Bon, la solution de proximité serait de susurrer : « Très chère épouse, il y a bien longtemps que tu ne m’as pas préparé ta délicieuse recette de… ». Mais je ne suis pas certain de parvenir à être convaincant -on lit en moi comme dans un livre ouvert- et de toute façon je ne suis pas un affreux macho exploiteur conjugal ; qui plus est, impossible de me souvenir d’une délicieuse recette faisant l’affaire, ni même d’une délicieuse recette tout court…
Mais non, je blague, Madame m’a régalé il y a quelques jours d’une savoureuse salade de haddock et fenouil, plat que je n’ai pas photographié par pure jalousie et dont je suis incapable de donner la recette (secret de la cheffesse…).
Alors j’ai externalisé : c’est le boucher, ou tout au moins l’un de ses sbires, qui a transpiré. Recette du jour, une salade de bœuf cuit par délégation.
Mais foin de pommes de terre à l’eau pour accompagner. Je vais tenter de faire plus raffiné.
Du jardin sont arrivées dans la matinée des fèves et des petits pois dans le cadre d’une mini-récolte.
J’écosse, je décortique les graines de fève.
Enfer et damnation, il va falloir quand même allumer deux feux pour blanchir et légèrement cuire. Mais ce sera bref.
Deux casseroles emplies d’eau salée abondamment, bientôt l’ébullition se produit. Les petits pois vont rester deux minutes. Les fèves, un peu plus coriaces en raison d’une récolte tardive séjourneront quatre minutes. Péchés à l’araignée, ces légumes sont déposés chacun de son côté sur une plaque revêtue d’un papier absorbant. Ils sont réservés au frais.
Avec eux, il y avait aussi dans le panier deux petites salades et des herbes.
Je nettoie la laitue rouge grenobloise et la dorée du printemps (tiens, elle aurait pris du retard ?). J’en prélève quelques feuilles petites mais belles, non, je me reprends, quelques feuilles belles et petites. Je les réserve dans un bain d’eau salée glacée.
Je dépouille une branche de menthe et une branche de sauge.
Je hache finement les feuilles de menthe. Je roule les feuilles de sauge et les cisèle.
J’ai encore de l’oignon sur la planche : un petit oignon nouveau dont je prélève quelques rondelles.
Passons au dressage.
Je découpe mon épaisse tranche de bœuf cuit en huit morceaux.
Sur chacune de deux assiettes, je dispose quatre de ces pièces. Puis suivent des petits tas de petits pois voisinant des petits monticules de fèves. J’insère des feuilles de salade que je viens d’essorer. J’ajoute les rondelles d’oignon nouveau. Je tranche un citron jaune et le presse doucement au-dessus des assiettes. Stop ! Il ne faut pas trop d’acidité… Je m’empare de la bouteille d’huile italienne fruitée que je réserve pour ce genre de plat et l’incline pour arroser de quelques gouttes d’or clair. Une pincée de sel fin sur les légumes, un tour de moulin de poivre sur la viande, et pour finir la ciselure de sauge sur les fèves - attention de ne pas avoir la main trop lourde ! – et la menthe hachée sur les petits pois.
Il manque quelque chose…
J’ai trouvé : je fais tomber d’une petite cuillère trois touches de moutarde violette de Brive sur le bord de chaque assiette. Elle sera bienvenue avec les bouchées de viande.
C’est terminé. Y a plus qu’à manger derrière les volets fermés (mâche à l’ombre !).
Bœuf mis au vert |
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