Ayant entendu dans un reportage chez les frères Tutunjian, artisans producteurs de mes makaneks préférées, l’un d’eux s’insurger contre les malfaisants qui font revenir ces saucisses sur un fond d’huile, je me suis senti honteux et confus. En effet j’ai l’habitude d’oindre la poêle dans laquelle je mets à griller ces délices libanais d’un filet d’huile d’olive, certes minimaliste, mais, je venais de l’apprendre, fort inopportun. Il convenait de battre ma coulpe quand elle était chaude. J’ai aussitôt procédé à l’acquisition d’un lot de charcuterie réparatrice apte à me ramener dans le droit chemin.
Mes makaneks sont arrivées, accompagnées de quelques fromages libanais.
Ce soir, donc, mezzé !
Mais comme je suis un peu flemmard, cette fois-ci je ne me lancerai pas dans la confection du taboulé et encore moins du houmos. Il y a, abrité sous les halles locales, un traiteur dont les réalisations sont tout à fait convenables.
Je ne dispose pas de la vaisselle spécialisée.
Aussi c’est dans des coupes en porcelaine blanche que je déverse le contenu des barquettes que je rehausse au besoin d’un peu d’huile d’olive, pas du Liban, désormais introuvable, mais de Provence.
Il y a donc :
le taboulé
Le vert du décor |
le houmos
Calmos sur l'houmos ! |
le labneh
Blanc sur blanc |
les olives vertes
Re vert |
Puis je dépose - À SEC ! - les makaneks sur la poêle bien chaude.
Bien à sec |
Quand elles sont dorées sur toutes les faces, je verse le jus d’un citron et je laisse déglacer et réduire quelques dizaines de secondes. Il ne me reste plus qu’à les verser dans un plat chaud, hésitant à arroser d’un trait de mélasse de grenade, y renonçant car je préfère aujourd’hui les apprécier sans atours aguichants, en toute simplicité.
Mekaneks en vrac |
Dans une autre poêle, ce sont les tranches de halloumi que je mets à griller, elles aussi à sec - mais là, c’est ce que j’ai toujours fait.
Je dépose ma découpe d’halloumi sur une assiette une fois obtenue la croûte légèrement calcinée dont le crissement sous la dent m’emplit d’un plaisir analogue à celui que me procure (ou plutôt me procurait) la coupole ébène qui recouvre les tourteaux fromagers poitevins (ou plutôt qui les recouvrait jadis, car les touristes ennemis aussi bien du chant du coq que de celui du tourteau mordu ont incité les producteurs mercantiles à concocter une pâtisserie châtrée…).
J'ai allumé sous l'halloumi |
Mais je m’égare, revenons au Liban.
Je m’empresse de réchauffer des pains libanais au micro-ondes dans leur sachet laissé fermé afin que les pièces conservent leur humidité.
Chauds pains |
Bien entendu, pour arroser ce repas, l’ouverture d’une bouteille d’arak Château Kefraya s'impose.
Je n’irai pas jusqu’à remplacer le verre terminé par son frère immaculé pour me resservir comme le faisait mon restaurant libanais parisien préféré afin qu’un reste de glaçon ne vienne agresser la transparente liqueur avant qu’elle ne soit étendue d’eau fraîche, mais ce n’est pas sans regretter en mon for intérieur ce laisser-aller domestique où se conjuguent la paresse et le sous-équipement en verrerie…
Pour conclure, en l’absence de pâtisseries et n’ayant plus de glaces en stock, nous nous contenterons d’une savoureuse confiture de fraises parfumée aux pétales de roses.
Ramener sa fraise et être envoyé sur les roses |
Il reste cependant une petite amertume après ce repas : il est bien facile en Ile-de-France de jouir paisiblement de ce bon côté du Liban. Aujourd’hui, c’est meilleur que là-bas, hélas…
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