Une chicorée frisée d’hiver s’inquiéta - bien que dite de Provence - quand le printemps arriva. Elle était fort amère. M’a-t-on oubliée, vais-je végéter longuement avant de décliner par la chaleur accablée ? N’ai-je poussé pour rien, vais-je finir en compost ?
Que nenni, ma belle, lui dis-je en la cueillant avant de l’accueillir.
Je te réserve des œufs extra-frais que je pocherai délicatement rien que pour
toi. Je trancherai un bon lard paysan fumé, accouru d’Alsace pour te faire
honneur, qui t’enchantera par ses parfums de coriandre et de genièvre. Et tiens,
j’arrache aussi ces quelques petits radis que je t’offrirai en parure. Pour
finir je t’arroserai du mélange exquis d’un vinaigre de cidre fruité et d’une
huile extraite d’olives maturées aux arômes puissants de tapenade et aux reflets dorés. Ouais… Et que
dirais-tu d’un tour de moulin de poivre blanc de…
« Pas la peine de crier, je ne suis pas dure de la
feuille ! Mais merci quand même… »
J’ai tenu mes promesses.
Avec ses lardons, la frisée et le crâne d'œuf |
Et de son côté cette chicorée ne m’avait pas raconté des salades : elle était presque tendre.
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