jeudi 18 juin 2020

L'onglet et l'entente cordiale

La deuxième récolte de petits pois était un peu juste pour confectionner un plat.
La première récolte de fèves, les rares rescapées d’une attaque par une division blindée de pucerons que mon arme de destruction massive - en l’occurrence du savon noir - n’a pas réussi à endiguer, était quant à elle loin d’être suffisante pour rassasier des appétits humains, trop humains.
Une seule solution : susciter la signature d’une entente cordiale entre mes peas d’origine anglaise et mes réfugiées d’Aguadulce.
Il m’a fallu agir avec diplomatie.
J’ai commencé par graisser la patte des Anglais avec une grosse noix de beurre durant six minutes. Un petit oignon blanc s’était mis en quatre, que dis-je, en huit, en seize, pour leur servir de garde du corps. J’ai alors introduit mes Espagnoles. Trois minutes plus tard, tout le monde était beurré et à point.
L’entente cordiale était désormais scellée.
Mais moi je n’avais rien signé.
J’ai bombardé les alliés avec les éclats ciselés de feuilles arrachées à une branche de menthe et à un brin de persil. Une deuxième vague est arrivée, constituée de lambeaux de feuilles de fenouil.
Plus lourdes, des noisettes de beurre demi-sel se sont écrasées brutalement avant de fondre et d’enrober petits pois et fèves au coude à coude, mais qui n’en pouvaient mais.
Deux onglets qui avaient vu la scène depuis la poêle où ils s’étaient béatement laissés dorer n’ont pu s’empêcher de me lancer : « Eh ben, voilà une affaire rondement menée ! ».
« Prenez-en de la graine… » leur rétorquai-je, tout en ajoutant que la diplomatie, c’est comme la cuisine, tout est une question de dosage et de juste équilibre.
Mais je ne suis pas certain d’avoir été compris : l’onglet n’a pas la fibre diplomate.

féves, petits pois, onglet
Dans l'amphithéâtre de réunion 


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