Je déballe mon paquet d’Unsmoked Back Bacon Sliced.
Je considère avec perplexité ces tranches, me souvenant de ma précédente autocritique :
…un bon bacon que j’aurais peut-être dû laisser cuire encore plus longtemps afin de le rendre très croustillant !
« Mon vieux, j’espère que ça se passera mieux… Car à notre dernière rencontre, y avait du mou dans le breakfast, hein, mon fier highlander ramollo de la tranche. »
C’est alors qu’une voix à l’accent britannique s’élève dans le silence de la cuisine à peine troublé par le ronronnement de la hotte.
« Améliore le présent sans faire la satire du passé »
Bacon me parle ! Je suis un tantinet inquiet, ce n’est pas tous les jours que l’on dialogue avec un tel personnage, serai-je à la hauteur ? Mais il a deviné mon angoisse…
« Le doute est l’école de la vérité », enchaîne-t-il, sentencieux.
Tout cela est bien beau, cependant moi, tout ce que j’espère, c’est réussir ma cuisson !
« L’espoir est un bon déjeuner, mais un mauvais dîner »
Je ne sais pas vraiment comment procéder pour obtenir une tranche croustillante et pas desséchée pour autant, je ne veux pas obtenir du carton. Un digne Anglais aurait peut-être la réponse ?
« Celui qui dit ce qu’il sait dit aussi ce qu’il ignore »
Ah oui, c’est bien avec ce genre de réflexions que je vais avancer ! Mais foin de billevesées, il me faut maintenant passer à l’acte. Déjà, ma cuisson sera plus longue, mais est-ce que ce sera suffisant ?
« Il est plus sage de changer beaucoup de choses qu’une seule »
T’as pas tort, Francis, d'ailleurs je pense à deux autres modifications : les tranches seront cuites à sec, à même la poêle, et cette dernière finira dans le four quelques minutes à 200 °C.
J’étends mon bacon au fond d’une poêle que je m‘apprête à poser sur un brûleur qui s’épanouit déjà en une vaste fleur bleuâtre au cœur cuivré. Et ça chauffe, ça chauffe !
« Attendons un peu pour finir plus vite »
Ouais ouais, tu te crois malin, mon gros bêta Bacon, mais tu ne réussiras pas à m’abuser avec tes pauvres manœuvres dilatoires. Allez zou, sur le feu ! Les plaisanteries les plus courtes sont les meilleures.
« La plaisanterie sert souvent de véhicule à la vérité »
Eh bien, roule ma poule...
Sur ce, l’âme de Francis Bacon s’envole de la poêle au milieu de la vapeur pour regagner les limbes qu’elle n’aurait jamais dû quitter.
Les tranches commencent à se recroqueviller, le passage au four croûte leur surface.
Bacon va se mettre à table |
À leur sortie, elles m’invitent à aller me faire cuire un œuf, et même deux car nous allons jouer au breakfast à quatre mains.
L'un des deux d'oeufs |
J'ai ajouté à la panoplie quelques poignées de chips sorties d’un paquet emballé par un adepte de l’art pompier.
Ces vaillants éteigneurs de feu se révèlent d’ailleurs bien inutiles en cette occasion, car ils n’ont pas à grimper bien haut sur l’échelle de Scoville… Je me prends à regretter de ne pas avoir eu dans mes réserves des chips parfumées au vinaigre, bien mieux adaptées.
Mais j'accepte ce mécompte avec philosophie… Quand on a discuté avec Francis bacon !
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