Pris d’une envie de teurgoule, nous dûmes bien entendre raison : le riz était là, mais il ne restait qu’une bouteille de lait déjà entamé. Or, comme chacun sait, le grain de la teurgoule est un assoiffé qui ne s’épanouit que dans une piscine lactée. Je n’allais pas pour autant me laisser abattre. Je venais fort opportunément de découvrir une recette de risotto rhum raisin au cours de mes pérégrinations culinoblogoshpérotoilesques. Pour être plus précis et rendre à Irisa ce qui est à Irisa, c’est sur le sympathique blog Cuisine et Couleurs que cette création dont je vais m’inspirer a attiré mon attention. De quoi remplacer la teurgoule !
Alors je sors ma casserole, y fais fondre une noix de beurre dans laquelle une poignée de riz arborio va nacrer. Des raisins secs ont été mis à tremper dans un verre de bon rhum agricole martiniquais. Je verse sur le riz - en substitut de l’échalote et du vin blanc. Ensuite le lait chaud, parfumé d’une gousse de vanille et d’une cuillerée de cannelle en poudre, et sucré avec modération, endosse le rôle du bouillon. Tout en touillant, je l’incorpore par petites louchées successives. Une bonne vingtaine de minutes plus tard, j’obtiens un risoletto alle vongole. Il est suffisamment crémeux pour que je n’aie pas besoin d’ajouter un quelconque liant. Nous le dégustons encore tiède, et, finalement, nous avons la sensation d’une teurgoule émancipée, avec une touche plus aérienne. Comme le rhum et les raisins savent demeurer discrets, montrant le bout de leur nez mais ne s’imposant pas sur le devant de la scène, c’est parfait.
Risoletto, le riz s'amuse
Il me vient à l’idée d’autres créations de risotto sucré : vin doux, bouillon d’herbes comme de la verveine par exemple avec une liaison mascarpone et miel - que sais-je encore. Mais ceci est une autre histoire que j’écrirai (peut-être…) dans le futur…
Rouge comme les feuilles d’un chou. Rouge comme la robe d’un vin de Pays d’Hérault Rouge comme la tranche d'un rôti de biche Rouge comme les baies de cranberries.
LE CHOU
Je tranche le chou à l’aide d’une mandoline afin d’obtenir d’étroites lanières.
Je le verse dans une grande casserole où fond une cuillerée de graisse d’oie et l’y fais suer saupoudré d’une pincée de sel durant six ou sept minutes en brassant de temps à autre. Puis je l’arrose d’un demi-verre de Melfor et remue pour bien imprégner le chou. Je verse ensuite la moitié d’une bouteille de vin rouge de Pays d’Hérault.
Pendant le temps que met le liquide pour monter en température et commencer à bloublouter j’écrase au mortier sur le lit constitué par une bonne pincée de gros sel : six baies de piment de la Jamaïque, deux clous de girofle, une petite cuillerée de grains de poivre blanc de Panja, la moitié d’une petite cuillerée de poivre de Voatsiperifery. Je verse la poudre grossière obtenue dans la casserole, y ajoute une petite cuillerée de cannelle en poudre, une douzaine de baies de genièvre et une feuille de laurier.
Je laisse mijoter à feu doux une cinquantaine de minutes jusqu’à ce qu’il ne reste pratiquement plus de liquide.
Je réserve en attenant l’heure du repas.
Quand ce moment est arrivé, j’ajoute un demi-verre du même vin, deux cuillerées de vinaigre de cidre, quelques gouttes de Tabasco (rouge, bien sûr), et je remets sur le feu pour un bon quart d’heure en plongeant neuf pruneaux au sein du chou rouge et en déposant à la surface huit quartiers de pomme. Je les ai découpés dans une de mes variétés préférées, la goûteuse Clochard, achetée il y a quelques semaines dans son pays natal, les Deux-Sèvres.
Pour finir je transvase dans le plat de service après avoir donné un tour de moulin de poivre rouge.
Clochard dans les choux
LA SAUCE
Il me reste des cranberries échappées à la confection des muffins. Je les recouvre au fond d’une petite casserole en cuivre du jus d’une orange pressée. Je complète d’une petite cuillerée de cassonade, d’un verre de gros-plant et d’une cuillerée de balsamique blanc. Je n’oublie pas la pincée de sel. Je fais réduire jusqu’à ce que le liquide devienne sirupeux. Je réserve. Au moment de servir, je remets à température, rehausse de quelques tours de moulin de poivre rouge, vivifie d’un léger trait de jus de citron. Je sors la casserole du feu et vanne avec une noisette de beurre pour donner du brillant.
Concert de cranberries
LE RÔTI DE BICHE
Le rôti est emmailloté avec un morceau de barde, heureusement d’épaisseur raisonnable et ne servant pas de cache-misère pour une de ces pièces reconstituées qui explosent quand on enlève le ficelage unificateur.
Je commence par dorer à feu moyen toutes les faces assaisonnées du rôti resté une heure à température ambiante au fond de ma vieille poêle en acier sur une noisette de beurre. Puis j’enfourne à 160 °C pour huit minutes. Je sors alors la poêle sur laquelle je laisse reposer la viande le temps de la finalisation de la sauce - prenant bien soin de conserver la manique signalétique en place, car qui n’a pas saisi par distraction à pleine main nue comme cela m’est arrivé deux ou trois fois, la poignée ou le manche d’un ustensile tout frais (si j’ose dire..) sorti du four ne sait pas vraiment ce qu’est un souvenir cuisant !
Biche, ô ma biche...
Je découpe sur une planche la viande débarrassée de ses affûtiaux superfétatoires, allonge les tranches sur un plat, parsème d’une pincée de fleur de sel et arrose du jus de cuisson.
La biche et le chou
LE REPAS
Chacun s’est vraiment régalé, la biche était tendre et goûteuse, la sauce aigre-douce ben équilibrée réveillait à la fois la bête dans le plat et celle qui dormait dans les convives carnivores. Je n’ai eu droit qu’à une plainte : j’aurais dû en préparer une plus grande quantité.
Mais c’est de mon chou-rouge que je suis le plus satisfait. C’est assurément le meilleur que j’ai jamais cuisiné et même simplement mangé. Il explosait de parfums dont la sauvagerie était refrénée par la douceur des pruneaux et de la pomme. La touche d’acidité affirmée évitait la lassitude et relançait la gourmandise.
Eh oui, je suis fier, mon chou rouge n’a pas fait chou blanc.
Pourtant il n’est pas toujours facile de ménager la biche et chou…
N’étaient-ce la lumière ambiante et un curieux sentiment d’avoir le cœur froid, elle aurait bien cru n’avoir fermé les yeux que quelques secondes. Dans l’ouverture circulaire cernée d’inox, elle apercevait le même visage qui l’épiait. Eh bien non, elle avait dû dormir plusieurs minutes… La chaleur l’envahissait peu à peu, et bientôt elle put se rendre compte qu’elle baignait dans un liquide parfumé. Une spatule blanche l’atteignit et un fragment se détacha de sa tempe. C’était une sensation nouvelle, elle qui n’avait été qu’un liquide comme celui dans lequel elle était plongée désormais. Elle s’aperçut tout à coup qu’elle-même retrouvait sa nature, qu’elle se fondait dans ce voisinage, et que peu à peu leurs deux corps s’accoupleraient pour ne faire qu’un. De ce mariage allait naître un nouvel être, comme elle-même résultait de l’union de ces moult tomates arrivées du jardin qui, dans ce même creuset où elle vivait une nouvelle étape, s’étaient mélangées ardemment bercées par les fragrances des herbes et des épices afin de générer ce qu’elle était : une sauce tomate.
Pas la peine qu’elle sache qu’elle a passé plusieurs mois dans le congélateur où je l’avais enfermée !
Elle accomplit sa mission comme une vaillante petite sauce tomate fraîche.
J’avais commencé par faire dorer sur toutes les faces des morceaux de poitrine de veau (avec os) assaisonnés dans un trait l’huile d’olive au fond d’un sautoir. Je les avais retirés et réservés pour les remplacer par un oignon haché finement, une petite échalote découpée en pétales. Ce mélange ayant sué à feu doux, j’y ai ajouté plusieurs petites - pour ne pas dire minuscules en raison de la sécheresse, mais très parfumées - gousses d’ail du jardin. J’ai versé la moitié d’une bouteille de gros-plant et une cuillerée de balsamique blanc qui ajoutera à la fois un peu d’acidité et de sucrosité.
J’ai déposé ma sauce tomate tout juste démoulée de son bac de plastique.
Je la vois fondre doucement et se répandre au fond du sautoir.
C’est fini, je brasse avec ma spatule blanche : une nouvelle sauce est née, enfin presque, parce qu’il me faut la mettre à réduire doucement après y avoir plongé mes morceaux de veau et un bouquet garni enfermant entre des feuilles de poireau des brins de thym et de marjolaine ainsi que des queues de persil et une feuille de laurier.
Je recouvre et laisse cuire à feu doux pendant un peu moins d’une heure en retournant les morceaux de veau de temps à autre.
Ah, la belle poitrine !
Un peu avant de servir, je prépare une gremolata en hachant persil, ail (cette fois-ci deux grosses gousses d’ail de Touraine débarrassées de leur germe) et zeste de citron. Je transvase le contenu du sautoir dans le plat de service après avoir donné un tour de moulin de poivre blanc de Penja, rectifié l’assaisonnement et ajouté le jus d’une moitié du citron ayant servi à fournir le zeste.
Je parsème de la gremolata.
La gremolata, la gremolata … (air connu)
L’accompagnement consistera en des penne rigate cuits al dente.
Beau veau et sa remise de penne
L’été était revenu dans nos assiettes. Finalement, ma sensible et naïve sauce tomate avait raison : seules quelques minutes nous séparaient de la récolte sous un soleil de plomb…
On peut être (en novembre) et avoir l'été
Comme les infantes participaient au repas, la pâtissière maison, sans doute inspirée par la vue de mes manipulations de moules à mini-muffins durant ma brève carrière de traitamateur, a ressorti ceux de taille normale afin de concocter des muffins aux cranberries afin de tenter de régaler la jeune génération.
Ce fut le cas, même la cadette au bec salé n’a pas dédaigné ce dessert… Ni moi d’ailleurs, car ces muffins n’étaient pas trop sucrés.
M'enfin, ce sont des muffins !
J’ai retrouvé l’impression de la recette, apposée à l'aide d'un aimant sur la face Est du frigo. Mais j’en ignore la source - alors toutes mes excuses auprès du contributeur anonyme pour ce piratage involontaire. Je résume ci-dessous :
On bat 100 g de beurre mou jusqu’à ce qu’il soit crémeux. On ajoute 175 g de sucre (quantité réduite volontairement à 120 g…), 2 œufs et une pincée de sel. À part on mélange 250 g de farine et 2 cuillères à café de levure. Puis on l’ajoute alternativement avec 125 ml de lait dans le mélange beurre œufs. On incorpore les cranberries. La cuisson dure une vingtaine de minutes à 175 °C. Laisser refroidir 5 minutes avant de démouler !
Alors, nous, les muffins, nous n’avons pas le droit à la parole pour faire part de nos états d’âmes ? Peut-être sommes-nous trop bonnes pâtes…
- Ah, vous êtes gonflés de me dire ça. Non, c’est tout simplement parce que je croyais que vous ne parliez qu’anglais.
Ayant réalisé un peu tard qu’allait arriver le beaujolais nouveau, je me trouvais fort démuni quand ce jour fut venu, n’ayant pas procédé à l’achat de sabaudet, saucisson à cuire ou toute autre spécialité lyonnaise apte à jouer le faire-valoir. Il m’a fallu improviser un plan B pour cette cérémonie que je réitère chaque année, sans doute sottement, mais, à ma décharge, plutôt pour ponctuer le temps qui passe dans une dégustation rituelle plus chargée de souvenirs que d’extases œnologiques. Je m’efforce cependant de me diriger vers un vin plaisant produit par un vrai viticulteur. En l’occurrence, en ce jour, ce fut le Gamay Nouveau Les Griottes produit par le vigneron Pierre-Marie Chermette.
Cherchant dans mes provisions de quoi accompagner ce breuvage je me suis dit qu’une de ces remarquables terrines confectionnées par la maison Teyssier suivant des recettes de Stéphane Reynaud s’imposait, tant par sa saveur que par son appellation : La Terrine de Sanglier à l’Ivrogne. Argument supplémentaire, elle se trouve sur le catalogue de Bobosse…
Il ne me restait plus qu’à compléter avec des fromages. J’ai sorti un excellent chabichou d’un éleveur du Mirebalais que j’avais acheté au marché de Neuville de Poitou, mais surtout un délicieux fromage de chèvre bien plus en situation car provenant d’une ferme dominant une vallée du Lyonnais.
L'ardoise est garnie. Bonne dégustation !
Je me demande si l’année prochaine je n’oublierai pas encore de cuisiner…
Me sentant brimé après la vision d’une fête du hareng à Dieppe où je n’étais pas présent, j’ai décidé d’organiser une version délocalisée de cet événement en mon appartement. Il est vrai que ce n’était pas l’orgie harenguesque dieppoise…
Dans les rues de Dieppe
Mais s’ils se trouvèrent 100000 en dégustant au port, nous n’étions que 2 à partager cette fête. Et même si la braise fut remplacée par un gril sans âme, c’était bien bon quand même.
Il y a un peu plus d’un an j’avais réalisé une goûteuse beuchelle pour laquelle mon seul regret avait été de ne pas l’avoir servie dans un flan de croustillant feuilletage comme le prescrivait Édouard Nignon.
Aussi, quand dans la vitrine du charcutier traiteur versaillais voisinant les halles ont paradé de dodues croustades arborant l’étendard BEUCHELLE TOURANGELLE (avec le sous-titre ris de veau et rognon à l’intention des ignorants franciliens), je n’ai pu m’empêcher de vouloir tester cette version. Rien d’étonnant d’ailleurs à ce que cet artisan propose ce produit, car avant d’exercer dans la ville royale il tenait boutique dans une commune voisine de Tours, où son successeur a obtenu plusieurs prix dans les concours de rillons et rillettes – rillettes primées que je n’ai pas eu, hélas, encore eu l’occasion de tester 😞 .
Je sors donc du four, où je lui ai fait passe un quart d’heure au four à 170 °C comme l’a prescrit la vendeuse, cette beuchelle cloîtrée sous son dôme doré.
Je vais casser la croûte...
J’entreprends de briser les murs de sa prison. « Libérée, délivrée… » chante la reine du réchauffement.
Quant à moi, je déchante. Enfin, pas trop, car l’intérieur est convenablement garni de ris de veau de bonne tenue et de rognon pas caoutchouteux. Mais les champignons n'ont pas été cueillis dans les bois, ce sont de vulgaires champignons de Paris - bon je retire le qualificatif de vulgaire car je sens que je fais de la peine à ces malheureux libérés délivrés d’antres souterrains et dont le sort ne fut pas plus enviable que celui d’un poulet de batterie -, ce sont de banals champignons de Paris rectifierai-je, et la sauce, bien que d’une saveur honorable, a tranché en dépit de mon respect des instructions.
N'attendons pas, il est brisé.
Je signale néanmoins à tout client potentiel qui voudrait me faire réenfiler mon tablier de traitamateur pour une hypothétique livraison de beuchelles individuelles que la supériorité gustative de ma production repose uniquement sur son volume restreint dans un cadre familial, ce qui permet d’éliminer pas mal de contraintes.
Mon droit campagnard à la paresse a fait long feu pour mon retour en ville.
En effet, à peine arrivé, je me suis vu confier la mission de confectionner une partie des amuse-gueule destinés à garnir la table d’un pot comportant environ 80 participants.
J’ai eu beau répéter que je n’étais pas un traiteur, rien n’y a fait.
« De toute façon, ça ne pourra qu’être meilleur que ces tristes buffets sans âme des professionnels.
-Ah oui, même si la moitié de pièces est cramée ou pas assez cuite, même si je me trompe dans l’assaisonnement…
-Mais non, ça n’arrivera pas ! »
Je me suis laissé convaincre - d’ailleurs pouvais-je faire autrement ? Mais je n’en menais pas large avant que le verdict des invités ne tombe sur ma production.
Ma production… En voici le bon de livraison :
>33 brioches gros diamètre grosse tête saupoudrée de pavot bleu + 33 brioches gros diamètre petite tête saupoudrée de paprika : garniture identique de mirabelle séchée sous un morceau de foie gras mariné au porto parfumé d’une pointe de fève tonka et relevé d’un tour de moulin de poivre rouge. >45 brioches petit diamètre, tête avec insert de noix du Richelais : garniture de piquillos grossièrement hachés sous des lamelles de magret de canard fumé > 45 brioches petit diamètre, tête saupoudrée de graines d’anis vert : garniture de morilles poêlées avec de l’échalote et parfumées d’une pointe de cinq-épices. > 110 cannelés bordelais
L’avant-veille du pot, je comprends qu’il me manque du matériel : si je possède déjà deux plaques en silicone de moules à mini-muffins, il serait bien utile d’en avoir une troisième afin de ne pas multiplier les fournées de brioches au foie gras et surtout les périodes de pousse
et d’y ajouter trois plaques de moules à petits fours pour les autres brioches.
Autre manque : je n’ai plus de morilles séchées dans mes réserves. Il est dix heures du matin. Je passe commandes sur Amazon de ces produits. Ils arriveront (ouf !) en début de soirée. Force m’est de reconnaître que parfois les GAFA ont du bon… D’autant plus que j’ai payé les moules moins cher que chez le soi-disant spécialiste local qui m'aurait répondu son antienne habituelle, il faut les commander. Et après ce dernier va gémir « C’est la crise, je n’ai plus de clients ». Bref… En attente de la livraison, il ne faut pas chômer pour autant.
Je commence par dénerver le foie gras de canard acheté chez le volailler et le partage en petits cubes que je mets à mariner dans un verre de porto parfumé du tiers d'une fève tonka râpé et de plusieurs tours de moulin de poivre rouge. Je réserve dans le réfrigérateur.
Il faut ensuite passer à la préparation de l’appareil des cannelés. Je porte à ébullition 3 litres de lait avec 400 g de beurre. Hors du feu, j’ajoute 1 litre de lait battu avec 16 jaunes d’œufs. Puis quand ce mélange est froid j’y incorpore 2000 g de sucre, 1200 g de farine, les graines de 4 gousses de vanille, 4 verres de rhum. Je réserve au frais jusqu’au lendemain.
Ce lendemain, qui est aussi la veille du jour fatidique, j’y suis désormais.
Ma première opération est de réaliser les pâtes à brioche dans la cuve du batteur mélangeur.
La première, destinée aux brioches au foie gras commence par le brassage à vitesse lente puis moyenne de : 1 kg de farine Gruaudor des Moulins de Versailles 120 g de sucre 4 cuillères à café de sel 40 g de levure sèche 12 œufs battus au fouet Une fois la boule homogène obtenue j’incorpore 600 g de beurre en pommade.
La seconde, pour les brioches au magret de canard ou aux morilles reprend la même recette, avec néanmoins quelques petites variations : 1 kg de farine, mais de la T55 des mêmes moulins 11 œufs 660 g de beurre
J’espère que SUPERFROMENT viendra à ma rescousse !
Je laisse pousser les boules obtenues dans un endroit chaud sous un torchon.
Pendant ce temps, il va être possible de cuire les cannelés. C’est d’ailleurs l’étape la plus facile dans mon rôle de traitamateur, car je dispose du matériel adéquat. Le plus pénible est de transporter la dizaine de kilos du faitout empli à ras bord de la pâte.
Mes 32 moules - un peu disparates en raison d’acquisitions successives - occupent précisément la surface de la plaque perforée qui les supportera dans le four. Un coup de spray de démoulage, et c’est un jeu d’enfant de verser l’appareil jusqu’à quelques millimètres du bord à l’aide de l’entonnoir automatique.
Belle invention !
Et hop, une plaque est prête.
Zou, au four pour 50 minutes à 190 °C !
À la sortie, il faut faire fissa pour renverser les moules et faire tomber les cannelés sur les grilles qui les attendent. Tiens, un rétif ! Un petit coup de cure-dent saura te faire dégager.
Et c’est reparti pour trois autres fournées, la dernière avec le reste de pâte ne permettant la cuisson que de 14 pièces.
Bon, il est midi, en ce qui concerne les cannelés, mission accomplie ! Mais il reste encore à sortir toutes les brioches…
Une petite pause pour se sustenter, et c’est reparti.
Pour les petites brioches, un avantage par rapport aux cannelés : la cuisson en est moins longue. Mais en revanche il faudra intégrer un temps de pousse dans les moules.
Je vais commencer par une fournée de brioches au foie gras.
La tâche préalable est de sortir les morceaux de foie gras et les égoutter de leur marinade, et de dénoyauter avant de les partager en deux une trentaine de mirabelles déshydratées néanmoins restées moelleuses. Je n’oublie pas non plus de réhydrater 50 g de morilles séchées dans de l’eau tiède. Je partage en deux les tranches de magret et les réserve en les relevant d’une pincée de piment d’Espelette.
Puis je dégaze les pâtes à brioche. Elles ont gonflé à souhait et ont au moins doublé de volume.
J’emplis de pâte les cavités pour mini-muffins jusqu’à moitié. J’y enfonce une demi-mirabelle, puis un cube de foie gras. Je rebouche avec une boule de pâte en appuyant fermement. Je place les trois plaques de silicone à côté d’un radiateur.
Afin de ne pas perdre de temps et enchaîner deux cuissons, je me lance aussitôt dans la confection des brioches au magret fumé.
Je dépose une petite boule de pâte au fond de chaque cavité pour petit four. Je l’aplatis en y incorporant quelques lambeaux de piquillos extraits d’un bocal. Je recouvre de deux moitiés de tranche de magret fumé. Je referme avec une autre petite boule de pâte que j’enfonce en y plantant la moitié d’un cerneau de noix. Ces trois autres plaques viennent rejoindre les premières à côté du radiateur.
Pendant que tout ce petit monde entreprend de se donner du volume, je sors les morilles de leur bain, les sèche avec un papier essuie-tout Je hache finement une échalote cuisse de poulet que je viens d’éplucher et tranche grossièrement les morilles. Je verse dans une petite poêle sur une noix de beurre demi-sel en train de fondre et laisse suer quelques minutes avec une pincée de cinq-épices et un tour de moulin de poivre noir. Je sors la poêle du feu et mets à refroidir son contenu.
Une heure a passé, mes brioches au foie gras ont bien monté, et la pâte commence à former un chapeau qui déborde sur la plaque de silicone.
Je badigeonne ces têtes au pinceau avec un jaune d’œuf dilué dans de l’eau. Je parsème ensuite d’une pincée de graines de pavot.
J’enfourne à 180 °C pour une quinzaine de minutes. Les brioches ressortent bien dorées.
Elles ont pris la grosse tête, mais moi non. J’ai l’impression qu’elles sont bien cuites, mais sans aucune certitude. Planter une lame pour tester ne servirait à rien, car elle serait forcément maculée par l’insert, et je ne veux pas entamer mon capital brioches… Inch’Allah, comme on dit au pays des baklavas…
J’enchaîne aussitôt en enfournant les brioches au magret, elles aussi dorées à l’œuf. Comme elles sont plus petites, je les sors au bout de 13 minutes - je ne suis pas superstitieux.
Pendant ce temps je démoule ma première fournée. Les plaques sont disponibles pour une seconde fournée de brioches au foie gras après qu’elles ont refroidi le temps de démouler les brioches au magret.
Et c’est reparti.
Les brioches au foie gras seront presque identiques aux premières, la même garniture, avec toutefois moins de pâte. Eh oui, j’ai mal géré le partage ! Elles n’en seront pas pour autant moins bonnes, bien au contraire, et elles seront plus élégantes. Là encore, direction radiateur…
Je passe -ouf !- à la dernière confection : les brioches aux morilles. Boule de pâte, une cuillerée du mélange morille échalote, boule de pâte, aplatissage, direction radiateur.
Une heure plus tard, dorure à l’œuf, mais pour cette seconde version au foie gras, je remplace les graines de pavot par du paprika. J’enfourne pour 15 minutes.
Pendant ce temps je parsème les têtes des brioches aux morilles avec des pincées de graines d’anis vert.
Dehors, les brioches au foie gras ! Dedans, les brioches aux morilles !
Treize minutes plus tard le four peut prendre un repos bien mérité ! Quant à moi, il ne me reste plus qu’à caser cette production dans l’appartement jusqu’au lendemain matin.
Les envahisseurs
Autant dire que toutes les grilles et tous les plats furent réquisitionnés…
Ça y est, le jour fatidique du pot qui doit avoir lieu en fin d’après-midi est arrivé.
Mon activité de traiteur occasionnel n’est pas terminée. Il me faut assurer la livraison.
Je collecte toutes les boîtes en plastique alimentaire disponibles à la maison, allant jusqu’à vider temporairement certaines de leur contenu - paquets de sucre, sachets de farine ou autres produits que je souhaite préserver de l’humidité.
Mes productions viennent s’y nicher, les couches séparées par une découpe de papier siliconé. Il manque quand même encore un contenant pour les derniers cannelés. En désespoir de cause, je prendrai une boîte amputée de son couvercle suite à un accident, conservée au cas où.... Et ce cas, le voici. Je bricole une couverture de fortune
.
Et voilà, tous ces récipients sont encore enfermés dans de grands sacs pour le transport.
Quelques heures plus tard, mes brioches et cannelés se trouvent à côté des différentes boissons, d’une épaule de bellota prête à être tranchée, de diverses charcutailles, de plateaux fournis par un excellent maître-fromager, mais aussi de gougères et de cervelles de canut dont j’ai fort heureusement été dispensé de la confection confiée à un autre membre du cercle des traiteurs amateurs...
Il semble que l’amateurisme n’a pas démérité, personne n’a râlé sur la qualité, aucun cas d’intoxication alimentaire n’a été signalé dans l’immédiat ni même dans les heures qui suivaient.
Mission accomplie, donc…
Il est bien rare que je cuisine ainsi en série de telles quantités. Tant mieux car je ne ferais pas ça tous les jours !