Moins que ça, cependant :
Je me suis même contenté du format intermédiaire des pots qui m’étaient proposés.
Pas celui de cinq kilogrammes, seulement de deux. Parfois je donne carrément dans la mesquinerie…
Je viens d’effectuer le premier prélèvement dans cette réserve.
L’extraction s’est déroulée sans problème - encore que si je tenais l’individu qui a conçu afin de sceller ce récipient une languette de plastique écorche-pouce si opiniâtrement résistante, je le plongerais volontiers pendu par les pieds au fond d’une cuve de fermentation dont il ne serait extrait qu’après avoir réussi l’exploit de détacher une douzaine de ses couvercles à main nue en moins d’une minute : c’est ce que mérite ce triste ingénieur de mes deux pour avoir inventé le coffre-fort à choucroute nécessitant le recrutement d‘un pro de la cambriole…
- On me demande ?
- Pas du tout, ce qu’il faut, c’est un vulgaire casseur armé d’un pied de biche, point de bouchon de cristal mais un couvercle de gros plastoc…
Mais rendre son confinement au chou, c’est plus ardu… Il ne s’agit pas simplement d’être bourrin : en effet il faut assurer la bonne conservation dont ce seul damné couvercle n'est même pas capable tout seul. Méthode retenue : tasser du déjà tassé pour obtenir une surface plane, puis obturer. En cherchant bien, je découvre une petite assiette à dessert qui fera l’affaire si j’y ajoute le joint d’un papier siliconé découpé en disque. Reste à me procurer le poids à poser pour faire pression. Un disque en fonte bien pesant fera l’affaire.
La préparation du plat de choucroute ne sera plus qu’une formalité.
Il me reste le tiers de mon morceau de lard paysan fumé : je le découenne et le partage en deux. Je fais fondre une échalote ciselée au fond de la casserole sur une noix de saindoux et la couenne partagée en petits rectangles. Puis j’ajoute trois gousses d’ail, une feuille de laurier, des baies de genièvre, quelques baies de piment de la Jamaïque, une cuillerée de grains de poivre blanc de Penja.
Je fais revenir quelques secondes les deux morceaux de lard dans la graisse.
Je recouvre du chou que j’ai juste rincé brièvement, brasse afin qu’il soit bien enduit par le saindoux.
Je n’ai pas de vin d’Alsace à ma disposition - ou plutôt j’en possède bien dans mes réserves, mais il s’agit de gewurztraminer de vendanges tardives bien trop couteux pour être sacrifié à une cuisson pour laquelle, de surcroît, il n’est pas adapté. Un verre de sauvignon fera fort bien l’affaire : je le verse dans la casserole. Pour finir je complète avec de l’eau presque à hauteur.
Je laisse cuire à feu doux pendant une heure et demie.
Il est temps de faire dorer dans une poêle des saucisses blanches alsaciennes qui seront l’unique charcuterie de cette minichoucroute avec le lard de cuisson du chou.
Je dispose le contenu de la casserole sur un plat, laissant apparaître les deux morceaux de lard. J’étends les saucisses, trois grosses et deux petites, je ne sais pour quelle raison - j’ai même reçu un message d’excuses, mais je n’ai pas osé demander le pourquoi de ce défaut de calibrage…
Choucroute blanche |
Bon, ce n’est pas la choucroute débordante de charcutaille, mais c’est bien bon quand même…