samedi 30 janvier 2021

Pan sur la truffe et bonne raclette

Une truffe est sortie prendre l’air. Fâcheuse initiative… Je me suis emparé de mes fusilli et pan sur la truffe.

Voici le résultat :

fusilli aux truffes
Le mur des fusilli

Ma cible était atteinte, le parfum de la truffe fraîche s’alliait à merveille avec les senteurs céréalières des rustiques pâtes au blé tendre confectionnées par un agriculteur du village poitevin où je villégiature en belles saisons. Une onctueuse crème épaisse imprégnée de toutes ces aguichantes odeurs en plus de ses propres flaveurs lactiques apportait de la rondeur.

La dernière page de mon chapitre « truffe fraîche » annuel était tournée…


Le surlendemain, j’ai droit à une bonne raclette. Tout ça à cause d’un bison…

Ce bison, qui avait brouté l’herbe tendre des monts auvergnats, se trouva fort sec quad l’hiver fut venu. Il ne trouva pas mieux que venir squatter mon appartement. Je n’étais pas d’humeur à tolérer ce sans-gêne plus longtemps ! Il y a des dates limites à tout…

Il dut sortir de sa cache encadré de quatre gendarmes alsaciens qui se firent un plaisir de le houspiller.

raclette, bison séché, gendarme
Planche de contact

« Bauvre kredin ! Ton sort est pon…

-  Mais moi avoir rien fait

-  Il n’y a bas de fumée sans feu, nous sommes pien blacés pour le savoir.

-  Tout ça parc’que moi être auvergnat d’origine sioux…

-  Arrête tes jérémiades avant que la moutarde ne nous monte au nez ! »

J’interrompis ce dialogue débile. Quelle suite à donner ?

Un gendarme vint à mon secours :

« Ce bison mérite une bonne raclette ! »

Décidément, je faisais la tournée des montagnes. Après le Massif Central et les Vosges, c’étaient les Alpes qui étaient convoquées dans ma cuisine…


C’est ainsi que je me vois en train d’enficher sur mon appareil adéquat une belle part de raclette au lait cru achetée chez un maître affineur tenant un stand au marché à côté des halles locales.

Les résistances rougissent, le fromage fond.

raclette
Janvier rouge

Il ne reste plus qu’à le racler (étonnant, non ?) pour faire tomber l’écoulement dans la petite assiette qui sert de réceptacle provisoire avant de le transférer sur des rattes dépouillées de leur robe des champs tout à côté de la charcuterie d’appoint. Tout ça avec un enchevêtrement de fils à l’élasticité infinie propre à donner des cauchemars à un poseur de fibres optiques… Pour ma part, Alexandre de ma salle à manger, je tranche ce nœud neogordien de la large lame qui complète ainsi son office.

Nous alternons joyeusement pomme de terre, fromage, bison, gendarme et vin blanc, pressés par le réchauffement fromagique.

raclette
Où est passé le cornichon ?


Nos ventres sont repus, et nous ne pouvons que constater qu’en dépit de notre énergie carnivore le bison séché n’est pas encore une espèce en voie de disparition. Le gendarme non plus d’ailleurs…

Quant à la fonte, elle se voit interrompue par un débranchement sournois qui laisse l’appareil résistance bée.

Il y a du restockage dans l’air…


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