Aujourd’hui je célèbre le mariage du Prince de Biscay avec Mademoiselle Patate.
Prince de Biscay |
Mademoiselle Patate |
Mésalliance, me direz vous, pour ce gentilhomme gascon descendant d'une lignée anglaise : une péquenaude arrivée toute crottée de sa ferme mayennaise natale, ça la fiche mal, tout de même ! Mais voilà, cette demoiselle si timide, qui dans ses bafouillements ne me permet pas de savoir si elle s’appelle Charlotte, Agatha ou Amandine, offre l’argument de sa tendre jeunesse.
Aussi c’est bien volontiers que je vais faire de mon mieux pour que la cérémonie soit à la hauteur de cet amour printanier.
Pour cette jeune fille, nul besoin de ces vêtures fastueuses
qui ne servent qu’à faire oublier les flétrissures d’une récolte trop tardive.
Une simple robe des champs suffira, simplement rehaussée d’une petite dorure
discrète. Quelques mignonnes échalotes auxquelles se sont mêlées deux gousses
(d’ail, je tiens à le préciser) sont enrôlées comme demoiselles d’honneur.
La promise attend tranquillement l’arrivée du Prince qui a
pris du retard car il a tenu à s’offrir le bronzage d’une réaction de Maillard,
quand l’impensable se produit : le calice empli de sauvignon se renverse
sur Mademoiselle Patate qui en perd sa charmante candeur pour proférer des
injures dignes de ces palefreniers qu’elle a vraisemblablement fréquentés.
Elle continue à fulminer, me jetant un œil noir, quand le Prince vient la rejoindre. Il s’étend sur elle - et les demoiselles d’honneur, le saligaud.
Laissons les en paix |
Je pose discrètement un couvercle et m’éloigne sur la pointe des pieds.
Vingt minutes plus tard, on me sonne. C’est le prince qui me
reçoit en maugréant.
« Tu parles d’une chaude nuit de noces ! La flamme
était bien fluette…
- Permettez moi d’offrir à Madame ces fleurs, dont le bleu
ira si bien avec celui de ses yeux. Et quant à vous, Mon Prince, cette aspersion
de poivre blanc de Muntok et de cubèbe, alias poivre à queue (tout un programme)
devrait vous conférer la chaleur qui vous a tant manqué. »
Bonne nouvelle pour le Prince de Biscay |
J’entends alors une petite voix à la fois indignée et
désabusée qui monte de la chambre nuptiale.
« Continuez à m’appeler Mademoiselle. Votre poudre d’perlimpinpin,
vous pouvez vous la carrer où j’pense. D’la chaleur, tu parles, Prince Charles…
Rien n’y fera, le vieux cochon, il est castré ! »
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