Pas beaux, les bougres, plutôt difformes et décatis, la tronche grêlée comme un Mirabeau ou un Danton.
J'suis pas beau |
Bref un aspect tel que des écolos se les seraient arrachés à prix d’or si je les avais mis sur un étal bio…
En attendant, c’était à moi de leur trouver un emploi. Pourquoi ne pas réaliser un gratin de choux-raves ? Mais avec quelle viande ? Le canard m’a semblé bien approprié. Mais pas le sempiternel magret. Oui, ce seront des aiguillettes simplement saisies, sur le gril ou dans une poêle ? À voir…
C’est ainsi que le surlendemain je regarde d’un œil perplexe les aiguillettes de canard et les choux-raves posés sur mon plan de travail. Le temps est orageux, il fait lourd et chaud (non, ce n’est pas la peine de chercher la contrepèterie, il n’y en a pas), aussi allumer le four pour y cuire un gratin.ne m’emballe guère.
Alors je change mon fusil d’épaule.
En premier lieu, j’enduis les aiguillettes d’une marinade sèche de cinq épices, dont la dominante anisée devrait bien fonctionner avec le chou.
Puis je m’empare de la mandoline et découpe des tranches de 2 mm environ dans mes boules dégagées sans indulgence au sein de mes raves contrefaites.
Je les blanchis une dizaine de minutes dans de l’eau bouillante salée sans parcimonie.
Pendant ce temps j’écrase au mortier trois baies de piment de la Jamaïque, une cuillerée de poivre blanc de Penja et une pincée de baies de Sansho sur un lit de gros sel.
Je retire le chou-rave de la casserole avec une araignée après avoir vérifié que les tranches étaient désormais al dente, et réserve.
Au fond d’une poêle antiadhésive je saisis mes aiguillettes à feu vif sur juste une larme d’huile d’olive. Au bout de quelques secondes, je les réserve sur une plaque en inox. Je les remplace dans la poêle par les tranches de chou-rave que je recouvre d’eau à effleurement en complétant par une pincée de sel et une pincée de sucre. Quand elle s’est complètement évaporée, ce sont 15 cl de crème fraîche additionnée du contenu du mortier que je déverse sur les tranches quasi confites. Je fais réduire à feu moyen, y déposant les aiguillettes qui y finissent leur cuisson. C’est l’affaire de deux minutes après lesquelles je puis amener la poêle sur la table après y avoir fait tomber quelques découpes d’ail noir de Corée.
Choux à la crème |
Ouf, le quarteron a été mis au pas !
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