Pourtant tout débute bien.
Les deux faisselles de fromage de chèvre obtenues auprès de l’éleveuse productrice de Sainte- Maure se sont bien égouttées, et après pressage dans un torchon entortillé ils me fournissent 680 grammes de pâte blanche.
Un rapide calcul m’indique qu’il me faut donc 17 œufs…
Première étape, les clarifier.
Que d'oeufs ! |
Re que d'oeufs |
Ah, j’allais oublier, mais avant de passer à la suite il vaut mieux beurrer les moules à tourteaux et les chemiser d’une fine couche de pâte brisée préparée la veille.
Tombe la chemise ! |
Bon, c’est fait. Je les réserve au réfrigérateur le temps de réaliser l’appareil.
Il s’agit maintenant de monter les blancs en neige. Las, le vieux robot de cuisine Braun a rendu l’âme il y a quelques jours, la fumée qui s’en échappait provenait d’un condensateur dont la référence est désormais épuisée chez tous les fournisseurs de pièces détachées. Remerciement quand même envers ce valeureux appareil qui a fourni une trentaine d’années de bons et loyaux services.
Mais il me faudra remplacer l’électricité par l’huile de coude. Dix-sept œufs…
Au bout de quelques minutes la tâche est accomplie.
Mon blanc |
Le lendemain je découvrirai dans un coin, bien cachée derrière la vaisselle, l’antique batteur manuel dont j’avais oublié l’existence…
Vieux BatMan |
Mais en cet instant, je suis loin de songer à demander l’intervention de BatMan pourtant si proche.
Aussi je reprends le fouet –de mauvaise qualité pour tout arranger…- afin de blanchir les jaunes avec 435 g de sucre.
Ils en blanchissent, les traîtres.. |
J’y ajoute 165 g de farine que j’incorpore, toujours avec le fouet.
Et ils reviennent, la mine enfarinée |
Nouvelle tâche, nécessitant toujours de l’huile de coude : passer le fromage de chèvre à travers la grille du moulin à légumes.
On en sort comme dans un moulin |
J’introduis ce fromage dans l’appareil en gestation, mélange bien. Puis j’incorpore délicatement les blancs en neige. Toujours avec de l’huile de coude, mais le fouet a cédé la place à la maryse.
Qui est à l'appareil ? |
L’appareil à tourteaux fromagers est prêt. Je peux sortir les moules chemisés du réfrigérateur et piquer la pâte. Ce qui me permet de faire une découverte : les pointes des fourchettes de la maison ne sont pas alignées en longueur. Est-ce la conséquence d’un long vécu ?
Piquons |
Les moules sont emplis de l’appareil.
Ras le moule |
Je me souviens de la procédure, plusieurs fois appliquée :
tourteaux enfournés à 280°C pendant une dizaine de minutes, puis thermostat remis à zero tout en laissant les pièces finir leur cuisson durant un peu plus de trente minutes.
Une méthode qui fonctionne très bien dans mon fourneau urbain.
De mes tourteaux fromagers de naguère |
Mais là je m’aperçois que le four ne dépasse pas les 240°C…
Je décide donc de prolonger la première étape de 5 minutes supplémentaires.
L’aspect à H+15 me rassure un peu.
TourtOVNI |
Mais vingt minutes plus tard les dômes ne sont pas devenus noirs. Et je m’aperçois que la température du four n’atteint même pas les 100°C ! Ce four poussif n’est même pas bien isolé thermiquement…
Alors j’ai la mauvaise idée (mais quelle eut pu être la bonne ?), je remets la chauffe …et quelques minutes plus tard, sans pour autant avoir pris beaucoup de couleurs, ces dômes me narguent par une large fissure en forme de sourire moqueur.
Dépité, je sors du four les quatre avortons qui ne tardent pas à s’effondrer lamentablement.
Ils se voulaient tourteaux, ils naquirent soufflés et finirent en ronds de flanc.
Et c’est ainsi que chez moi j'héberge une chèvre qui rit et qui me porte sur les nerfs.
La Chèvre qui rit |