mardi 10 mai 2022

Croque-pochtron

 

Afin de vivifier le classique croque-monsieur en lui ajoutant une touche d’acidité parfumée, l’idée m’est venue de remplacer dans la confection de sa sauce béchamel le lait par un sauvignon de Touraine et de derrière les fagots. Le monsieur sérieux, si sérieux qu’il en était ennuyeux, s’est ainsi métamorphosé en un pochtron plein d’exubérance.

J’ai tranché un pain de mie acheté en boulangerie, ce qui m’a permis de réaliser six tartines beurrées. Six ? Pour confectionner quatre croques, le compte n’y est pas… Certes. Mais il ne s’agit pas d’une erreur provoquée par une distraction ou, pire, par une imprégnation alcoolique dans une contagion pochtronesque m’incitant à faire cul sec avec le reste de la bouteille. Non, tout simplement la vue du reliquat rassissant d’un pain de seigle aux graines m’a incité à coiffer deux exemplaires expérimentaux de croques par cette autre production boulangère, de couleur sombre mais de forme quasiment identique, dont le haut goût me semblait apte à sortir lui aussi le monsieur de sa morne routine – inspiration dans l’art d’utiliser les restes ne me permettant pas certes d’arriver à la cheville des candidats de Top Chef, mais suffisante pour m’attirer la bienveillance des chatouilleux chevaliers servants de Dame Nature.

Nul besoin de préciser que ces noirs désirs furent aussi caressés par la lame ayant plongé dans la motte surgérienne. Puis, tout comme leurs tendres sœurs pâlichonnes, je les ai tartinés d’un mélange de sauce béchamel façon pochtron et d’emmenthal râpé parfumé de poivre rouge et de noix de muscade.

Je suis alors passé au montage. Sur les quatre socles de pain de mie barbouillés j’ai allongé les tranches de jambon de Paris, demandées épaisses au charcutier. Je les ai recouvertes d’une cuillerée généreuse de ma mixture avinée. Pour finir j’ai déposé mes quatre chapeaux – deux blancs et deux noirs, mais leur vêture ne laisse guère transparaître les différences.

Enfin j’ai transféré mes croque-pochtron dans un plat en fonte sur le fond duquel j’avais fait tomber quelques noix de beurre. Et zou, au four, à 180 °C pour un quart d’heure, en terminant par un bref coup de gril sur le dessus.

Ils sont bien serrés l’un contre l’autre quand je les sors.

croque-monsieur
Je serre les croques

Dans chaque assiette je fais glisser deux exemplaires de ces croques qui se sont détachés en toute facilité, contrairement à mes craintes quand je les ai vus accolés : un mixte et un mono pain.

 

croque-monsieur
Bi croques

Le résultat est conforme à mes attentes, apportant par le vin blanc présent une note bienvenue de fondue propre à titiller des papilles qui, sinon, se lassent vite de la rondeur de la béchamel fromagée. Et pour la variété métissée, le seigle aux graines ressuscite un pain dont on aurait bien tendance à oublier la fade présence.

Le croque-pochtron, il est des nôtres, il boit son coup comme les autres !


Que l’on se rassure, la suite du repas fut sage. Un dessert on ne plus simple. Rien de pochtron pour sa part.

Quoi que…

Quand le pochtron ramène sa fraise...


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