Il ne s’agit pas d’épeires du jardin mais des paires de muscles nichés dans l’arrière-train du porc.
Le jardin est quand même concerné, car leur arrivée (à bon port et à bon porc) dans ma cuisine m’a permis de faire un sort à plusieurs de ces tomates qui commencent à devenir envahissantes.
Je commence par faire suer à feu doux un oignon paille haché dans la cuillerée d’huile d’olive versée dans ma cocotte en fonte. Puis je hausse à feu moyen afin de faire légèrement dorer les araignées sur toutes leurs faces. L’oignon voudrait désormais lui aussi prendre de la couleur… Pas question, mes p’tits cubes ! J’interromps ces velléités sous une cascade de tomates variées émondées et épépinées. Sous le feu de l’émotion et du gaz réunis, elles se mettent à fondre, et je leur remonte le moral par un bon verre de chardonnay. Je plonge un bouquet garni constitué d’une feuille de laurier, de brins de thym et de romarin ficelés au milieu d’un petit bouquet de persil. Mais où ai-je la tête ? J’allais oublier l’ail ! Je me dépêche de ciseler finement deux gousses que je déverse dans ce qui commence à devenir une sauce. En revanche, j’avais bien pensé à parfumer le plat d’arômes épicés. Dans mon mortier en granit j’avais écrasé une cuillerée de poivre blanc de Penja, la même quantité de poivre sauvage de Madagascar ainsi que de baies de Sansho, un clou de girofle et une pincée de gros sel. Je parsème de la poudre obtenue. Pour terminer, je me saisis d’un citron que je présume bio (ce n’est pas moi qui l’ai acheté…) et en détache un lambeau de zeste qui plonge dans la cocotte.
Araignées du soir |
Je peux désormais coiffer mon ustensile de son couvercle. Je laisse environ une heure mijoter à petit feu, avec un retournement des araignées à mi-parcours.
La sauce a beaucoup réduit. Je la détends avec le jus d’un demi-citron. Que cet agrume soit ici publiquement remercié : il a donné à la fois sa peau et son sang…
Je transvase le contenu de la cocotte dans un plat. Je sacrifie à la touche verte rituelle : quelques feuilles de basilic se plient complaisamment à ce rôle, bien qu’à vrai dire elles n’aient pas trop leur place au milieu des fragrances et saveurs déjà présentes.
Araignées dans le rouge |
Mais quid comme accompagnement ? Eh bien j’ai choisi des spätzle. Je sais bien que ce sera un choc de civilisations. Mais après tout cette pâte saura boire la sauce tout autant qu’une autre. Et glou, et glou, elle sera des nôtres !
Spätzle détournées |
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