Qui pourrait croire à la domination des boudins blancs, fussent-ils
hétérosexuels, à part pendant la période où les boudins noirs de nos campagnes et
de nos îles lointaines sont victimes de la magie de Noël qui les oblige à se tapir
dans les arrière-boutiques ?
Les quatre boudins blancs que je viens de déballer font les farauds avec leur truffe du Périgord, mais ils savent bien que le temps de la poule de luxe à se farcir est désormais révolu pour eux.
blanc de volaille, lait, œuf entier et 3 % de truffes
fraîches françaises |
Aussi vais-je m’efforcer de les traiter avec le respect inspiré par une compassion envers leur sort malheureux encore plus que par leur prétendue arrogante supériorité.
Je commence par leur préparer une couche douillette.
Je découpe la moitié d’un chou rouge de taille moyenne en lanières de 3 à 4 mm. Je partage en quatre un oignon long du jardin que je mets à suer parsemé d’une pincée de sel dans une cocotte en fonte où fond une cuillerée de bon saindoux hongrois.
Trois minutes plus tard j’ajoute le chou rouge que je brasse dans la graisse avant de verser le fond de bouteille de margaux S de Siran rescapé d’agapes précédentes – un verre environ préservé par le vide – et je complète d’un verre d’eau. Suivent une feuille de laurier, cinq baies de la Jamaïque, une pincée de quatre-épices. Pas plus. Je ne veux pas gâcher le parfum de truffe qui m’est agréablement sauté aux narines au moment du déballage des boudins par une présence trop marquée d’épices. Quant au sel, je rectifierai en fin de cuisson. Je laisse ma cocotte couverte mijoter à feu doux une quarantaine de minutes seulement : pour une fois je souhaite conserver un peu de croquant à mon chou rouge, pas question d'en rajouter dans la mollesse, les boudins suffisant bien dans ce domaine.
Plutôt que les pruneaux traditionnels, je vais incorporer à,
ma préparation de chou rouge des champignons faisant écho à la truffe de la
spécialité charcutière. Ce seront des chanterelles que je fais tomber au fond d’une
poêle au sein d’une nouvelle cuillerée de saindoux. Je les réserve une fois cuites
pour les mélanger au dernier moment avec mes lanières de chou.
Plus conventionnel, une pomme, mais qui ne cuira pas dans la
cocotte. Il s’agit d’une variété vendue au marché comme pomme à compote, mais d'une meilleure saveur que beaucoup de pommes à couteau de plus aimable
apparence. De petite taille, ses irrégularités et ses taches superficielles
cachent une chair ferme et parfumée avec la légère acidité qui émoustille les
papilles. Pour tout dire, je m’en régale en tant que dessert frugal. Aujourd'hui, une
fois épluchée et débarrassée de son cœur pépineux, je la partage en deux hémisphères
que je barbouille de jus de citron pour éviter l’oxydation jusqu’à ce que je la
mettrai à cuire à côté des boudins.
L’heure est venue de passer précisément à cette cuisson. C’est
au fond d’une poêle où s’est liquéfiée une noisette de saindoux que j’étends mes
quatre boudins que je colore légèrement à feu doux. Ma pomme subit le même
sort. Puis j’enfourne à 150 °C pour une douzaine de minutes.
J’incorpore les chanterelles à ma préparation de chou rouge,
vivifie d’un léger trait de balsamique blanc. Je sors mes boudins et ma pomme du
four. Tout est là pour dresser mes deux assiettes. Je termine par un tour de
moulin de poivre noir de Sarawak.
La fête se finit |
Et j’ai bien fait de ne pas traiter mes boudins façon WOKE…
Même ma cocotte approuve...
Bonjour, recette bien sympathique dont je me suis inspiré ce jour. Toutefois, la cuisson du choux/pomme s"est faite avec du cidre et j'y ai ajouté, au dressage, une note exotique avec quelques dés d'ananas frais...A essayer et merci pour l'idée.
RépondreSupprimerEt moi, merci pour l'idée de l'ananas. Je pense même qu'avec sa pointe d'acidité et son apport de sucrosité il pourrait carrément remplacer la pomme dans la cuisson d'un chou rouge à la flamande
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