samedi 23 avril 2022

Naissance et mort d’un nouveau riche

Il n’y a guère, j’avais accompagné des ravioles de jambon de Bayonne, bleu de brebis et noix torréfiées par des asperges vertes des Landes.


 

Aujourd’hui ce sont des ravioles de truite de Baïgorry – elles aussi préparées par l’excellente maison Irina Pasta – qui sont inscrites à mon menu.


Mais les asperges de ce jour seront des asperges du pauvre : poireaux.

Ces poireaux de la variété dite de Liège (la favorite des bouchons lyonnais ? ) sont arrivés tout droit du jardin. Je ne retiens que la partie blanche de son fût trapu. Je la découpe en une julienne pas trop fine que je mets à fondre dans une grosse noix de beurre doux assaisonnée d’une pincée de fleur de sel et de quelques pistils de safran. Je vois mes pauvres se transformer en nouveaux riches arborant leurs ors bling-bling…

Je les évacue de la casserole pour fournir dans chaque assiette le nid où je dépose les ravioles plongées deux minutes dans l’eau bouillante qui attendait leur venue sur l’autre feu.

Je me dépêche de disposer quelques extrémités de pimprenelle et de faire pleuvoir de parcimonieuses pincées de piment d’Espelette. Et hop, vite à table avant que ça ne refroidisse !

 

ravioles de truite, poireau safrané
Ravioles de truite de Baïgorry, nid de poireau safrané

Le safran a fourni au poireau une magnifique couleur. Mais pas que… Si les ravioles dans lesquelles la chair goûteuse de la truite des Pyrénées est enrobée d’un beurre parfumé  par de l’échalote et du vin blanc réjouissent le palais, les notes safranées du poireau relevées par la touche de piment contribuent tout autant à notre plaisir gustatif. Et n'oublions pas la pimprenelle qui n'est pas uniquement un affûtiau décoratif : elle permet de rafraîchir les papilles par une pause herbacée évoquant à la fois le concombre et la noisette.

 

Trop rapidement l’assiette est vide. 

Mes pauvres ne furent riches que le temps d'un repas…

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