égales : les six boulettes...

Comme je crains que ces boulettes, même oblongues, ne sauraient être suffisamment cuites au moment où les légumes seront à point, je pratique une pré cuisson.



fleurs de courgette, farce
Six boulettes
Puis j'introduis ces six boulettes entre les pétales des six fleurs.
Il ne me reste plus qu'à disposer dans un plat en compagnie des découpes de poivron, à arroser d'huile d'olive, et à enfourner pour environ un quart d'heure à 180°C.
 
 
fleur de courgette, poivron blans, poivron noir
Six fleurs
 
Pendant ce temps je partage une tomate en deux hémisphères que je fais chauffer doucement à la poêle sur un léger trait d'huile d'olive.
 
 
Je peux dresser les assiettes. Je fais tomber quelques gouttes de balsamique blanc afin de conférer à la fois une pointe d'acidité et de sucre.
 
 
 
fleur de courgette farcie
Six fleurs et six boulettes
 
 
 
Constat : la farce est parfumée, de bonne tenue mais pas trop compacte.
 
 
fleur de courgette, farce
Coupe de fleur
 
 
Certes, je n'obtiendrais pas les suffrages de méridionaux dogmatiques, mais pour ma part je suis satisfait. Et mon épouse aussi.
Alors comme nous sommes ceux qui dégustons ces assiettes, tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes.
 
 

mercredi 28 juin 2017

Vendéen : usage de faux

Eh non, il ne s'agit pas de l'arme des insurgés vendéens...


Vendéen
Vendéen attendant le débarquement d'armes et de munitions



Non, c'est moi qui puis être accusé d'usage de faux pour mon plat :



jambon, Vendée, jambon vendéen, mojettes
Faux jambon vendéen et fausses mojettes

 
Faux, d'abord, le jambon qui n'avait rien à voir avec le succulent jambon vendéen. Celui-ci était outrageusement sec et hypersalé. Honte au petit artisan qui nous a vendu depuis sa camionnette sur le marché d'épaisses tranches de ce jambon de sa production dont nous lui avions pourtant bien fait connaître la destination alors qu'il devait bien savoir qu'il n'était consommable qu'en fines tranches crues -et encore....
 
Faux ensuite ces prétendues mojettes, achetées en bocal cuisiné, qui n'en avaient ni le goût ni la texture.
Il est vrai que je n'ai à m'en prendre qu'à moi, qui n'ai pas vérifié la présence du Label Rouge qui figure sur les excellentes préparations de mojettes que j'ouvre en mes jours de paresse...
 
Bref, le fiasco dans toute sa splendeur !
 
 
 
 
 
 


mardi 27 juin 2017

L'excellence de leur tête

Vous ressemblez à une asperge. Vous êtes longue et mince, votre parfum n'en évoque aucun autre, et rien sur terre n'égale l'excellence de votre tête.

Amélie Nothomb  ( Barbe bleue )



Sans doute mes dernières asperges de la saison.
Elles ont déjà la tête dans les nuages.


asperges
Dernières asperges
 
Un plongeon de neuf minutes, et elles viennent s'allonger sur un quai embrumé.
 
 
Queues des brumes


On remarquera le style davidohamiltonien de la photographie ci-dessus, résultat d'une opportune trace de buée sur l'objectif. La différence entre Hamilton et moi, c'est qu'au lieu de braquer mon appareil vers de jeunes asperges, j'ai choisi des sujets en pleine maturité.



lundi 26 juin 2017

Duhomard et du lapin


Un homard quelque peu faraud se vantait d’être à l’origine de la création d’un apéritif, le Duhomard.

Moi qui suis allé à Thouars, j’ai une certitude : c’est un mensonge. En effet si un homard accroché facétieusement à la ligne d’un pêcheur dans la petite rivière Argenton serait bien à l’origine de ce produit, les faits ont eu lieu en 1926.



Duhomard, Thouars
La pêche miraculeuse




Duhomard, Thouars
Il est né le dit vin Duhomard


Ce homard était tout, sauf sénile ! Menteur, car pas né.  Au mieux, c’était un de ses aïeux qui caracolait chevauché par un groom…


Duhomard, Thouars
Le service est un peu cavalier



Un jour il croisa en chemin deux jeunes lapins fraîchement diplômés des écoles qui venaient en ville fêter leur réussite. Ils sympathisèrent, il raconta sa prétendue histoire, et tout naturellement les invita à déboucher une bouteille de Duhomard. 
« Ça devrait vous plaire, il y a des herbes ! »

Et ça leur plut ! Ils finirent la bouteille, en débouchèrent une autre.
Les lapins se prirent à rêver de leur avenir.
« Moi je ferai carrière rue de Garenne…
- Moi j’ai un piston au Ministère du développement du râble ! »

Bientôt ils s’écroulèrent. Quand ils reprirent conscience, ils gisaient dans un liquide gluant, parmi des débris d’échalotes, d’oignons et de champignons. Ils crurent voir du sang, ce n’était que de la tomate. Seules les feuilles de persil les réconfortèrent.


lapin, Duhomard, sauce
Mon lapin

L’un deux ricana : « On devrait écrire en lettres de sauce sur les murs de notre hôte thouarsais - au fait, où est-il passé ? - cette inscription : Duhomard m’a Thouet
L’autre, plus calculateur, s’indigna : « Ah oui, tu veux que notre mésaventure se sache… Pourquoi pas sur notre C.V., pendant que tu y es ! »

Moralité 

Un lapin ambitieux doit se méfier de trop fréquenter le homard, quand il est là, la casserole n’est pas loin…

 

 

Quant à moi, qui suis un pur scientifique et un scientifique pur, je contemple les quatre pattes avant de lapin achetées à un éleveur local baignant dans la sauce au Duhomard blanc (les cuisses pas l’éleveur) qui gisent à côté des castellane pompeuses de jus et de la garniture de champignons de Paris sautés à la poêle dans du beurre fermier.



lapin, Duhomard, sauce
Deux : jumelles ou cousines ?


Problème

Nous avons quatre cuisses. Quelles sont les probabilités respectives qu'elles proviennent de :

1 lapin
2 lapins
3 lapins
4 lapins

s
achant qu’elles sont extraites d’une caisse de 2n cuisses emplie par l’éleveur.

Un coup de pouce : la probabilité qu’elles proviennent d’un seul lapin est nulle…

Après cette aide, yapuka.  🙇

N.B. On fera l’hypothèse que les cuisses n’ont pas été déposées dans l’ordre d’abattage, et que le vendeur ne les prélève qu’au hasard ou à la tête du client , excluant une systématique d’extraction symétrique à l’ordre d’un dépôt ordonné.

Je ramasse les copies que l’on voudra bien remettre en cliquant sur le bouton x commentaires, la variable  x pouvant malheureusement être restée à la valeur aucun.
 

 

 

samedi 24 juin 2017

Encore des bêtes à cornes...

Vaillants petits !
Il fallait les voir, ces bigors ramper et grimper avec vigueur sur les parois de la fosse Tupperware où je leur avais donné l'ordre de se jeter.


Bande de feignasses !!!


Magnifiques guerriers portant cranement leurs bérets fantoches penchés  sur l'oreille. Il y en a même un qui a eu le courage de s'encombrer d'un sac à dos !



bigorneaux, fruits de mer
Bigors en action 


Aussi ai-je un petit coup au coeur quand leur parcours du combattant se termine  par une plongée de  7 minutes dans l'eau bouillante salée, très salée. Quelques uns ont bien tenté d'improviser un radeau de fortune avec des feuilles de laurier et un piment de cayenne, mais peine perdue, ils  gisent comme les autres au mileu de grains de poivre.

Hommages à ces bigors qui se sont sacrifiés, en compagnie de palourdes, de praires et de crevettes, pour honorer mes deux assiettes où  se pavanaient des huitres provenant de l'île de Ré.
Mauvaise nouvelle cependant : l'ostréiculteur m'a fait la confidence de l'échec du débarquement des huitres irlandaises, pourtant si gaillardes d'ordinaire, elles n'avaient pas supporté la chaleur du jour le plus long.



plateau de fruits de mer, huitres, palourdes, praires, crevettes
Les huitres et leurs renforts




vendredi 23 juin 2017

La Parthenaise

Il me souvient que le 10 octobre 2016, titillé par la Muse,



parthenaise, côte
Ma Muse


j'ai écrit cette oeuvre qui eut pu être immortelle si des malfaisants n'avaient pas décidé de faire passer dans le néant le forum qui lui servait d'écrin.
Je tente donc une manoeuvre d'évacuation.



LA PARTHENAISE

 

 
REFRAIN


Aux armes, carnivores !
Formez vos bataillons !
Tranchons, tranchons !
Qu’un sang bien pur
Abreuve nos quignons !

COUPLETS

Allons ! Enfants de la prairie !
Le jour de gloire est arrivé !
Pour nous de la métairie
La côte de bœuf sanglante est levée !
Entendez-vous dans les campagnes
Mugir ces paisibles bovins ?
Ils viennent par tous chemins
Pour gaver vos fils, vos compagnes.

Tremblez, vegans et vous perfides,
L’opprobre de tous les gourmets !
Tremblez ! Tous vos plats insipides
Ne vont connaître que le rejet.
Tout est soldat pour vous combattre.
S'ils tombent, nos jeunes taureaux,
La terre en produira de nouveaux
Contre vous tout prêts à se battre.



Après mûre réflexion, je me demande si en fait de Muse il ne s'agissait pas plutôt de l'une des trois Grasses...



Grasses qui font Mumuse
 

 
 

mercredi 21 juin 2017

Côte d'alerte !

Eh bien nous y sommes en plein, dans l'alerte canicule émise par Météo France.
Alors la solution pour préserver la relative fraîcheur entre les murs (quoique maintenant on ait atteint 25°C...) et cependant manger chaud fut, hier, de se livrer aux délices du barbecue.

J'avais acheté une belle parthenaise.



Belle Parthenaise



Pardon, je ne maîtrise pas complétement la gestion de mes archives...

Je reprends donc et précise :

J'avais acheté une côte de boeuf de la race parthenaise - belle, bien sûr.


côte de boeuf, parthenaise
Belle parthenaise
J'ai commencé par préparer les braises dans le barbecue.

Le feu est à point (moi aussi sous le soleil...).
Je pose sur les braises des pommes de terre primeurs de Noirmoutier de la vatiété Lady Christl
l enrobées de papier d'aluminium. La côte suivra sur le gril dans une vingtaine de minutes.
Pendant ce temps, je prépare une sauce pour accompagner ces pommes de terre.

Ingrédients :
créme fraîche épaisse Graindorge à 42% de M.G. - 20 cl
fleur de thym - qsp
estragon - qsp
pimprenelle - qsp
jus de citron jaune - qsp
poivre de Kampot - 4 tours de moulin
poivre sauvage de Vatsiperifery - 2 tours de moulin
sel - 1 bonne pincée
qsp : quantité selon pifomètre

C'est le moment d'aller déposer la côte sur la flamme du charbonnier inconnu. Je la sale, le poivre n'interviendra qu'après cuisson.
J'ajoute sur les braises des branchages taillés sur le pied de romarin - la fumée dégagée par ce bois encore vert viendra parfumer la viande.
La parthenaise et moi, nous poursuivons notre cuisson. Pour tout arranger, impossible de remettre la main sur la pince longue, je dois retourner  viande et pommes de terre avec la petite pince. Je me sens de plus en plus sur la même longueur d'onde que Saint Laurent (mais non, pas Yves, il n'a pas fini en tournedos...).


gril
Sur le gril

La cuisson poursuit son petit bonhomme de chemin...



côte de boeuf, parthenaise, pommes sous la cendre, barbecue
Sur la braise

Une vingtaine de minutes plus tard, la côte me semble cuite à point.
Je regagne mes fraîches (relativement...) pénates.

Eh bien oui, c'est cuit comme nous aimons...


côte de boeuf, parthenaise;
De la viande sur la planche...mais pas que.


Du poivre noir du moulin, une pincée de fleur de sel de je ne sais où, et nous nous régalons de cette viande parthenaise très goûteuse, et dont la mâche n'exclue pas pour autant une extrême tendreté.
En revanche si la sauce est une réussite (la fausse modestie n'est pas de mise, de l'authentique, rien que de l'authentique !), bien que bonnes, les pommes de terre de Noirmoutier se révèlent un peu décevantes par rapport au délice qu'offraient celles du maraîcher loudunais qui les vendait sur un marché de Touraine...