samedi 14 décembre 2019

Ventrées de ventrèche

Elle avait fait bon usage, cette ventrèche bien roulée.



Mais voilà, tout a une fin, en l’occurrence la DLC pour ce coup de filet porcin.
Alors je me débrouille pour que l’on puisse applaudir cette habituée des seconds rôles dans ses dernières représentations.


La première mise en scène est une omelette baveuse où elle côtoie quelques tranches d’un vieux comté encore plus âgé qu'elle.

ventrèche
Déroulement de la ventrèche


Un céleri de bonne branche encore vert tente de prendre les devants de la scène, mais on sait bien qu’il n’a rien à faire ici, au milieu de ces vétérans.

omelette, ventrèche, comté
La preuve par l'œuf



L’ultime lever de rideau se passe sur fond de purée de pois cassés que l’on pourrait qualifier de robuchonienne en regard de la quantité de beurre incorporée.
Pour ce rôle à contre-emploi, notre ventrèche s’est immergée plus d’une heure dans un bouillon.
Ses derniers mots furent : « Ça me rappelle le climat de mon Pays Basque natal… ».

pois cassés, ventrèche
Il sont cassés,  mangeons les !


Alea acta est…
Requiescat In Ventrem !

jeudi 12 décembre 2019

Oca,zou !

Notre jardin, c’est pas le Pérou !
Et pourtant il y pousse de l’oca. Ou plutôt il y poussait, car l’arrachage vient d’en être effectué.
L'oca est est là, sur le plan de travail de ma cuisine, à l’exception des plus beaux tubercules partis à la cave dans le noir, le frais, et l’attente d’un enfouissement au printemps pour une nouvelle récolte.

oca du Pérou
C'est l'oca..


Mais pour le moment, il s’agit de les cuisiner.



Ce sera le plus simplement du monde : je les blanchis une dizaine de minutes dans de l’eau salée, puis finis la cuisson dans du beurre mousseux comme de vulgaires pommes de terre. Sauf que j’ai échappé à la corvée de pluches !

oca du Pérou
Oca cuit


Le cousinage de l’oca du Pérou avec l’oseille m’incite à le servir avec du poisson. En l’occurrence ce sera un pavé de saumon (ouais, je sais, ça n’a rien de très péruvien…) cuit à l’unilatéral.

saumon
La chaleur monte


saumon à l'unilatérale
Une peau bien croustillante


Le repas obtenu est simpliste, mais agréable
La prochaine fois, j’essayerai de préparer un plat plus élaboré, comme le cari oca, une spécialité de la cité de La Peur.

oca
Citoyens de La Peur pendant la Fête du Cari Oca


Mais aujourd’hui ce n’était déjà pas si mal. J’ai connu des ocas pis !

mardi 10 décembre 2019

Risoletto

Pris d’une envie de teurgoule, nous dûmes bien entendre raison : le riz était là, mais il ne restait qu’une bouteille de lait déjà entamé. Or, comme chacun sait, le grain de la teurgoule est un assoiffé qui ne s’épanouit que dans une piscine lactée.
Je n’allais pas pour autant me laisser abattre. Je venais fort opportunément de découvrir une recette de risotto rhum raisin au cours de mes pérégrinations culinoblogoshpérotoilesques. Pour être plus précis et rendre à Irisa ce qui est à Irisa, c’est sur le sympathique blog Cuisine et Couleurs que cette création dont je vais m’inspirer a attiré mon attention. De quoi remplacer la teurgoule !

Alors je sors ma casserole, y fais fondre une noix de beurre dans laquelle une poignée de riz arborio va nacrer. Des raisins secs ont été mis à tremper dans un verre de bon rhum agricole martiniquais.
Je verse sur le riz - en substitut de l’échalote et du vin blanc. Ensuite le lait chaud, parfumé d’une gousse de vanille et d’une cuillerée de cannelle en poudre, et sucré avec modération, endosse le rôle du bouillon. Tout en touillant, je l’incorpore par petites louchées successives.
Une bonne vingtaine de minutes plus tard, j’obtiens un risoletto alle vongole. Il est suffisamment crémeux pour que je n’aie pas besoin d’ajouter un quelconque liant.
Nous le dégustons encore tiède, et, finalement, nous avons la sensation d’une teurgoule émancipée, avec une touche plus aérienne. Comme le rhum et les raisins savent demeurer discrets, montrant le bout de leur nez mais ne s’imposant pas sur le devant de la scène, c’est parfait.

risotto sucré
Risoletto, le riz s'amuse




Il me vient à l’idée d’autres créations de risotto sucré : vin doux, bouillon d’herbes comme de la verveine par exemple avec une liaison mascarpone et miel - que sais-je encore.
Mais ceci est une autre histoire que j’écrirai (peut-être…) dans le futur…

mardi 3 décembre 2019

Novembre rouge

Rouge comme les feuilles d’un chou.
Rouge comme la robe d’un vin de Pays d’Hérault
Rouge comme la tranche d'un rôti de biche
Rouge comme les baies de cranberries.



LE CHOU

Je tranche le chou à l’aide d’une mandoline afin d’obtenir d’étroites lanières.
Je le verse dans une grande casserole où fond une cuillerée de graisse d’oie et l’y fais suer saupoudré d’une pincée de sel durant six ou sept minutes en brassant de temps à autre. Puis je l’arrose d’un demi-verre de Melfor et remue pour bien imprégner le chou. Je verse ensuite la moitié d’une bouteille de vin rouge de Pays d’Hérault.
Pendant le temps que met le liquide pour monter en température et commencer à bloublouter j’écrase au mortier sur le lit constitué par une bonne pincée de gros sel : six baies de piment de la Jamaïque, deux clous de girofle, une petite cuillerée de grains de poivre blanc de Panja, la moitié d’une petite cuillerée de poivre de Voatsiperifery. Je verse la poudre grossière obtenue dans la casserole, y ajoute une petite cuillerée de cannelle en poudre, une douzaine de baies de genièvre et une feuille de laurier.
Je laisse mijoter à feu doux une cinquantaine de minutes jusqu’à ce qu’il ne reste pratiquement plus de liquide.
Je réserve en attenant l’heure du repas.
Quand ce moment est arrivé, j’ajoute un demi-verre du même vin, deux cuillerées de vinaigre de cidre, quelques gouttes de Tabasco (rouge, bien sûr), et je remets sur le feu pour un bon quart d’heure en plongeant neuf pruneaux au sein du chou rouge et en déposant à la surface huit quartiers de pomme. Je les ai découpés dans une de mes variétés préférées, la goûteuse Clochard, achetée il y a quelques semaines dans son pays natal, les Deux-Sèvres.
Pour finir je transvase dans le plat de service après avoir donné un tour de moulin de poivre rouge.

chou rouge, vin, vinaigre
Clochard dans les choux



LA SAUCE

Il me reste des cranberries échappées à la confection des muffins. Je les recouvre au fond d’une petite casserole en cuivre du jus d’une orange pressée. Je complète d’une petite cuillerée de cassonade, d’un verre de gros-plant et d’une cuillerée de balsamique blanc. Je n’oublie pas la pincée de sel. Je fais réduire jusqu’à ce que le liquide devienne sirupeux. Je réserve. Au moment de servir, je remets à température, rehausse de quelques tours de moulin de poivre rouge, vivifie d’un léger trait de jus de citron. Je sors la casserole du feu et vanne avec une noisette de beurre pour donner du brillant.

sauce aux cranberries
Concert de cranberries



LE RÔTI DE BICHE

Le rôti est emmailloté avec un morceau de barde, heureusement d’épaisseur raisonnable et ne servant pas de cache-misère pour une de ces pièces reconstituées qui explosent quand on enlève le ficelage unificateur.
Je commence par dorer à feu moyen toutes les faces assaisonnées du rôti resté une heure à température ambiante au fond de ma vieille poêle en acier sur une noisette de beurre. Puis j’enfourne à 160 °C pour huit minutes. Je sors alors la poêle sur laquelle je laisse reposer la viande le temps de la finalisation de la sauce - prenant bien soin de conserver la manique signalétique en place, car qui n’a pas saisi par distraction à pleine main nue comme cela m’est arrivé deux ou trois fois, la poignée ou le manche d’un ustensile tout frais (si j’ose dire..) sorti du four ne sait pas vraiment ce qu’est un souvenir cuisant !

rôti de biche
Biche, ô ma biche...


Je découpe sur une planche la viande débarrassée de ses affûtiaux superfétatoires, allonge les tranches sur un plat, parsème d’une pincée de fleur de sel et arrose du jus de cuisson.


rôti de biche, chou rouge
La biche et le chou



LE REPAS

Chacun s’est vraiment régalé, la biche était tendre et goûteuse, la sauce aigre-douce ben équilibrée réveillait à la fois la bête dans le plat et celle  qui dormait dans les convives carnivores. Je n’ai eu droit qu’à une plainte : j’aurais dû en préparer une plus grande quantité.
Mais c’est de mon chou-rouge que je suis le plus satisfait. C’est assurément le meilleur que j’ai jamais cuisiné et même simplement mangé. Il explosait de parfums dont la sauvagerie était refrénée par la douceur des pruneaux et de la pomme. La touche d’acidité affirmée évitait la lassitude et relançait la gourmandise.

Eh oui, je suis fier, mon chou rouge n’a pas fait chou blanc.
Pourtant il n’est pas toujours facile de ménager la biche et chou…

samedi 30 novembre 2019

Hibernata, ou la sauce à l'oreille cassée

N’étaient-ce la lumière ambiante et un curieux sentiment d’avoir le cœur froid, elle aurait bien cru n’avoir fermé les yeux que quelques secondes. Dans l’ouverture circulaire cernée d’inox, elle apercevait le même visage qui l’épiait. Eh bien non, elle avait dû dormir plusieurs minutes…
La chaleur l’envahissait peu à peu, et bientôt elle put se rendre compte qu’elle baignait dans un liquide parfumé. Une spatule blanche l’atteignit et un fragment se détacha de sa tempe. C’était une sensation nouvelle, elle qui n’avait été qu’un liquide comme celui dans lequel elle était plongée désormais. Elle s’aperçut tout à coup qu’elle-même retrouvait sa nature, qu’elle se fondait dans ce voisinage, et que peu à peu leurs deux corps s’accoupleraient pour ne faire qu’un. De ce mariage allait naître un nouvel être, comme elle-même résultait de l’union de ces moult tomates arrivées du jardin qui, dans ce même creuset où elle vivait une nouvelle étape, s’étaient mélangées ardemment bercées par les fragrances des herbes et des épices afin de générer ce qu’elle était : une sauce tomate.


Pas la peine qu’elle sache qu’elle a passé plusieurs mois dans le congélateur où je l’avais enfermée !
Elle accomplit sa mission comme une vaillante petite sauce tomate fraîche.

J’avais commencé par faire dorer sur toutes les faces des morceaux de poitrine de veau (avec os) assaisonnés dans un trait l’huile d’olive au fond d’un sautoir. Je les avais retirés et réservés pour les remplacer par un oignon haché finement, une petite échalote découpée en pétales. Ce mélange ayant sué à feu doux, j’y ai ajouté plusieurs petites - pour ne pas dire minuscules en raison de la sécheresse, mais très parfumées - gousses d’ail du jardin. J’ai versé la moitié d’une bouteille de gros-plant et une cuillerée de balsamique blanc qui ajoutera à la fois un peu d’acidité et de sucrosité.

J’ai déposé ma sauce tomate tout juste démoulée de son bac de plastique.
Je la vois fondre doucement et se répandre au fond du sautoir.

C’est fini, je brasse avec ma spatule blanche : une nouvelle sauce est née, enfin presque, parce qu’il me faut la mettre à réduire doucement après y avoir plongé mes morceaux de veau et un bouquet garni enfermant entre des feuilles de poireau des brins de thym et de marjolaine ainsi que des queues de persil et une feuille de laurier.
Je recouvre et laisse cuire à feu doux pendant un peu moins d’une heure en retournant les morceaux de veau de temps à autre.

sauté de veau à la tomate
Ah, la belle poitrine !


Un peu avant de servir, je prépare une gremolata en hachant persil, ail (cette fois-ci deux grosses gousses d’ail de Touraine débarrassées de leur germe) et zeste de citron. Je transvase le contenu du sautoir dans le plat de service après avoir donné un tour de moulin de poivre blanc de Penja, rectifié l’assaisonnement et ajouté le jus d’une moitié du citron ayant servi à fournir le zeste.
Je parsème de la gremolata.

gremolata
La gremolata, la gremolata … (air connu)


L’accompagnement consistera en des penne rigate cuits al dente.

sauté de veau, tomate, gremolata
Beau veau et sa remise de penne



L’été était revenu dans nos assiettes. Finalement, ma sensible et naïve sauce tomate avait raison : seules quelques minutes nous séparaient de la récolte sous un soleil de plomb…

penne, sauté de veau, tomate
On peut être (en novembre) et avoir l'été






Comme les infantes participaient au repas, la pâtissière maison, sans doute inspirée par la vue de mes manipulations de moules à mini-muffins durant ma brève carrière de traitamateur, a ressorti ceux de taille normale afin de concocter des muffins aux cranberries afin de tenter de régaler la jeune génération.
Ce fut le cas, même la cadette au bec salé n’a pas dédaigné ce dessert… Ni moi d’ailleurs, car ces muffins n’étaient pas trop sucrés.

muffins , cranberries
M'enfin, ce sont des muffins !



J’ai retrouvé l’impression de la recette, apposée à l'aide d'un aimant sur la face Est du frigo. Mais j’en ignore la source - alors toutes mes excuses auprès du contributeur anonyme pour ce piratage involontaire. Je résume ci-dessous :

On bat 100 g de beurre mou jusqu’à ce qu’il soit crémeux. On ajoute 175 g de sucre (quantité réduite volontairement à 120 g…), 2 œufs et une pincée de sel.
À part on mélange 250 g de farine et 2 cuillères à café de levure. Puis on l’ajoute alternativement avec 125 ml de lait dans le mélange beurre œufs. On incorpore les cranberries.
La cuisson dure une vingtaine de minutes à 175 °C. Laisser refroidir 5 minutes avant de démouler !



Alors, nous, les muffins, nous n’avons pas le droit à la parole pour faire part de nos états d’âmes ?
Peut-être sommes-nous trop bonnes pâtes…

- Ah, vous êtes gonflés de me dire ça. Non, c’est tout simplement parce que je croyais que vous ne parliez qu’anglais.




jeudi 28 novembre 2019

Plan B comme Beaujolais

Ayant réalisé un peu tard qu’allait arriver le beaujolais nouveau, je me trouvais fort démuni quand ce jour fut venu, n’ayant pas procédé à l’achat de sabaudet, saucisson à cuire ou toute autre spécialité lyonnaise apte à jouer le faire-valoir.
Il m’a fallu improviser un plan B pour cette cérémonie que je réitère chaque année, sans doute sottement, mais, à ma décharge, plutôt pour ponctuer le temps qui passe dans une dégustation rituelle plus chargée de souvenirs que d’extases œnologiques. Je m’efforce cependant de me diriger vers un vin plaisant produit par un vrai viticulteur. En l’occurrence, en ce jour, ce fut le Gamay Nouveau Les Griottes produit par le vigneron Pierre-Marie Chermette.
Cherchant dans mes provisions de quoi accompagner ce breuvage je me suis dit qu’une de ces remarquables terrines confectionnées par la maison Teyssier suivant des recettes de Stéphane Reynaud s’imposait, tant par sa saveur que par son appellation : La Terrine de Sanglier à l’Ivrogne.
Argument supplémentaire, elle se trouve sur le catalogue de Bobosse…
Il ne me restait plus qu’à compléter avec des fromages. J’ai sorti un excellent chabichou d’un éleveur du Mirebalais que j’avais acheté au marché de Neuville de Poitou, mais surtout un délicieux fromage de chèvre bien plus en situation car provenant d’une ferme dominant une vallée du Lyonnais.





L'ardoise est garnie. Bonne dégustation !




Je me demande si l’année prochaine je n’oublierai pas encore de cuisiner…

À vos harengs, fixe !

Me sentant brimé après la vision d’une fête du hareng à Dieppe où je n’étais pas présent, j’ai décidé d’organiser une version délocalisée de cet événement en mon appartement.
Il est vrai que ce n’était pas l’orgie harenguesque dieppoise…

Dans les rues de Dieppe


Mais s’ils se trouvèrent 100000 en dégustant au port, nous n’étions que 2 à partager cette fête.
Et même si la braise fut remplacée par un gril sans âme, c’était bien bon quand même.

hareng grillé
Dans ma cuisine