jeudi 12 juillet 2018

On nous casse le Burns

Pléthore de fèves au jardin…

Devant cette arrivée massive, j’ai dû leur trouver un emploi. Pourquoi ne pas préparer une purée, pour changer ? Et c’est ainsi que je me suis trouvé à écosser un grand sac de gousses, que d’ailleurs je n’ai même pas pu épuiser dans cette première intervention… Un passage de quelques secondes à l’eau bouillante, et je pouvais fendre la peau des graines puis les presser afin d’en faire jaillir les petits rognons verts qui chutaient dans un bac.
Ce bac, empli de fèves dénudées, je l’ai versé dans une casserole avec le tiers d’un paquet de beurre demi-sel et un verre d’eau. Six minutes de cuisson sous un couvercle posé à feu moyen, puis j’ai découvert pour laisser évaporer presque tout le liquide qui restait. Un bon coup de girafe, et j’ai obtenu une purée soyeuse à la tendre couleur.

Mais avec quoi servir cette purée ?
Je me suis souvenu que dans mon placard j’avais repéré une boîte de haggis que j’aurais bien aimé entamer, mais que j’avais délaissé avec regret, la saison des racines pour les neeps and tatties traditionnels étant terminée. Mais je ne suis plus à une hérésie près ! Mon instinct me disait qu’une purée de fèves pourrait très bien faire l’affaire.
J’ai déshabillé la boîte de haggis de son élégant cartonnage hexagonal.



Elle est apparue toujours aussi classieuse revêtue simplement de sa sobre étiquette.

haggis,
Ah la belle boîte !


Seul problème, mon excellent ouvre-boîte suisse semblait avoir la roulette dédaigneuse envers ce conditionnement anglais et j’ai dû faire preuve de toute mon autorité pour le convaincre de ne pas se dérober à sa tâche. Je devrais peut-être prévoir de lui adjoindre un assistant moins élégant mais plus tout-terrain !
Enfin j’ai pu décoiffer : une sorte de vessie emplie de haggis est apparue, flottant dans une eau limpide dont je renverse maladroitement la moitié. J’ai sorti une éponge pour endiguer l’inondation et un couteau pour fendre une peau artificielle superfétatoire et nullement comestible. Le contenu de cette panse du pauvre s’est déversé dans un plat que j’ai mis au micro-ondes pendant 4 minutes, suivant scrupuleusement les instructions.
Dans chaque assiette, une part de haggis à côté de la purée de fèves maintenue à la chaleur d’un bain-marie pendant mes manips haggiesques. J’ai jugé bon d’ajouter une cuillerée de Branston Pickle dans un coin et d’arroser le haggis de quelques gouttes de whisky Té Bheag. Une feuille de menthe ne pouvait pas dénaturer l’aspect british du plat, bien au contraire…

haggis, fèves
Haggis with beans


Eh bien, si la purée nous a semblé délectable, et s’alliait bien avec le haggis, en revanche ce dernier était décevant, plutôt fade, bien loin de ceux frais dont je me suis plusieurs fois régalé, comme celui-ci accompagné d'une écrasée navet-carotte et d'une purée de pomme de terre style Robuchon avant régime, plat qui m’a consolé jadis de la tristesse d’un de mes anniversaires.

haggis, panse de brebis farcie
Dans la tradition


Moins savoureux même que certaines boîtes comme celles de chez Grant’s…



Une petite recherche semble m’avoir fourni un début d’explication. Ce Great British Haggis n’est pas le Traditional Scotch Haggis. Et à son sujet je peux lire :

The latest addition to the Stahly haggis family is the Great British Haggis. Made, of course, with the finest traditional ingredients, this modern take on the original Scotch Haggis is dressed to appeal to a wider audience. In a smart new coat of red, white and blue with a subtle hint of tartan to retain its proud Scottish heritage, the new Great British Haggis is a very modern version of a very traditional product.

Ah, ces revisites mercantiles afin de capter le plus grand nombre… Je ne force personne à aimer le haggis. Mais si on n’aime pas ça, on n’en mange pas. Point barre. Et l’on ne vient pas donner prétexte à saboter le produit !

Robert Burns, le chantre du haggis, doit se retourner dans sa tombe.

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