lundi 17 septembre 2018

Un Virgile derrière ma porte

Ce midi, mon repas était frugal : un bout de fromage sur une tranche de pain, quelques-unes de nos tomates et surtout des figues délicieuses. Cueillies par ma fille sur un arbre de son jardin mais ne payant pas de mine, elles se sont révélées à la dégustation gavées de sucre et chargées de parfums.

figues, tomate, fromages
Bucolique


En photographiant mon humble pitance, songeant à l’auteur des Géorgiques, je me suis exclamé : voici un repas virgilien !
Sauf que…

Je me suis emparé de la traduction par Maurice Rat des Bucoliques et des Géorgiques éditée par les Classiques Garnier, ouvrage que j’ai un certain temps ouvert avec les remords d'un pompeur quand j’avais à rendre le lendemain une version d’un extrait de ces textes de Virgile, jusqu’à ce qu’une visite d’inspection de notre professeur de latin me redonne bonne conscience. En effet l’inspecteur général qui n’était autre que le trop oublié écrivain Jean Guéhenno nous a encouragés, à la faveur de ce petit évènement lycéen qui fut plutôt une séance de discussion (il est vrai que nous n’étions que sept élèves à ce cours...), à traduire les textes latins en comparant au fur à mesure sa prose à celle d’un traducteur confirmé afin de se perfectionner par l’exemple.
Je me suis emparé, disais-je, de mon vieux bouquin chargé de souvenir afin d’y trouver une poignée de figues latines dégustées avec un fromage des chèvres de son troupeau par un pâtre mélancolique bercé du clapotis d’un limpide ruisseau.
Mais chez Virgile, des châtaignes, des raisins, mais point de figues. Que dalle !
J’en suis donc pour mes frais littéraires. Fort heureusement, l’important, c’est la figue.
Un délice de sucritude.
Tu peux remballer ton miel, Virgile !

LIBER QUARTUS
Protinus aerii mellis cœlestia dona
Exsequar : hanc etiam, Mœcenas, adspice partem.
Admiranda tibi levium spectacula rerum,
Magnanimosque duces, totiusque ordine gentis
Mores et studia et populos et prœlia dicam.
In tenui labor ; at tenuis non gloria, si quem
Numina læva sinunt auditque vocatus Apollo.

LIVRE QUATRIÈME
Les abeilles.
Poursuivant mon œuvre, je vais chanter le miel aérien, présent céleste : tourne encore tes regards, Mécène, de ce côté. Je t'offrirai en de petits objets un spectacle admirable : je te dirai les chefs magnanimes, et tour à tour les mœurs de la nation entière, ses passions, ses peuples, ses combats. Mince est le sujet, mais non mince la gloire, si des divinités jalouses laissent le poète chanter et si Apollon exauce ses vœux.

Mes figues me suffisent !

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