dimanche 21 février 2021

Ichtyophagie récidiviste

Ces derniers jours je fus victime de deux crises d’ichtyophagie.


La première fut guérie par l’administration orale d’une blanquette de joues de lottes.

J’ai préparé moi-même cette potion. Elle comprenait, outre une dizaine de joues de lottes, une carotte et un oignon doux taillés en paysanne, ainsi qu’une pincée de tranches de cèpes séchés.

Ces plantes jetées dans une sauteuse en cuivre furent recouvertes d’eau et placées sur le feu. J’ai fait plonger dans ce bouillon un bouquet garni comprenant laurier, thym citronnelle et persil, suivi d’une pincée de sel et un clou de girofle. Quand la carotte a pu révéler sa tendreté sous la pointe d’un couteau, j’ai ajouté les joues de lotte. Après quatre minutes à frémissement, j’ai lié avec une pincée de fécule de maïs et un jaune d’œuf battu avec un petit pot de crème. Quand ce mélange a épaissi à feu doux, il ne me restait plus qu’à retirer le bouquet garni, donner un tour de moulin de poivre blanc de Muntok et vivifier avec un trait de jus de citron vert avant d’apporter sur la table à côté d’un petit saladier de riz thaï à la créole.

blanquette de joues de lottes
Que de blanc !

Comme ma compagne avait été contaminée par mon accès d’ichtyophagie, elle a partagé ce traitement avec moi…


Las, il n’a fallu guère de temps pour que je fisse une rechute.

Qu’à cela ne tienne, c’était l’occasion de recourir à une nouvelle pharmacopée. On ne peut plus simple : des sardines à l’état brut uniquement parsemées de fleur de sel de l’île de Ré…

Je les ai cautérisées vivement sur un gril strié.

sardines grillées
Sardines à la parade en ordre serré

Ces poissons retirés à la pince et placés sur un plat en inox offraient un traitement idéal pour mon ichtyophagie contagieuse une fois les bêtes parsemées de poivre rouge de Kampot…

sardines grillées
Elles me regardent d'un sale oeil

Nous avons débarrassé ces sardines, transférées une par une dans nos assiettes, de leurs arêtes et de leur tripaille pour en déguster les filets accompagnés de tartines : une tranche de beurre demi-sel sur une noisette de pain.

Après cette médication, l’ichtyophagie était vaincue - au moins provisoirement, car cette fièvre quartaine n’est pas exempte de récidive, ce dont je ne me plaindrai point car j’avoue que ces crises itératives me procurent un certain plaisir dans leur thérapie.


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire