En cette période vendémiaire, si mon éloignement des coteaux
vendangeurs me prive de bernache, je puis quand même griller la châtaigne.
Hélas, pas les premières dégringolées jonchant en avant-garde le sol des bois voisins
de mon jardin, atteintes d’un nanisme rédhibitoire, mais faute de mieux des
fruits no name du marché dont la diversité de calibre et de brillant me fait
craindre qu’il s’agisse de la réunion de fonds de cageots. Tant pis, je ferai
avec, leur rôle étant avant tout symbolique dans mon ode gustative à l’Automne.
Ode bien modeste, une odelette plutôt…
Première partie : la danse du feu. Les châtaignes, scarifiées
par mon couteau bec d’oiseau (de bon augure) sautillent et font des roulades au
sein du cylindre posé sur la flamme.
Et pourtant il tourne |
Après une vingtaine de minutes, je les libère, un peu noircies mais joyeuses. « Nous nous sommes éclatées ! ». Un cageot doublé d’un linge moelleux fournit l’écrin qui les préservera douillettement jusqu’à leur arrivée sur la table.
Châtaignes a la carbonara |
Finalement, débarrassées de leur triste vêture, ces châtaignes sont de mine avenante, et leur cuisson est parfaite.
Je les ai dans la peau |
La suite est inéluctable : par l’odeur des châtaignes
alléché, le sanglier s’invite au festin. Il y apparaît sous la forme d’une
terrine cuisinée par la maison Teyssier selon une recette de Stéphane Reynaud, le
Sanglier à l’Ivrogne. Une réussite avec sa viande marinée dans le vin rouge, ses
éclats de carotte, ses graines de courge. Étalé sur un pain maison, c’est un
régal.
Ne manque plus qu’un remplaçant pour la bernache. Je le trouve sous la forme d’un vin de pomme basque dont la rusticité empreinte d’acidité fera merveille par émoustiller les papilles que la ronde caresse des mets en présence risquerait de faire ronronner bêtement.
Sortir du verre, verser dans les verres |
Eh bien, ça y est, je le tiens, mon repas vendémiaire !
Encore que… De façon un peu décalée. Car je viens de
consulter le calendrier.
La journée consacrée à la Châtaigne est le 3 vendémiaire, c’est-à-dire le 24 septembre. Je suis en retard ! Car ce 15 vendémiaire où je m’évertue à la griller, c’est le jour de l’Âne. Que je suis donc...
Je devrai à l’avenir être plus attentif. Par exemple c’est
le 12 octobre - soit le 21 vendémiaire - qu’est célébré le Chanvre : il
me faudra impérativement mitonner ce mardi-là un space cake en offrande à la
déesse Raison.
Je note aussi que le 19 octobre était pour les révolutionnaires la journée de la Tomate, ce qui est indice de plus confirmant le refroidissement climatique.
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