En effet dans ma folle jeunesse un de mes meilleurs amis avait dragué une charmante Réunionnaise - qu’il devait épouser quelques mois plus tard - et je partageais souvent des repas avec ce couple auquel se joignait parfois une cousine de la future mariée, quant à elle draguée par un jeune Malgache - qu’elle devait épouser quelques mois plus tard - dans des restaurants réunionnais de la capitale - en particulier un établissement de la rue Daguerre qui existe toujours -. Après les mariages, j’ai eu droit en sus à de la cuisine familiale… Un avantage de célibataire écornifleur que j'ai su préserver après que moi aussi j'ai convolé en justes noces !
Et quelques années plus tard, ce furent mes enfants qui se régalaient de plats réunionnais concoctés pour son mari originaire de cette île lointaine par la nourrice qui les gardait avant que nous les récupérions le soir au retour du travail.
Aussi suis-je un z’oreille pas absolument inculte en matière culinaire de ce département lointain.
C'est donc tout naturellement que l’idée m’est venue de concocter un rougail afin de tirer parti de l’avalanche de tomates du jardin.
Mais voilà, je me suis senti incapable d’y intégrer une saucisse de Toulouse ou encore moins de Montbéliard comme on le voit souvent sur les recettes présentes sur le Web.
J’avais déjà de temps à autre cuisiné de tels plats, mais à cette époque se trouvait fort opportunément non loin de mon lieu de travail un importateur de produits frais ou surgelés. Mon trajet d’approvisionnement en saucisses péi ou autres boucanés se réduisait donc à un trajet pédestre où je ne croisais éventuellement qu’un ou deux consommateurs de crack qui pratiquaient plus le vol en solitaire que le vol en Réunion. Aussi, ces derniers jours, j’aurais eu l’impression d’une régression si j’avais cédé à la facilité de l’à-peu-près pour les produits.
Qu’à cela ne tienne : si je ne vais pas au piton de la Fournaise, le piton viendra à moi.
Je suis donc allé faire mes courses à la Réunion - virtuellement, s’entend…
Tiens, une boucherie…
Puis une épicerie…
Quelques instants plus tard, mon panier était plein.
C’est ainsi que je me trouve confronté à un sachet de saucisses fumées péi gisant sur mon plan de travail..
Saucisses en réunion |
J’en prélève quatre et je remets les autres sous vide.
Le moins qu’on puisse dire, c’est que chez l’artisan qui les a préparées, le calibrage n’est pas le souci fondamental…
C'est bien artisanal ! |
Je les blanchis avec deux départs à l’eau froide et réserve.
Dans ma cocotte en fonte noire je verse une cuillerée d’huile d’arachide et je fais revenir un gros oignon haché. J'ajoute deux gousses d’ail que je viens d’écraser. Quand ça commence à colorer, je déverse les morceaux de deux belles tomates hachées. Je parfume et colore d’une demi-cuillerée à café de safran péi (c’est ainsi que l’on dénomme le curcuma sur l’île) arrivé dans le même colis.
Il n’y a pas à dire, la fragrance étonnante qu’il dégage n’a rien à voir avec celle des flacons métropolitains. Ducros, décarcasse-toi un peu plus. Je laisse compoter quelques minutes, ajoute les saucisses tranchées en tronçons. Je laisse à feu doux la cuisson se terminer.
Ça, c’était pour la réalisation du rougail saucisse, qui sera le plat.
Mais je concocte aussi un rougail de tomates, qui sera le condiment qui accompagnera le plat.
Mon mortier en granit, j’écrase sur une pincée de gros sel une tranche de gingembre frais découpée en petits dés et la moitié hachée d’un petit oignon. Je ne dispose pas de piment frais réunionnais, je me contenterai de purée de piment locale. J’ajoute une petite cuillerée de cette pâte à ma mixture dans le mortier. Je prélève une nouvelle cuillerée dans le bocal et la goûte afin de vérifier s’il serait opportun d'augmenter la dose. Je cours en urgence me prélever un quignon de pain afin de le mâcher : ben non, il y a assez de piment, ça c’est sûr ! Il me faut piler aussi les dés d’une tomate émondée. Las, si j’enfonce le pilon, ça déborde...
Je charge le mortier |
Ce mortier à épices est trop petit, il me faut procéder en vidant la moitié du contenu. En opérant en deux étapes successives, j’arrive à obtenir un rougail correct après mélange.
Je réserve.
Enfin il me reste à cuisiner l’accompagnement : ce sera un embrocal aux pommes de terre.
Je découpe une pomme de terre en dés d’un peu moins d’un centimètre de côté.
Dans une casserole je verse une cuillerée d’huile d’arachide dans laquelle je fais fondre l’autre moitié d’oignon qui me restait hachée. Je complète d’une demi-cuillerée à café de safran péi, puis de pommes de terre. Enfin je verse un petit verre de riz thaï que je fais nacrer. J’inonde de trois verres d’eau, assaisonne d’une pincée de sel. Je couvre la casserole. Au bout de vingt minutes, j’enlève le couvercle. Le riz est cuit, mais il reste encore un peu de liquide que je fais évaporer.
Deux minutes plus tard, les grains se détachent et je peux mélanger. À mon grand étonnement et à ma grande satisfaction, ça n’a pas collé au fond de la casserole.
L'embrocal aux pommes de tere, c'est ça ! |
Juste une petite pluie de gingembre râpé sur les saucisses, et tout est désormais prêt pour passer à table déguster le rougail maison.
Mon repas réunionnais |
On se régalera ! Ça valait le non-déplacement !
Madame, ne voulant pas être en reste, a réalisé pour le dessert un gâteau de patates douces au chocolat selon une recette trouvée dans l’ouvrage La Cuisine de la Réunion paru aux Éditions Orphie en 2004.
1 kg de patates douces cuites réduites en purée
200 g de sucre en poudre
200 g de chocolat noir
200 g de beurre doux.
L’on mélange à la purée le chocolat fondu au bain-marie, le beurre fondu et le sucre, puis on verse dans un moule beurré avant de laisser prendre au froid.
Où la patate est douce... |
La consistance onctueuse n’est pas désagréable, mais à déconseiller si l’on a des enfants en bas âge, qui ont tendance à considérer ce produit comme une pâte à modeler jouissive à étaler sur tout support.
Un bon gâteau au chocolat !
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire