jeudi 23 septembre 2021

Au-dessus du volcan

Je ne puis m’empêcher de jeter un regard compatissant sur ces pierres de lave qui reposent au fond du nouvel appareil que je vais inaugurer. Sort pitoyable que celui de ce magma ambitionnant de détruire les villes et les campagnes, et qui se voit réduit à taquiner la bidoche sous l’assistance d’une ferraille rubescente. Aussi déchues qu’un Atlas que l’on aurait soulagé de sa sphère céleste pour ne soutenir qu’une noisette, qu’un Sisyphe poussant sa petite boulette de pain sur un coin de table, qu’un Prométhée nous passant une taffe avant la crise de foie, ces caillasses travesties en tisons ne peuvent rougir que de honte. Je les plains.

Ce qui ne m’empêchera pas de les mettre à contribution après échauffement…

gril electrique pierres de lave
Dans la résistance


Puisque pour moi l’utilisation d’un tel gril électrique à pierres de lave est une première, ce seront tout logiquement des côtes premières qui se prêteront à cette cérémonie. Ce sont des côtelettes d’agneau Laiton de l’Aveyron. Je les assaisonne d’une pincée de fleur de sel et les parsème de feuilles de thym avant de les déposer sur le gril où je les tournerai plusieurs fois durant leur brève cuisson qui fait monter à mes narines les parfums d’un barbecue champêtre. Comme quoi, l’autosuggestion, ça fonctionne !

agneau Laiton, côtes premières
Le silence des agneaux


Le moment de transférer les côtes d’agneau sur un plat est arrivé. J’ajoute simplement un tour de moulin de poivre rouge.

côtes premières, agneau Laiton
Sauvées du magma


Un comité d’accueil attend cette viande envoyée en reconnaissance et ayant mené à bien sa mission. Il s’agit de haricots demi-secs provenant du jardin. Je les ai cuits en les laissant une trentaine de minutes dans de l’eau bloubloutante en compagnie des découpes d’un petit oignon et d’une carotte de même provenance. J’ai relevé d’une gousse d’ail partagée en deux, d’un trio de baies de piment de la Jamaïque et d’un clou de girofle. La pincée de gros sel n’est arrivée qu’en fin de cuisson. Maintenant ces cocos qui n’ont rien de vilain sont réfugiés dans un plat en porcelaine, et je leur ai octroyé une belle noix de beurre avant de faire tomber un tour de moulin de poivre noir.

haricots demi-secs
Ils sont demi-frais, mes cocos


Mon nouvel instrument de cuisson va-t-il avoir réussi son test ? Eh bien oui. Les côtes d’agneau se sont imprégnées des fragrances du thym avec une touche fumée, mais surtout le cœur des noix est resté agréablement juteux sous la fine croûte externe maillardisée.

Quant aux haricots, s’ils ne sont pas aussi dodus que des cocos de Paimpol, ils les surpassent gustativement par la présence d’un titillant fruité, rappel heureux de leur prime jeunesse.

Après un tel régal, il n’est pas question d’en rester là ! Fort heureusement je peux apporter sur la table un flan parisien, frère d’un second offert la veille à ma fille.

flan parisien
Comme deux ronds de flan

Il est réalisé suivant une recette de Ducasse - enfin presque, car la péremption de la crème liquide de ma réserve, découverte au dernier moment, a nécessité l’usage d’un pot de crème épaisse salvateur, mais qui a certainement modifié le résultat tant en goût qu’en texture. L’appareil du chef versé sur la pâte brisée cuite à blanc indiquait cette proportion : 90 g de poudre à crème, 1 c. à c de vanille liquide, 150 g de sucre, 50 cl de lait, 50 cl de crème liquide, 4 œufs. J’ai doublé les quantités, remplaçant la vanille liquide par une gousse de vanille de la Réunion et la crème liquide par seulement 50 cl de crème épaisse. Bien que probablement un peu plus compact que l’original, le résultat était néanmoins satisfaisant, pas du tout étouffe-chrétien et cerné d'une pâte restée bien croustillante.

flan parisien
Quartier parisien


C’est ainsi que l’on va de Magma en Ducasse : c’est la fête !



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