Attiré par leur aspect et leur appellation princière, j’avais incarcéré des pâtes Zita dans mon placard.
Le jour était arrivé d’en libérer une poignée pour un repas du soir.
Bof, me dis-je, il s’agit en quelque sorte d’un croisement entre macaroni et spaghetti, no problemo pour la cuisson…
Je mets donc à bouillir une bonne quantité d’eau dans une grande casserole, je la sale suivant la règle d’or 10 grammes pour 1 litre (à pesée de pif…). Quand la tempête se lève sur cette petite mer intérieure, je la joue à la spaghetti : je me saisis de la susdite poignée de pâtes pour la lâcher en éventail au milieu des flots tourmentés. Je sais bien que la cuisson ne commencera que sur la longueur immergée, mais un assouplissement rapide me permettra d’enfoncer le reste sous l’eau.
Las, ça ne se déroule pas comme prévu ! Zita n’a pas la minceur d’un spaghetti, c’est une dure à cuire. Le ramollissement se fait attendre, et, pire, la casserole est hérissée sur ses bords de tuyaux rigides qui servent d’exutoire à l’eau bouillante. Une nouvelle fontaine est née à Versailles !
Horreur, ses jets inondent le dessus du fourneau et même le carrelage de la cuisine. Il me faut poursuivre à petit feu jusqu’au moment où je puis enfin faire plier Zita… Au bout de sept minutes, je goûte : parfait, à la limite de l’al dente. C’est ce que je voulais pour mon projet.
Néanmoins, il n’aurait pas été inutile de lire ce texte figurant sur le site du fabricant :
Dans le Sud de l’Italie le mot "Zita" indique la mariée, c’est pour cette raison que ce format est traditionnellement associé aux mariages et représente le protagoniste du festin.
La tradition veut que la Zita, caractérisée par une épaisseur et une rugosité importantes, soit coupée à la main en morceaux irréguliers avant d’être mise dans la casserole pour la cuisson.
Je n’en poursuis pas moins la réalisation du plat que j’avais en tête.
Avant la cuisson partielle des pâtes, j’avais fait blondir au fond d’une poêle dans un bond trait d’huile d’olive une poignée de gousses d’ail dégermées et laissé infuser.
Je remets cette poêle sur le feu et y verse les pâtes en les arrosant de trois louches d’eau de cuisson.
J’avais aussi haché trois branches de persil et un zeste de citron. J’en jette la moitié dans la poêle et je remue le tout.
Quand presque toute l’eau est évaporée, j’éteins le feu et je fais tomber de fines lamelles de poutargue. Je donne un tour de moulin de poivre rouge. Je brasse afin que Zita soit enrobée de cette sauce sèche qui est un concentré de parfums.
Je termine en recouvrant du reste de persil et de zeste de citron.
Et dire qu'il y en a pas loin de cinq mètres.... |
À table !!!
Bof, me dis-je, ce ne fut pas chose aisée que cette préparation, il y a aussi de l’éponge et de la wassingue dans l’air, mais nous allons nous régaler.
Las, ça ne se déroule pas comme prévu ! Zita n’a pas la minceur d’un spaghetti…
Nous nous régalons, certes, mais Zita ne se laisse pas enrouler autour d’une fourchette.
Dieu merci, la sauce est sèche, ce qui facilite la manœuvre, mais pas d’autre solution que de se servir d’un couteau pour obtenir des longueurs manipulables - à moins de la jouer à l’asiatique
ce qui n’est peut-être même pas viable, l’aérophagie du sujet étant plus probable avec un tel tuyau que le patinage lingual de l’aliment.
Ben oui, c’est avant que j’aurais dû couper…