mardi 31 octobre 2017

La raison du plus fort (des halles)

« Ah, on s’amuse à boucher le Vieux Port ! Eh bien, viles sardines obstructices, je vous condamne pour ce sit-in maritime à subir la même peine que Laurent : le passage au gril.
- Mais nous n’avons jamais mis les nageoires à Marseille !
- Hum, hum, il me semble vous avoir aperçues dans Plus belle la vie.
- Vous devez confondre, on y  voit plutôt des thons…
- Bof, si ce n’est vous, ce sont donc vos sœurs. »
Et c’est ainsi que l’arbitraire a envoyé se faire dorer de malheureuses bretonnes sur un piteux gril électrique bas de gamme. Elles n’ont pas même eu l’honneur de braises rougeoyantes, que ce soit sur le barbecue ou dans la cheminée.
Mais le Breton et la Bretonne sont têtus et taiseux. Ces sardines sont restées stoïques, sans maudire et sans mot dire.
"Je suis assez rôti de ce côté, avait dit Saint-Laurent au juge en souriant ; faites-moi rôtir de l’autre."
En ce qui concerne nos armoricaines, c’est le bourreau qui a dû gérer la cuisson…
Il ne leur en tint pas rancune. Il leur fournit le remède (de bonne ferme) contre les brûlures. Car il avait d’autorité dépetitpotdebeurrerisé un bon beurre demi-sel après une discussion stérile :
« Petit pot de beurre, quand te dépetitpotgdebeurreriseras-tu ?
- Je me dépetitpotdebeurreriserai quand tous les petits pots de beurre se dépetitpotdebeurreriseront.
- Or comme tous les petits pots de beurre ne se dépetitpotdebeurreriseront jamais, petit pot de beurre ne se dépetitpotdebeurrerisera jamais. Il ne me reste donc plus qu’à sortir mon dépetitpotdebeurrerisateur en inox et l’on verra bien qui aura le dernier mot ! ».
Ce martyre des sardines fut immortalisé par une œuvre du Titien (à Saint- Mamer, où elle est exposée).


sardines grillées, beurre
Le martyre des sardines (nature très morte)


Et c’est ainsi qu’une fois de plus les brebis égarées pourront méditer cette vérité sortie de La Fontaine :

Eh oui, la vérité fait peur...


La raison du plus fort est toujours la meilleure !


Et comme je suis le plus fort, j’ai -avant de manger l’œuvre passée en 3D- tranché en deux puis escalopé des champignons dits de Paris, mais nés en Charente-Maritime (300 grammes) auxquels je n'ai pas demandé leur avis Ils finiront en salade.
J’ai préparé une sauce avec une quinzaine de centilitres de crème fraîche, le jus de deux citrons jaunes, le jus d’un citron vert et son zeste, un trait de balsamique blanc, une cuillerée d’estragon ciselé , une bonne pincée de sel et un tour de moulin de poivre.


champignons de Paris, salade
Blanc sur blanc


Un repas terre-mer bien tranquille, pas désagréable, même si les grosses sardines bretonnes n’offraient pas la saveur des petites sablaises introuvables en ce moment. En revanche, comme toujours, l’alliance champignon/estragon a fonctionné à merveille, avec de surcroit le joyeux titillement des papilles produit par le citron..

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