Après le rite de la bernache, un autre rite, lui aussi
bachique : le beaujolais nouveau.
Cette année - ce qui n’est pas toujours le cas, car je ne
suis tout de même pas un neobeaujolomaniaque obsessionnel - j’ai pensé à me
procurer un saucisson à cuire lyonnais pour célébrer cette boisson qui n’a rien
de divin mais où heureusement le parfum des souvenirs remplace les bouquets subtils
qu’elle ne saurait exhaler.
Ce saucisson truffé et pistaché provient de la maison
Sibilia. Il est arrivé avec d’autres spécialités lyonnaises dont je compte bien
me régaler dans les jours qui suivent… Mais en ce jour, c’est ce beau dodu que
je dépose au fond d’un sautoir où il entre tout juste et que je recouvre
largement d’eau.
C’est parti pour une cuisson à frémissement d’une
quarantaine de minutes.
Lyonnais sous l'eau |
Au bout de vingt minutes, ce sont des cornes de gatte du jardin - cette variété de pomme de terre que je peux baptiser ratte s’il s’agit de concocter une purée rebuchonienne, mais aussi quenelle de Lyon si, ce qui est le cas aujourd’hui, je donne dans la gastronomie de la capitale des Gaules - que je mets à cuire à l’anglaise.
Pendant ce temps, je sors le tire-bouchon du tiroir
Sommelier méchant |
et les gougères du four.
Gougères épanouies |
Que la fête commence !
Au moins, cette année, il ne sent pas la banane ! Bon,
ne soyons pas méchants… Ce beaujolais n’est pas désagréable, surtout avec ce
coup de pied aux fesses que lui donnent les gougères. Mais hélas, ce n’est pas
ce subtil vin de soif que jadis fut le beaujolais nouveau. Il faut prendre de la force
pour aller jusqu’au Japon !
Fi de billevesées, il est grand temps que je sorte mes
immergés de leurs eaux. Je pose le saucisson à cuire sur une planche et le
partage. Un agréable mais discret fumet de truffe me monte au nez. Quant aux
pommes de terre, je me contente de les égoutter. Et zou, je passe au dressage.
Point de sauce superfétatoire. À la lyonnaise, avec simplement un peu
de beurre doux et un tour de moulin de poivre.
Réunion lyonnaise autour d'une feuille |
Le savoureux saucisson vole la vedette au beaujolais nouveau qui pleure des larmes de désespoir dans nos verres.
On retrouvera son cadavre vidé de son sang au petit matin. Il
a été transporté à la morgue de mon appartement.
En pleine jeunesse... |
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