mardi 20 novembre 2018

Le miracle de la Sainte Ragougnasse

Quand je l’ai sorti du bac à légumes, il avait pris un coup de vieux, ce malheureux chou brocoli.
Je l’avais acheté sur sa bonne mine dans un élan du cœur. Il resplendissait de fraîcheur sur l’étal du magasin de producteurs richelais… Je n’avais pas de projet particulier : c’était parce que c’était lui, parce que c’était moi.
Puis j’ai eu des visiteurs dont j’ai essayé de satisfaire les goûts, nous sommes ensuite revenus en ville, il nous a suivis. Je l’ai rangé précieusement au frais. Puis je l’ai oublié. Ainsi va la vie.

Et ce jour, fouillant dans le réfrigérateur, je tombe sur lui. Il est bien décati, le pauvre. Adieu fière verdeur rayonnante, ses tempes ont blanchi. Néanmoins il reste encore relativement ferme. Je vais tenter de l’utiliser en accompagnement des darnes de saumon prévues pour le repas. Mais avant, il va entrer en réanimation. Je sépare les sommités, les plonges dans de l’eau glacée, verse une cuillerée débordante de gros sel et arrose d’un trait de vinaigre blanc.
Une heure plus tard, le miracle a eu lieu : le vert est revenu.
Comme je donne dans la récup, je prends trois pommes de terre en robe des champs, restes du plat pompe sauce qui, hier soir, se trouvait sur la table à côté de bonnes tripes de Caen fumantes. Je les ai laissées à température ambiante ; comme il sied à ces grandes frileuses. Je les épluche, les coupe en tranches.
Dans une poêle, un trait d’huile d’olive et une noix de beurre demi-sel… J’entreprends de dorer les pommes de terre. Pendant ce temps, le brocoli cuit sept minutes dans de l’eau bouillante bien salée.
Je pêche les sommités de ce chou avec une araignée et les dépose dans la poêle. Mais je ne me sens pas satisfait. Il manque quelque chose pour sauver la banalité de cette ragougnasse. Ça y est, j’ai trouvé. En balayant mes ressources du regard, mon œil tombe sur la boîte de Curcuma Péi réunionnais. J’en prélève une cuillerée dont je parsème le brocoli. Je poursuis la cuisson en asséchant sur toutes les faces jusqu’à un début de croustillant. Un tour de poivre rouge, et je réserve.
Sur une autre poêle, ce sont les darnes de saumon assaisonnées qui effectuent un rapide aller et retour sur une petite noix de beurre.
Je me lance dans un dressage sur assiette.

saumon, brocoli
De bric et de broc oli



Le visuel me vaudrait les coups de pied au cul d’un Philippe Etchebest.




Pour autant le résultat n’est pas un cauchemar en cuisine. C’est même plutôt bon…
Le miracle de la Sainte Ragougnasse, vous dis-je !

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