Aujourd’hui j’accueille une saucisse de Morteau. Mais pas n’importe
laquelle, le gratin des Morteau. La preuve :
Et comme le gratin ne peut que fréquenter le gratin, je me
mets à l’ouvrage.
J’épluche et passe à la mandoline cinq pommes de terre de la variété Charlotte arrachées la veille au jardin. Je verse les rondelles obtenues suintant leur amidon dans une casserole et les recouvre à hauteur de lait entier. Je donne quelques tours de moulin de poivre rouge et de noix de muscade. Je parsème de quelques feuilles tombées d’une branche d’origan. Je place sur le feu - et sous surveillance afin que ça ne déborde pas - durant une douzaine de minutes. J’éteins la flamme et incorpore une cuillerée d’emmenthal râpé, celui bien goûteux du fromager et non le bloc caoutchouteux sous plastique vendu en grande surface. Je partage le contenu de mon ustensile de précuisson entre deux petits plats à oreille en porcelaine barbouillés par une noisette de beurre pommade. Je fais choir de ma râpe les filaments d’un parcimonieux cube de mon bon emmenthal sur les tranches baignant dans leur sauce crémeuse, donne un dernier tour de poivre et dispose quelques noisettes de beurre qui s’empressent de fondre. Mon gratin est prêt à passe au four.
Gratin pas gratiné |
Il y restera une dizaine de minutes
à 180 °C avant que je ne sorte et le réserve.
Je passe à la cuisson de ma saucisse de Morteau. Je la noie dans
une grande casserole sous une eau que je porte à frémissement. J’entretiens une
température aux alentours de 85 °C durant 35 minutes, endossant la
panoplie de Thermostatman en brandissant mon pistolet mesureur à visée laser.
Six minutes avant la fin de la cuisson de la saucisse, je remets les plats de gratin de pommes de terre dans le four à 170 °C pour une remise à température et termine par un flash sous le gril pour en dorer la croûte.
J’évacue mon élite mortuacienne de son jacuzzi où elle a
bien eu suffisamment le temps de se prélasser et l’allonge sur une planche
immaculée qu’elle éclabousse de sa sueur. Je brandis mon tranchelard qui se
reconvertit en tranchesaucisse et je découpe d’épaisses rondelles qui viennent rejoindre
les gratins sur de grandes ardoises.
Entre gratins |
Quelques minutes plus tard, le temps d’un repas, tout ce gratin ne m’a laissé que des ardoises.
Enfin, pas que : il m’a surtout apporté le souvenir de bien délectables bouchées.
Un régal - promis, Jura !
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