jeudi 1 février 2018

Un échec de Sherlock Holmes

Je m’aperçus en déballant le paquet qu’il n’y avait pas la douzaine habituelle, mais seulement dix sardines.
Dérouté par ce nombre anormal, je les cuisinais, les mettais sur le gril, sans pour autant éclaircir le mystère. Renonçant à venir à bout de cette énigme, je me suis donc décidé à faire appel à Sherlock Holmes.
Il était déjà tard quand je frappai à la porte de sa logeuse qui me souffla dans le creux de l’oreille :
« Monsieur, je vous saurais gré de le ménager… Le pauvre me semble bien fatigué ces jours-ci… »
Elle s’effaça pour me laisser entrer dans le salon.
Comme d’habitude Watson était vautré dans un fauteuil club en cuir qui avait connu des jours meilleurs avant d’être labouré par les griffes du chat de la logeuse et défoncé par des années de bons et loyaux services. Il leva à peine la tête pour me gratifier d’un sec « Bonjour ! » avant de se replonger dans la lecture de son journal. Il avait sans aucun doute deviné le peu d’affection que je lui portais et l’agacement que je ressentais par la présence importune de ce docteur au cours du colloque singulier client-détective. Holmes, quant à lui, me tournait le dos, sa haute silhouette se découpant en contre-jour sur un fond de rideaux en dentelle de Calais. Je l’entendis proférer d’une voix morne:
« Et vous me dérangez pour un simple problème avec des sardines ? »
J’en restai bouche bée. Mais Watson grommela :
« Pas difficile, ça pue la sardine à plein nez. »
Holmes se retourna, se rapprocha de moi.
« Pas que, pas que… Watson, vous ne pouvez pas ne pas avoir remarqué ces quelques écailles qui sont restées collées à la manchette de la chemise ! Mais il est vrai que L’Equipe semble plus vous intéresser que notre aimable visiteur… »
Puis il sortit une loupe cerclée de laiton du fond d’une poche de son ample mais élimée robe de chambre taillée dans une soie grège qui ne lui allait pas vraiment au teint.
« Hum, hum ; aucun doute possible, bien caractéristiques, les écailles sessiles de la Sardina pilchardus… Je peux même vous affirmer, grâce à la scaligraphie, que vos sardines étaient âgées de cinq ans. »
J’entendis ronchonner derrière le paravent titrant en gros caractères LES NOUVEAUX DIEUX DU STADE :
« C’est ça, fais ton intéressant, élémentaire mon cher Holmes ! »
Le grand détective, tout à ses réflexions, n’avait rien entendu. Il poursuivit sa féconde pensée.
« Pourquoi sais-je que ce sympathique gentleman vient me consulter à propos de ces sardines ? Eh bien, c’est élémentaire, mon cher Watson ! »
Nouveau grognement :
« J’en étais sûr ! Eh, pépère, ton numéro commence à s’user… »
Heureusement Holmes n’avait rien entendu. Il continua sa brillante démonstration.
« Si ce n’était parce que ce contact avec des sardines avait été à l’origine de cette visite inopinée, cet homme du monde bien mis et soigneux de sa personne eut eu bien soin de se changer ou tout au moins de s’épousseter et de se parfumer par une vaporisation discrète d’eau de toilette.
Cher ami, narrez-moi les prémices de cette affaire que vous voudrez bien, mon cher Watson, relater sous le titre : Les sardines disparues. »
J'étais interloqué.
« Mais comment savez-vous ?
- C’est bien simple. Qu’a-t-il pu arriver à vos sardines, sinon disparaître ? Ne pas être fraîches ? Vous vous seriez dans ce cas adressé au poissonnier, et non à moi. D’ailleurs, neuf fois sur dix c’est pour une disparition que l’on a recours à mes talents…
- Je ne sais pas, j’aurais pu par exemple découvrir une perle au sein de l’une d’elle...
- Peuh, une sardine n’est pas une huître, et puis dans ce cas vous vous seriez contenté de profiter de l’aubaine.. »

Je racontai donc comment les sardines se trouvèrent dix en arrivant au port.
Je montrai les photos à l’appui : quand je les mets sur le gril,

sardines, grill
Sur le gril
et quand je me résous à les aligner sous un drap de persillade à côté d’une salade de mesclun.

sardines, gril, mesclun
Sur le plat

Holmes me semblait perplexe. Il prit son violon et sortit quelques grincements de son crincrin.
Là, Watson s’insurgea ouvertement :
« Ah non, vous n’allez pas encore nous casser les oreilles, Holmes ! Si vous continuez, nous allons être expulsés par la mère Hudson, ce n’est pas une tendre, vous le savez bien… »
Holmes rangea à regret son instrument dans son étui.
Je le vis tirer une petite boîte en métal argenté d’une autre poche de sa robe de chambre, en dévisser le couvercle.
Elle contenait une poudre blanche sur laquelle il plongea son nez et renifla. Il se redressa, me toisa d’un œil d’aigle et asséna :
« J’ai trouvé ! »
Watson posa son journal et répliqua :
« Moi, ce que je trouve, c’est que vous devriez arrêter. Regardez-vous avec votre pif enfariné. Tenez, vous me faites pitié ! »
Holmes le fusilla du regard :
« Chacun ses vices, mon cher. À vous l’Equipe et le whisky… »
Puis il se tourna vers moi et, d’un ton docte, me fournit ses conclusions :
« C’est bien simple. Une seule explication est possible. Mais oui, bien sûr… Comme le dit l’un de mes confrères, il suffit de faire fonctionner ses petites cellules grises.
C’est le chat le coupable. Il a mangé deux de vos sardines, d’ailleurs c’est la capacité normale d’absorption du felis silvestris catus.
- Seul problème, il n’y a pas de chat à la maison.. Le mien est mort il y a quelques années, et je n’ai pas eu le cœur de le remplacer...
- Vous eussiez dû avoir un chat… Mais puisque ce n’est pas le cas, je lui donne ma langue.
Pour vous, la consultation sera exceptionnellement gratuite.
Watson, inutile de prendre des notes ! Au plaisir, Monsieur le sans chat… »
Quand je sortis, la logeuse me tira par la manche et chuchota :
« Je suis inquiète pour la santé de ce pauvre Monsieur Holmes. Et ne trouvez-vous pas que le couple bat de l’aile ?  »
J’opinai et m’éloignai.

Je ne suis plus si certain qu’au départ elles étaient douze. Il me revient même qu’en raison de la taille des bestiaux…

mercredi 31 janvier 2018

Une bonne tomelette

ll me restait un morceau de tome fraiche  (enfin plus tellement…) de l’Aubrac ayant échappé à la réalisation de mon aligot une dizaine de jours auparavant.
Comment l’utiliser ? Une truffade, oui, bien sûr, mais j’avais envie de sortir du registre de la bougnatitude

Alors j’ai improvisé un plat que j’ai baptisé tomelette

Je commence par faire sauter dans du beurre cinq  pommes de terre samba du jardin découpées en cubes d’environ 1 cm de côté.  Quand elles commencent à colorer, j’y ajoute deux tranches de ventrèche au poivre du Sud-Ouest tranchées en lardons. Puis quand  elles sont bien dorées, je réserve.
Je m’empare d’une poêle de 30 cm, y verse un trait d’huile d’olive, la pose sur le feu et y fait  fondre une noix de beurre. Je la berce afin que le fond, mais aussi le bord soient bien enduits de ce gras, j’éteins la flamme et je laisse refroidir.
Je me livre à une fission de la tome en petits parallélépipèdes d’environ 2 x 3x 0,5 cm.
J’allume le four et le règle à 160°C.
Quand il est à température, je bats 6 œufs avec une bonne pincée de fleur de sel et force poivre noir sorti du moulin. Quand ils commencent tout juste de devenir mousseux, je les verse dans la poêle froide, verse le mélange de pommes de terre sautées et de lardons en les répartissant sur toute la surface. Je dispose enfin les morceaux de tome que je viens d’assaisonner çà et là, et j’enfourne.

Une dizaine de minutes plus tard, je regarde le résultat. La surface me semble restée un peu trop liquide, cependant je ne voudrais pas dessécher l’ensemble et surcuire le fond . Aussi je remets au four pour deux minutes, mais en allumant le grill.
Bon, ça me semble désormais convenable comme cuisson… Je  donne un tour de moulin de poivre,  badigeonne d’une noix de beurre piquée dans une fourchette et parsème d’un peu de ciboulette hachée.

tome, Aubrac, oeufs, ventrèche
Tomelette

Le scepticisme de mon épouse vis-à-vis de ma procédure a réussi à m’influencer, aussi je préfère photographier dans la poêle pour garder une trace de mon œuvre avant qu’elle ne se désagrège dans une tentative de décoffrage désespérée.
Ce serait dommage… Mais au moins le goût pourrait-il sans doute être quand même présent.
Des effluves le laisse présumer. Rapprochons notre nez pour renifler !

tome fraîcche, omelette, pomme de terre, lardons
Appétissant, à vue de nez !

Hum, ça sent rudement bon !
Maintenant, il faut que je me lance. Je penche la poêle au-dessus d’un plat et donne un petit coup sec  Rien ne bouge. Un peu plus fort..
Et voilà  que la tomelette part comme un bolide, manque de peu de s’étaler en dehors du plat qui n’est pas assez large pour elle. Je parviens à la replier par une bonne claque au  cours de la descente et miraculeusement elle s’adapte à la surface du plat en me permettant d’apercevoir simultanément le dessous cuit juste à point et le dessus gourmand. Une onctueuse et  prometteuse tome fondue s’échappe. J’en ai l’eau à la bouche…

tomelette, tomme de l'Aubrac
Sur le plat....

À la dégustation, l’œuf se comporte en omelette mousseuse et pas sèche le moins du monde. Passer des pommes sautées à la ventrèche est un bonheur simple. Simple comme un coup de fil (de fromage fondu).

lundi 29 janvier 2018

Cuisine bourgeoise ...gentilhomme


Afin d’obtenir le titre de Grand Papamouchi, je me suis livré à une Turquerie.


Pour commencer, Shish kofte.
Une recette rencontrée sur l’intéressant blog publié par le canadien Frédéric Bisson :
Recette de base
https://recettedebase.com/2014/04/05/kofte/

Avant de me consacrer à la réalisation de ce plat, je fais cuire le boulgour qui va l’accompagner.  Je réserve dans un petit saladier en verre.


Et zou, opération shish kofte !!!

Je commence par préparer deux sauces, l’une à la tomate, l’autre au yaourt.
Pour la première, j’ajoute un bon trait d’huile d’olive (une huile d’olive portugaise familiale au haut goût) à du coulis de tomate extrait d’une brique et assaisonne de fleur de sel et de quelques tours de moulin de poivre rouge.
Pour la seconde, je brasse un vrai yaourt grec Total avec deux gousses d'ail écrasées avec l'ustensile adequat et ajoute une pincée de sel.
Je réserve ces deux sauces versées dans des ramequins en terre.

sauce yaourt
Les deux sauces
Puis je pile dans mon mortier en granit sur un lit de gros sel : ail, graines de cumin, thym, persil, poivre noir de Kampot, piment d’Espelette.

Dans une bassine je mélange 500g de veau haché, 500g de bœuf haché, un oignon râpé, de la mie extraite d’un reste de pain sec trempée puis essorée, un œuf, le contenu du mortier.
Une fois bien pétri à la main, je façonne des boulettes d‘environ 5cm de diamètre que j’enfile sur des piques en bois.  Je les allonge et les aplatis en tapant de la paume de la main afin de bien les compacter pour éviter tout accident au cours des manipulations de cuisson.

brochettes sish kofte
Comme à la parade
Je  commence alors la chauffe de la plaque striée sur laquelle elles vont cuire.
Pendant ce temps je fais fondre une grosse noix de beurre  parfumée d’une pointe de piment de Cayenne et je réserve.

Ça y est,  la plaque est bien chaude,  je peux  y poser mes brochettes après l’avoir badigeonnée d’huile d’olive à l’aide d’un pinceau en silicone.

shish kofte
Ah, les belles brochettes !
Je profite de ces instants où mes morceaux de viande dorent sur une face, puis l’autre, pour passer la sauce tomate au micro-onde durant une minute, ainsi que le boulgour pendant trois minutes.
Tout est prêt : j’apporte sur la table les brochettes posées sur un plat et arrosées de beurre fondu, le saladier de boulgour et les deux sauces.
Il ne me faut pas oublier les pains pitas que j'ai  réchauffés  par un passage de deux minutes au micro-onde.

pitas
La pita vient en mangeant
Chacun se confectionne son assiette en puisant dans les ressources proposées.
Quant à moi, je dresse mon assiette témoin…

shish kofte, boulgour, sauce yaourt
Assiette témoin




Pour suivre, le dessert, des cornes de gazelles réalisées la veille .
Les proportions des constituants de la pâte et de la farce sont celles données par Bernard Laurance dans son blog :
La Cuisine de Bernard
http://www.lacuisinedebernard.com/2011/07/les-cornes-de-gazelles.html
J’ai choisi cette source, car les recettes données par ce bien connu blogueur sont en général très fiables.

Ce fut bien le cas.
La pâte d’enrobage, une sorte de pâte brisée sous-beurrée (200 g de beurre pour 500 g de farine) et hydratée avec de l’eau de fleur d’oranger s’est révélée  à la fois très maniable et très résistante. La farce constituée de 750g de poudre d'amandes, 200g de sucre, 2 cuillerées à café de vanille liquide, 2 cuillerées à café de cannelle en poudre, le tout pétri avec de l’eau de fleur d'oranger, n’était pas trop sucrée. Une petite valeur ajoutée maison fut le caractère légèrement feuilleté apporté par un tour donné à la pâte avant qu’elle ne soit étalée une seconde fois.

Ces deux éléments confectionnés, il y eut un façonnage peaufiné par une découpe à la roulette.

cornes de gazelles
Hou, les cornes !

Puis se déroula  la cuisson des cinquante pièces obtenues sur deux étages au four à 185°C une vingtaine de minutes, suivie par le saupoudrage de sucre glace puis de cannelle.

cornes de gazelles
De la poudre aux yeux

De quoi abondamment garnir un plat que je fais trôner au milieu de la table.

cornes de gazelles
De quoi en faire tout un plat..

Ces cornes sont vraiment savoureuses….

corne de gazelle
Encore une assiette témoin


Autant dire que mon élévation au titre de Grand Papamouchi ne rencontre aucune opposition, et surtout pas chez les petites Fifimouchettes

dimanche 28 janvier 2018

Dénouons l'aiguillette !

La mélancolie enlève l'appétit, le goût, noue les aiguillettes. -Jean Giono -Le hussard sur le toit

Entre les nœuds savamment élaborés par le boucher, une aiguillette.
Sanguinolente aiguillette de bœuf, toute emmitouflée dans sa barde, que je m’apprête à rôtir...
Je l’enfourne à 200°C pour environ un quart d’heure. Elle est assaisonnée et voisine avec une feuille de laurier, une branche de thym et deux petites échalotes tranchées barbotant dans une noix de beurre et un trait d’huile d’olive.
Au même moment des champignons de Paris découpés en quartiers finissent de dorer,  j’allonge sur le bord de leur poêle un petit oignon blanc muni de son feuillage tranché en deux dans le sens de la longueur. Trois minutes plus tard, je peux arrêter la cuisson et réserver. Dans une seconde poêle des carottes du jardin, passées à la mandoline, se font glacer avec un panais issu du même lieu coupé en deux. Ces racines accompagnées d’une bonne noix de beurre ont été recouvertes d’eau à effleurement et saupoudrées d’une pincée de sel et d'une cuillerée à café de sucre.
Il ne reste presque plus de liquide quand le timer sonne. J’enlève la poêle du feu et sors le rôti. Je me transforme aussitôt en agile dénoueur d’aiguillette doublé d’un débardeur… Puis je laisse reposer la viande le temps d’achever le glaçage des légumes et remettre les champignons à température.
Quand une couche luisante habille carottes et panais j’éteins la flamme. Je me saisis de mon couteau et partage l’aiguillette en tranches d’environ un centimètre d’épaisseur.
Je les répartis sur les assiettes, dépose à leur côté les rondelles de carotte sur lesquelles je fais se dresser un arrogant panais, ajoute les champignons. L’échalote caramélisée vient se blottir sur le rôti, et l’oignon sinue nonchalamment entre carottes et champignons pour rejoindre l’aiguillette.

aiguillette, boeuf, carotte, panais, champignon de Paris, oignon blanc
Aiguillette dénouée

Et c’est ainsi que j’ai dénoué l’aiguillette.

vendredi 26 janvier 2018

Grenadins façon Chaminadour

Nana, au pouvoir mésestimé, puisque capable de transformer une mégère avec un gredin en une ménagère avec un grenadin
Telle était ma réflexion en déballant deux soyeuses tranches de veau timidement rosées.
Associant ainsi viande et époux terribles, je n’ai pu que penser à Marcel Jouhandeau.


Ce qui m’a conduit vers cette fascinante vidéo à la fin de laquelle s’exprime ce fils de boucher :





Mais ces digressions n’ont pas empêché mes grenadins de passer à la casserole - ou plutôt à la poêle.

Il m’a fallu en premier lieu mettre à tremper des morilles séchées ardéchoises dans un peu d’eau tiède.
Une heure plus tard, j’assaisonne les grenadins et les saisie rapidement sur les deux faces  - avec seulement quelques gouttes d’huile et une petite noisette de beurre - dans une poêle en cuivre doublé d’inox choisie afin d’accrocher suffisamment pour pouvoir créer un jus et n’être pas vulnérable au déglaçage acide comme un ustensile culotté. Puis je les sors et les réserve.
Je rajoute une nouvelle noisette de beurre dans laquelle je fais suer à feu doux une échalote finement hachée. Je hausse la flamme et déglace avec un demi-verre de vin blanc ( en l’occurrence un gros-plant du  Pays Nantais ) et l’eau de trempage des morilles. Une fois le liquide presque entièrement évaporé, je verse dans la poêle une vingtaine de centilitres de crème fraîche épaisse d’Isigny et poursuis la réduction à feu moyen. Quand la crème a commencé à prendre encore plis de consistance j’y plonge les grenadins afin qu’ils y terminent leur cuisson, ainsi que les morilles. Trois ou quatre minutes plus tard, la sauce est de venue bien nappante et la viande devrait être à point, encore légèrement rosée à cœur. Je n’oublie pas de relever d’un bon tour de moulin de poivre noir et d’un soupçon de noix de muscade râpée.
Parallèlement j’avais fait cuire des spätzle  dans une grande casserole d’eau salée en ébullition durant le quart d’heure préconisé par le producteur alsacien. Elles attendaient égouttées, je les remets à température au sein d’une grosse noix de beurre fondue.

Le dressage est on ne peut plus simple : les pâtes parsemées de persil ciselé, flanquées du grenadin arrosé de sa sauce onctueuse et jonché de quelques morilles.

grenadin, veau, crème, morilles spaetzle
Grenadin pas gredin


Bien qu’a priori je regrettais de ne pas avoir eu une bouteille de riesling sous la main, il me faut reconnaître que le gros-plant a apporté une petite touche d’acidité bienvenue à la sauce parfumée par les sucs de la viande et les champignons.
Quant au grenadin, d’une tendreté bienveillante, il fond dans la bouche.

Il y a quand même des unions qui fonctionnent bien...

mercredi 24 janvier 2018

Cocktail pour ton thon

Il me restait une demi-tranche de thon grillé froide.
Aussi je me demandais : « Mais que vas-tu faire de ton thon ? » ( il m’arrive de me tutoyer dans l’intimité… ). La réponse me sauta soudain à l’esprit comme une évidence : j’allai le servir enrobé d’une sauce cocktail.

Je monte donc une mayonnaise dans un bol avec un jaune d’œuf, une cuillerée de moutarde, deux tiers d’huile d’arachide et un tiers d’huile d’olive. Une fois celle-ci bien ferme, j’ajoute trois bonnes cuillerées de ketchup, un trait de sauce Worcestershire, un trait (ou plutôt deux traits...) de whisky, une douzaine de gouttes de tabasco, une bonne pincée de paprika, un tour de moulin de poivre rouge et le jus d’un quart de citron.
La sauce cocktail est prête, je n’ai plus qu’à la verser sur le thon débarrassé de sa peau et découpé en  petits rectangles, puis de parsemer le plat de ciboulette ciselée. J’accompagne simplement d’une salade de concombre parfumée de menthe hachée.

thon, sauce cocktail
Beau thon en tenue de cocktail

Un repas plaisant n’ayant pas demandé beaucoup de travail…

lundi 22 janvier 2018

L'amour des trois agrumes

Comme les trois mousquetaires étaient quatre, les trois agrumes étaient cinq : deux Bigarade, deux Bergamote et le petit Lime.

bergamote, bigarade, lime, agrumes, canard
Réunion préparatoire d'agrumes pressés

Ils croisèrent en chemin trois vilains canards qui leur dirent :
« Tirez nos bobinettes, et nos aiguillettes cherront ! »
Sitôt dit, sitôt fait. Les cinq agrumes voulurent se marier avec les aiguillettes, sauf qu’elles étaient six.
La laissée-pour-compte pleura et gémit : « Je préférerais être pas née »
Un vieux sorcier un peu sourd qui passait par là voulut exaucer son vœu.
Sitôt dit, sitôt fait. L’aiguillette était panée.
Tous les agrumes s’exclamèrent : « Que tu es belle ! »
Les autres aiguillettes, jalouses, interpelèrent le sorcier : « Mais nous aussi nous voulons être vêtues d’or ! »
Sitôt dit, sitôt fait. Le problème du cinq à six n’était pas pour autant résolu…
Jusqu’à ce que Lime le Petit, tel un Alexandre le Grand tranchant le nœud gordien, décréta vertement : « Tous pour une, une pour tous ! »
Sitôt dit, sitôt fait. Le mariage fut conclu avec comme témoins une Endive qui pour une fois ne s’était pas fait porter pâle et un Céleri complétement rond.
Le sorcier était à la noce. Il y perdit sa baguette…



Même pas vrai ! Il y en a qui écrivent n’importe quoi sur ce blog !
On veut une recette.
Une recette, une recette, une recette… !!!

CROUSTILLANT D'AIGUILLETTES DE CANARD AUX TROIS AGRUMES


canard, aiguillettes, agrumes, bergamote, bigarade, lime, celeri, endive, penko
C'est lui!



Ingrédients pour 2 personnes :

6 aiguillettes de canard fermier des Landes, Label Rouge
2 bigarades bio
3 bergamotes bio
1 citron lime bio

1 petit céleri-rave du jardin
1 endive du marchand de primeurs
3 c. à s. de farine
2 blancs d’œufs
50 g de panko
3 c. à s. de graisse d’oie
1 noix de beurre demi-sel
2 noisettes de beurre doux

1 c. à c. de fond de veau
1 pincée de piment d’Espelette
1 pincée de paprika
1 pincée de curry
1 feuille de laurier
1 branche de thym

1 tranche de citron jaune
2 brins de ciboulette
2 c. à c. de cassonade
4cl de whisky Jura Diurachs’ Own
poivre rouge du moulin
sel


Les agrumes
Prélever le zeste des agrumes à l’aide d’une Microplane. Réserver.
Découper deux fines tranches dans une bergamote, en ôter les pépins, puis enfourner à 80°C durant 45 minutes entre deux feuilles de papier siliconé avec une plaque pesant sur ce sandwich.
Extraire les suprêmes d’une des bergamotes. Réserver
Presser les bigarades et les bergamotes ainsi qu’une moitié du lime afin d’en obtenir le jus. Réserver.

L’endive
Après l’avoir dépouillée de ses moins belles feuilles extérieures, la fendre en deux et la poser au fond d’une petite casserole avec une noisette de beurre doux, une cuillerée à café de cassonade et une pincée de sel. Ajouter de l’eau sur ½ cm et quelques gouttes de jus de citron. Laisser évaporer à feu doux en retournant de temps à autre jusqu’à début de caramélisation. Réserver.

Le céleri
Il s’agit d’une boule de céleri de petite taille. L’éplucher sur toute sa surface, la frotter de la tranche de citron jaune, l’emballer entière en compagnie d’une feuille de laurier et d’une branche de thym dans une papillote réalisée avec une feuille de papier d’aluminium siliconé, et enfourner pour une demi-heure à 160°C.
La sortir de la papillote et la faire rouler dans une casserole afin de l’enrober de la noix de beurre demi-sel fondue parfumée d’une pincée de curry. Réserver.

La sauce
Verser le jus des agrumes dans une petite casserole. Y ajouter les zestes, une cuillerée à café de cassonade, une pincée de piment d’Espelette pour relever et une pincée de paprika pour colorer. Faire réduire du tiers à feu doux, puis transférer en passant au chinois dans une autre petite casserole.  Compléter d’une cuillerée à café de fond de veau. Dissoudre une demi-cuillérée à café de fécule dans le fond d’un verre d’eau. Ajouter. Arroser de 4 cl de whisky. Poursuivre la réduction jusqu’à obtention d’un liquide sirupeux. Réserver.

Les aiguillettes de canard.
Assaisonner les aiguillettes.
Garnir trois plaques à débarrasser, la première avec la farine, la deuxième avec les blancs d’œufs battus jusqu’à ce qu’ils deviennent mousseux, la troisième avec le panko. Passer chaque aiguillette successivement dans ces récipients afin de la paner. Déposer les aiguillettes bien enrobées sur une poêle dans de la graisse d’oie  très chaude afin de colorer la panure sur toutes les faces sans trop cuire le cœur de la viande. Après un bref aller-retour, sortir et déposer sur du papier absorbant afin de laisser reposer le temps du dressage.

Dressage
Remettre l’endive et le céleri à température, ainsi que la sauce dont on a rectifié l’assaisonnement et que l’on vanne ensuite hors du feu avec une noisette de beurre doux afin de lui donner du brillant.
Trancher la boule de céleri en deux, placer une de ces hémisphères sur chaque assiette à côté de la demi-endive. Disposer les aiguillettes en les faisant se chevaucher, verser la sauce. Passer les deux tranches de bergamote quarante secondes au micro-onde pour achever de les dessécher avant d’en appuyer une au centre de chaque dressage sur les aiguillettes. Répartir les suprêmes de bergamote. Terminer par la touche de verdure géométrique apportée par la ciboulette.