Car pour le repas les ingrédients étaient :
- courgettes du jardin (2 variétés, grosse et petites taille - plus ferme et avec peu de pépins)
- tomate cœur-de-bœuf du jardin (la vraie)
- oignon paille du jardin
- laurier du jardin
- thym du jardin
- basilic du jardin
Mais je ne suis pas vég-âne, alors il a fallu ajouter à cette liste une viande, en l’occurrence deux steaks taillés dans l’onglet, et j’ai beaucoup de mal à abriter un bœuf dans mon appartement et à lui faire descendre l’escalier pour aller brouter dans mon jardin.
Seules solutions pour l’autosuffisance :
- le bœuf sur le toit, mais je crains de susciter une certaine hostilité envers moi dans l’immeuble.
- le mouton, dont je pourrais proposer les services de tonte de pelouse au propriétaire du rez-de-jardin, qui m’assurerait aussi la laine permettant à Madame de me tricoter un pull pour l’hiver, ou bien le goret fort utile pour le tri sélectif des déchets végétaux - bestiaux tous deux susceptibles cependant de m’attirer tout autant l’inimitié des voisins.
- plus faciles à camoufler (sauf le coq réveille-matin) les petits animaux, tels que la poule qui m’offrirait des œufs par la même occasion, mais d‘une compagnie peu avenante dans sa bêtise picorante, le canard que j’exclue d’emblée faute de mare (je ne me vois pas lui mettre la laisse deux fois par jour afin de le mener à la Pièce d’eau des Suisses, au Grand Canal ou au Bassin de Neptune), l’oie qui m’obligerait à placarder sur ma porte, tout comme les Alsaciens affichent « Attention, chien mordant ! » l’inscription « Attention, oie pinçant ! », le lapin, animal de compagnie propre à amuser les jeunes générations et que je pourrais remplacer par un sosie après son passage à la casserole afin d’éviter tout traumatisme enfantin, mais que je me refuse à abriter entre mes murs connaissant ses tendances cablophages susceptibles de me priver d’Internet (que deviendrais-je alors…), enfin le hamster, d’un intérêt gastronomique douteux.
De toute façon il me faut de l’huile, et mon petit olivier poitevin que mon optimisme invétéré me poussait à imaginer apte dans un quart de siècle à me fournir un flacon d’une huile dorée et parfumée vient de succomber à l’attaque sournoise d’une débroussailleuse. Certes, il me reste mes noyers, mais l’huile de noix possède un point de fumée trop bas pour la cuisson…
Et puis le citron, les épices..
D’ailleurs, il y en a, du jus de citron, dans mon plat de légumes autarcie, si, si. Un trait en fin de cuisson, avant d’ajouter les feuilles de basilic déchirées.
Casserole d'autarcie potagère |
Avec ce bœuf pas clandestin, c’était quand même un très bon repas.
À l’impossible, nul n’est tenu. Alors, deux jours plus tard, l’autarcie, le retour, mais autar-sinisée avec un wok, même si les légumes proviennent encore tous du jardin.
Je commence par décortiquer une douzaine de gambas fraîches. Je réserve les têtes.
Je sépare les feuilles de choux pe-tsaï, des rescapés de la canicule au jardin.
Je découpe petits oignons en tranche et tomates charnues en quartiers.
Je pose mon wok sur son support et pousse la flamme au maximum.
Il HOOQ |
Je verse une bonne cuillerée d’huile d’arachide et quand elle commence à fumer je fais tomber les têtes des gambas. J’attends la coloration pour arrêter le feu et laisser infuser afin de parfumer l’huile. des fragrances du crustacé.
Ah, ces gambas... |
Une demi-heure plus tard, je débarrasse le wok des têtes de gambas à l’aide d’une pince, je lance à nouveau la flamme.
Je verse les tranches d’oignon, puis, quelques secondes plus tard, quand elles sont devenues transparentes, les feuilles de pe-tsaï. Suivent les gambas et les tomates. J’arrose d’un petit verre de vin de riz hua-tiao-chiew
Je termine par un trait de sauce soja qui suffira à saler le plat.
Deux minutes plus tard le liquide a beaucoup réduit au fond du wok que je puisse alors poser sur la table au creux d’un autre anneau.
Wok de gambas au pe-tsaï |
Ce plat fusion à la fois proxivore et exovore a bien fonctionné, Avec cette cuisson rapide le chou avait des côtes ayant conservé un agréable croquant, les tomates n’étaient pas tombées en bouillie et la chair des gambas était idéalement nacrée.
Surtout, c’était bon !